Journal C'est à Dire 176 - Avril 2012

É C O N O M I E

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Environnement Le marché de la grenouille sous surveillance

Chaque année pendant la saison de pêche des grenouilles, les étangs sont surveillés par leurs propriétaires pour éviter le braconnage.

peut avoir une amende par gre- nouille. Cela coûte très cher” rap- pelle la Fédération de Pêche du Doubs. En effet, la pêche illéga- le est punie de 750 euros d’amende. La revente et l’achat de grenouilles récoltées illéga- lement dans le milieu naturel exposent le contrevenant à une amende de 7 500 euros. Pour beaucoup, le braconnage est une pratique presque tradi- tionnelle dans le Haut-Doubs. “Moi je suis natif d’ici. Je me souviens que dans le temps tout le monde allait aux grenouilles. Cela faisait partie de notre cul- ture. On ne faisait pas mal. C’était juste pour le plaisir de les manger en famille” estime Maurice, un septuagénaire à qui il arrive encore d’aller pêcher quelques grenouilles avouant passer entre les mailles du filet d’une réglementation qu’il juge “trop sévère.” Pour beaucoup de restaurateurs, le trafic est un faux problème, marginal de surcroît. D’autant qu’eux aussi s’exposent à des poursuites s’ils font commerce de grenouilles achetées sur un marché parallèle. “Il y a fran- chement tellement à perdre et peu à gagner” souligne un res- taurateur du Haut-Doubs selon lequel le nœud du problème est celui de la grenouille d’importation. “Nous, nous cui- sinons de la grenouille rousse. C’est un produit local d’exception. Le dysfonctionnement vient du

C haque année, à la sai- son des grenouilles, l’Amicale de l’étang des Belles Seignes veille sur son plan d’eau à Noël-Cer- neux. “À partir du moment où l’on positionne les nasses, on monte la garde 24 heures sur 24” indique Marcel Guinchard, trésorier de l’association qui compte une vingtaine d’adhérents. Par deux, pendant une semaine, ils surveillent l’étang, l’entretiennent, de jour comme de nuit. “On procède ain- si depuis onze ans. On pêche pour notre consommation per- sonnelle. Nous nous sommes d’ailleurs fixé un quota de 10 000 grenouilles même si cette année nous aurions pu en faire 40 000 voire 50 000.” Surtout, leur présence quoti- dienne décourage les bracon- niers qui seraient tentés de venir prélever des batraciens dans ce milieu, y compris dans les étangs voisins, privés. “Dès que nous avons terminé, on retire tout notre matériel. Sans ces tours de garde, il est certain que nous serions braconnés” remarque Marcel Guinchard. Chaque année à la saison des grenouilles, des affaires de bra- connage viennent alimenter

l’actualité comme début avril dans les Vosges où les agents de l’Office de la Chasse et de la Faune Sauvage ont démante- lé un trafic. “C’est tellement lucratif que le trafic est inévi- table” déplore Jean-Sébastien Brocard, garde fédéral de la Fédération Départementale de Pêche et de Protection des Milieux Aquatiques du Doubs. Selon cet organisme, les gre- nouilles pêchées localement se négocieraient aux alentours de 50 centimes d’euro pièce. La petite bête se vend plus cher si elle est préparée. Cette année, le froid et la mauvaise météo qui ont stoppé la reproduction des grenouilles auraient eu ten- dance à faire monter les prix sur le marché parallèle. C’est le principe de l’offre et de la demande. Le risque de se fai- re prendre ne décourage pas les braconniers. “Attraper des gre- nouilles en eau libre est un acte de pêche. C’est parfaitement réglementé” précise Jean-Sébas- tien Brocard. Il faut au mini- mum une carte de pêche, et attendre les périodes d’ouverture pour prélever les grenouilles, avec une canne, et en journée évidemment. “Si on se fait prendre avec 200 grenouilles, on

Les grenouilles locales ont été plus rares cette année,

leur qualité est bien supérieure à celles d’importation.

fait que des restaurateurs ven- dent sous l’étiquette grenouille fraîche des grenouilles vertes d’importation qui viennent de Turquie au prix des grenouilles rousses. La législation l’autorise.” Pour se repérer, si le consom- mateur voit qu’un restaurant propose des grenouilles au mois de janvier, il peut être assuré qu’il s’agit de batraciens impor- tés. Cette année, la saison s’est étendue du 10 mars au 15 avril environ dans le Haut-Doubs.

Frambouhans

Une doline et des eaux usées ? La Commission de Protection des eaux a repéré une doline à Frambouhans où se déverseraient des eaux usées. Peu probable selon la mairie qui inves- tit depuis 2007 dans la modernisation de son réseau d’assainissement.

P our la Commission de Protection des Eaux qui est venue sur les lieux, il ne fait aucun doute qu’il n’y a pas que des eaux de pluie qui se déversent dans la doline située en retrait de la rue des Lou- vières qui dessert la zone d’activité de Frambouhans. Le gros tuyau qui débouche dans le gouffre char- rie des eaux usées selon l’association. Les rejets saumâtres et mousseux qui s’échappent de la canalisation,ainsi que les restes de ce qui semble être du papier toilette, auxquels s’ajoute une odeur d’égout la confortent dans cette idée. “Vu la couleur de l’eau, il y a sans doute un problème sur le réseau d’assainissement. Il se situe peut-être au niveau du poste de relevage qui renvoie les eaux usées vers la station d’épuration des Fontenelles où elles sont traitées, laquelle sta- tion fonctionne d’ailleurs très bien” remarque un membre de la C.P.E. en montrant du doigt l’espèce de marigot qui repose au fond de la cavité. “Nous avons planté un bâton pour tenter d’en mesurer l’épaisseur. Il y a plus de 1,50 mètre de boue et nous ne sommes pas au fond.” Pour obte- nir des réponses à ses interro- gations, la Commission de Pro-

Le fond de la doline est baigné par un marigot nauséabond.

de pollution du Dessoubre. Elle a notamment passé en revue les systèmes d’assainissement des communes situées sur le bassin- versant du cours d’eau, ce qui est le cas de Frambouhans. Elle a relevé un certain nombre d’anomalies comme à Chame- sey où la station d’épuration est hors service (N.D.L.R. : la muni- cipalité travaille sur un nouveau projet). Frambouhans n’est pas dans cette situation. Cela fait plusieurs années maintenant que la municipalité investit dans l’aménagement d’un réseau sépa-

FranckVillemain. Il précise enco- re que la municipalité est sen- sible au sujet et qu’elle mène une politique incitative à l’égard de ses administrés. “Nous avons signé une convention avec H.D.L. qui permet aux particuliers d’obtenir une subvention de 30 % (avec un plafond fixé à 4 000 euros) pour financer leurs travaux de raccordement au réseau d’assainissement. Pour ceux qui ne bénéficient pas de cette aide, c’est la commune qui prend en charge le contrôle du raccordement pour vérifier que tout est aux normes.” Alors, au regard des investisse- ments déjà réalisés sur le villa- ge, il est peu probable selon Franck Villemain qu’autre cho- se que des eaux pluviales se rejet- tent dans la doline. “Notre ancien réseau est utilisé pour collecter les eaux de pluie qui sont diri- gées vers ce puits perdu naturel.” Une autre doline toute proche sert ainsi de collecteur des eaux de ruissellement à Frambou- hans.

tection des Eaux s’apprête à faire part de ses remarques à la pré- fecture et à la D.R.E.A.L. (direction régionale de l’environnement, de

ratif pour collecter sépa- rément les eaux de pluie qui sont rejetées dans la nature, et les eaux usées qui sont traitées à la sta- tion d’épuration des Fon-

“Un puits perdu naturel.”

l’aménagement et du logement) par courrier afin que soient pous- sées plus loin les investigations. Cela fait partie des procédures habituelles appliquées par cet- te association de défense de l’environnement qui, dans le cadre d’un travail sur les rivières, a entrepris d’identifier les causes

tenelles, conçue pour 1 450 équi- valents-habitants. “Nous avons investi 400 000 euros en 2007, 190 000 euros en 2011. Il nous reste deux tranches de travaux dont une programmée en 2014 et la dernière en 2017 pour que tout notre réseau soit entièrement aux normes” explique le maire

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