Journal C'est à Dire 176 - Avril 2012

38

P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

Orchamps-Vennes Le chemin de Croix fait couler de l’encre Un livre écrit par Claude Louis-Combey retrace l’histoire scanda- leuse du chemin de croix, interdit par le Saint-Office en 1955. L’œuvre de Gabriel Saury fait aujourd’hui partie du patrimoine.

L e scandale qui divisa Orchamps-Vennes, ter- re de dévots, s’est aujourd’hui essoufflé. Mais les anciens en ont enco-

re un souvenir impérissable. Commandé en 1947 par l’abbé Guillaume à l’artiste Gabriel Saury, le chemin de croix est achevé en 1950 pour être appo-

sé dans l’église. Il va connaître un sort singulier. Dénoncé auprès du Vatican comme une œuvre indésirable, sinon scan- daleuse, il fit l’objet d’une inter-

diction par le Saint-Office (1955) et fut relégué dans une salle du presbytère jusqu’en 1970. Réinstallé dans l’église parois- siale, il attire chaque année de nombreux visiteurs auxquels il impose la présence de ses per- sonnages tragiques, solitaires et torturés. Claude Louis-Com- bey et avec l’aide de Jeanne- Marie Taillard pour les photos

Claude Louis-Combey à Cerneux-Monnot devant le Christ apaisé et la tombe de l’abbé Guillaume.

tion” relate Jeanne-Marie Taillard, originaire de Goumois. L’œuvre de Saury se situe dans le courant du renouveau de l’art sacré qui fleurit entre les deux guerres et dans les années qui suivirent la seconde Guerre Mon- diale – période de grande détres-

philosophe Claude Louis-Com- bey, originaire de Besançon. Si Orchamps-Vennes a connu “son heure de gloire”, l’église - ou plutôt la chapelle - des Cer- neux-Monnot à Bonnétage est elle aussi concernée par l’œuvre de Saury. Sur l’une des parois extérieures, on aperçoit un cru- cifix aux yeux clos surplombant le tombeau de l’abbé Guillaume dans le cimetière (notre photo). “La douleur de la Passion s’est effacée dans ce visage plein, endormi dans son rêve univer- sel” décrit l’auteur. Les plaies sont refermées, les meurtris- sures ont disparu. Une œuvre à part entière… À découvrir sur place ou dans le livre de Clau- de Louis-Combey. E.Ch.

Le chemin de croix d’Orchamps- Vennes qui a fait polémique…

et illustrations ont décidé de faire revivre cette œuvre en édi- tant un livre illustré dont la sortie est pré- vue au début de l’été.

se collective mais aus- si d’une foi religieu- se s’enracinant jusque dans le fond de la dou- leur humaine. “Proche de l’esprit de Rouault

Un Christ pétri d’humanité.”

Il sera édité et publié par l’Atelier du Grand Tétras. “Nous avons décidé de publier cet ouvrage pour que les habitants d’ici et de la région n’oublient pas. Cela fait partie de notre histoire. À l’époque, le chemin de croix de Saury avait divisé la popula-

et de Germaine Richier, Saury offre non seulement au croyant mais à tout homme conscient de la misère existentielle, l’image d’un Christ pétri d’humanité, poussant le mystère de son incar- nation jusqu’au cœur de l’abjection” explique l’auteur et