Journal C'est à Dire 176 - Avril 2012

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Association

Le Clos du Doubs, un territoire

transfrontalier fédérateur

C’ est en 1992 aux Plains et Grands Essarts que le G.H.E.T.E. a été créé à l’initiative de Bernard Nar- bey. Pour la première fois l’an dernier, la présidence a été Fort de plus de 700 adhé- rents répartis en France et en Suisse, le groupement Hommes et Terroir au Clos du Doubs (G.H.E.T.E.) est une association transfron- talière très active qui tra- vaille sur de nombreux sujets en lien avec la région du Doubs franco-suisse.

confiée à un citoyen suisse, Georges Cattin. Le G.H.E.T.E. s’efforce de développer des liens entre les habitants ou les res- sortissants de la boucle du Doubs, de part et d’autre de la frontière, de Biaufond à Saint- Hippolyte. Plusieurs

gie, familles Voisard et Wal- zer, Rouages et moulins, Fermes et familles anabaptistes, Ali- mentation en eau, Distillation et bouilleurs de cru, ainsi que le thème de la frontière. Les résultats de ces recherches

annexion par la France après 1792 de certains territoires aujourd’hui helvétiques, etc. La frontière telle qu’elle apparaît actuellement a été définie lors du Traité de Vienne en 1815, après les défaites napoléo- niennes. Les habitants, qui avaient un rapport très relatif avec la fron- tière avant cette date, ont tou- jours eu d’étroites relations avec leurs voisins : mariages trans- frontaliers et surtout activités agricoles, artisanales, indus- trielles et commerciales (hor- logerie, fromageries…). Après la Seconde Guerre mondiale, il était encore fréquent de se

font l’objet de journées d’étude, d’expositions et de publications, notam- ment par le biais d’un bul- letin bimestriel toujours très attendu.

Georges Cattin est le premier suisse à présider l’association.

Une frontière toute relative.

groupes de travail étu- dient des thèmes variés en rapport avec l’histoire, la géographie et le patri- moine de la région : Natu-

rendre en Suisse pour acheter du café et du chocolat, denrées rares en France. Aujourd’hui, le Doubs est franco-suisse jus-

qu’à Clairbief, où il devient inté- gralement Suisse, pour rede- venir français à Bremon- court…

re et terroir, les Cieutchattes di Doubs (patoisants), Verreries et verriers, Groupement d’Histoire des familles (généalogie), fro- mageries, horlogerie, organolo-

Le Clos du Doubs, c’est avant tout un site géographique très particulier. La rivière y fait une véritable boucle entre Goumois et Sainte-Ursanne (Suisse), pour revenir ensuite sur Saint-Hip- polyte en France. Le territoire emprisonné entre les deux bras de la rivière s’appelle le Clos du Doubs et culmine à Épiquerez à environ 1 000 mètres d’altitude. Géologiquement, c’est une région caractéristique du Jurassique, avec ses falaises cal- caires, ses à-pics sur la rivière, ses eaux souterraines, ses résur- gences… et même quelques citernes en altitude. Peu de sites présentent une telle variété de paysages sur un si petit secteur. Au cours des siècles, ce terri- toire a généré une histoire ori- ginale. Après les baronnies du Moyen-Âge, la frontière a maintes fois changé de côté. Suprématie de l’évêché de Bâle,

Siège social en mairie de Saint-Hippolyte. Le président : Georges Cattin, président du G.H.E.T.E., rue des Collèges 1, 2340 Le Noirmont (Suisse). courriel : ghete@ghete.org

Comment rendre la vallée du Dessoubre plus attractive ? 33 km. La vallée du Dessoubre n’est pas très étendue mais comporte d’indéniables atouts, naturels, patrimoniaux et gastronomiques. Pour- tant, des professionnels du tourisme s’interrogent sur l’avenir, non pas écologique mais économique de ce territoire. Tourisme

C onnu internationale- ment par les plus fins amateurs de pêche à la mouche, le Des- soubre a longtemps été exploi- té pour sa force motrice avec de nombreux moulins aujourd’hui disparus. Reste pour cette bel- le vallée à jouer la carte du tou- risme avec ses nombreux petits coins de nature idéaux pour pique-niquer, ses sentiers de randonnées et bien sûr la pêche. Une activité qui grâce à la for- te implication et une vigilan- ce accrue des associations locales concernées a su être préservée des problèmes de surmortalité piscicole comme c’est le cas ailleurs. Un problème récurrent se pose pourtant : comment capi- taliser tous ces atouts ? Loin de vouloir s’affranchir d’une réflexion commune avec les élus, quelques profession- nels se posent pourtant ouver- tement la question du déve- loppement économique de leur vallée. Certes, la nature y est importante et à préserver. À condition toutefois de ne pas faire de cet élément un frein et transformer les lieux en mau- solée. “Il est clair que le potentiel de

Goumois, c’est un village français et un autre suisse. Un bel exemple des liens qui unissent les deux côtés de la frontière.

la vallée est sous-exploité” note Marie-Paule Brand, présiden- te de l’association entre Des- soubre et Lomont, “mais c’est difficile aussi car seul le villa- ge de Rosureux est au bord de la rivière, il n’y a pas vraiment de lieu géographique auquel se rattacher contrairement à la vallée du Cusancin par exemple.” Un handicap géographique sou- ligné également par Frédéric Machado, restaurateur à la Trui- te du Moulin, à Cour-Saint-Mau- rice, établissement à l’écart du village, en bord de rivière : “C’est vrai que la configuration des lieux, l’encaissement de la val- lée notamment sont un obstacle au développement. Tout comme le morcellement du territoire.” Un vrai saucissonnage admi- nistratif en effet : le Dessoubre ne concerne pas moins de quatre cantons et autant de commu- nautés de communes. Et plu- sieurs associations de pêche gèrent cette activité tout au long du parcours : “Difficile pour un touriste qui veut pêcher de com- prendre ce découpage” consta- te Marie-Paule Brand, par ailleurs propriétaire de gîtes. Les clients lui en font souvent la remarque. Un constat qui va

plus loin : “Il n’y a aucun docu- ment spécifique à la vallée du Dessoubre, aucun support d’information” déplore Marie- Lise Arcis de l’office de touris- me de Saint-Hippolyte. “Il y a un besoin évident de cohésion et de valorisation touristique” poursuit-elle. Avis partagé par Frédéric Machado, Marie-Pau- le Brand mais aussi Alain Michel, président de l’association qui gère le Val de Consolation : “Il n’y a en effet aucune action commune. Nous pouvons pour- tant agir entre acteurs du tou- risme. Pour ma part, je suis prêt à y travailler” affirme-t-il. Une volonté que tous affichent et qui sera sans doute le point de départ d’un projet de com- munication concertée autour de la vallée du Dessoubre. Le restaurant du Pont Neuf en travaux L e restaurant du pont Neuf, au cœur de cette vallée, en est aussi un atout en termes dʼanimation. Jacquy et Carole Jacottet y ont ins- tallé un mini-golf et espèrent développer les possibilités dʼhébergement. Le sinistre quʼa subi leur établissement le week-end de Pâques les oblige pour lʼinstant à une fermeture pour travaux. “Nous ferons tout pour rouvrir fin juin début juillet” explique Jacquy. Ce serait une bonne nouvel- le pour toute la vallée car plus les motifs pour attirer le public sont nombreux, plus la fré- quentation globale est en haus- se !

À Cour-Saint-Maurice, l’ancien moulin du bas a été transformé pour accueillir désormais le restaurant la Truite du moulin.

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