Journal C'est à Dire 176 - Avril 2012

R E T O U R S U R I N F O

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ÉDITORIAL Diabolisation Ceux qui hurlaient au méchant loup il y a encore dix jours contre des électeurs méprisables du seul fait qu’ils aient l’intention de glisser un bulletin Le Pen dans l’urne cares- sent désormais ces animaux autre- fois dangereux dans le sens du poil, et veulent en faire des moutons. Nicolas Sarkozy comme François Hollande se sont trompés. Com- prendront-ils un jour que le vote Le Pen n’est pas systématiquement un vote de rejet, un vote de crise ou un vote anti-système ? Compren- dront-ils enfin que 21,70 % des élec- teurs de Montbenoît, que 25,81 % des électeurs des Alliés, que 35,71% des électeurs de Thiébouhans ne sont pas plus racistes qu’ailleurs ? Dénoncer les faiblesses du pro- gramme prôné par Marine Le Pen aurait dû être le vrai combat de ces candidats aujourd’hui embarrassés. La nouvelle idole de la droite popu- laire parvient en effet avec peine à dissiper les relents souvent nau- séabonds d’un programme qui atteint très vite ses limites. Mais dénoncer la faiblesse de ceux qui y croient à ce programme, c’est leur faire insulte. Il faudra un jour que les grands partis cessent de penser que le vote Le Pen n’est pas un vote d’adhésion. Oui apparemment on peut adhérer à l’idée que l’Europe n’est pas efficace, oui on peut aus- si estimer que la politique d’immigration est mal gérée en Fran- ce, oui on peut aussi juger que l’euro et les marchés financiers n’ont pas eu l’effet escompté sur le porte- monnaie, oui on peut en même temps penser que la juste recon- naissance des rapports de force poli- tique en France voudrait qu’on ins- taure une dose de proportionnelle aux législatives. Pour avoir adhéré à ces idées, ces électeurs sont-ils pour autant des parias infréquen- tables ? Certainement pas. Le meilleur moyen de saborder les thèses du Front National et de mon- trer au grand jour leurs limites, c’est bien de les confronter aux autres programmes. Non de les diaboliser. En votant Le Pen, ces Français ont voulu dire que les programmes des autres n’étaient pas, ou plus cré- dibles à leurs yeux. Ce n’est pas une faute. À vouloir s’acharner dans cet- te vaine tentative de diabolisation d’un parti qui rassemble aujourd’hui 20 % du corps électoral français, c’est le nourrir. Et c’est finalement leurs programmes et leurs discours à eux qui ont été diabolisés par des électeurs silencieux qui n’ont eu que cette unique occasion d’exprimer leur sentiment. Aujourd’hui, ils sont plus que jamais courtisés. Mais pas dupes. Jean-François Hauser

Sangliers portent plainte contre fromagers

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. C’est à dire revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Haut-Doubs. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. J ean-Marie Binétruy, le pré- sident de la communauté de communes du Val de Poubelles : une redevance indigeste

L e lynx tué à La Cluse-et- Mijoux par une voitu- re Dans La Presse Pontis- salienne de mars, nous avions publié la photo d’un lynx qui se baladait au niveau de La Clu- se-et-Mijoux. Sans savoir si c’est le même, un animal de cette espèce a été percuté le vendre- di 4 avril à 18 heures par une voi- ture sur la R.N. 57 à hauteur de La Cluse-et-Mijoux au lieu-dit le Frambourg. Touché, il s’est blot- ti sur le côté de la route. Rapi- dement appelés, les agents de l’O.N.C.F.S. (Office national de la chasse et de la faune sauvage) accompagnés d’un vétérinaire puis rejoints par le centre Athéna sont arrivés sur place pour secourir l’animal âgé d’environ trois ans. En vain. Ce mâle périra quelques minutes après le choc. Ce genre de collisions est assez fréquent. Il y a un an, un lynx avait été tué par une automobile au niveau d’appellation d’origine contrô- lée qui utilisent des sangles d’importation des pays de l’Est. Lasse d’avoir le sentiment de parler à des murs depuis trop longtemps, elle espère par cet- te démarche judiciaire jeter un pavé dans la mare de l’A.O.C. mont d’or qu’elle juge “caduque à partir du moment où les fabri- cants utilisent des sangles d’importation” dit-elle. Actuel- lement, 60 % des sangles d’épicéa qui servent à mainte- nir le fromage à l’intérieur de sa boîte en le parfumant en même temps sont importées. Un non- sens pour Agnès Ambert car cela ne colle pas avec ce que devrait être un produit de terroir dont l’A.O.C. garantit l’origine géo- graphique. “C’est une trompe- rie pour les consommateurs. Ils doivent être informés. Il faut révi- ser l’obtention des A.O.C. sur- tout à l’heure où les gens deman- dent de la traçabilité.” Rappe- lons qu’en 2008, la répression des fraudes avait prélevé des sangles au hasard chez les fabri- A gnès Ambert hausse le ton. Le 23 avril, la prési- dente de l’association “Sangles du Haut-Doubs” a porté plainte contre les fabri- cants de mont d’or

d’Orchamps-Vennes, non loin du passage à faune. Trois ans plus tôt, deux jeunes lynx périssaient non loin du Mont de Fuans. Une large étude de comptage de lynx est menée en collaboration avec la fédération des chasseurs. Soixante-dix appareils photogra- phiques ont été placés de Pon- tarlier à Chapelle-des-Bois. La méthode donnera des indications précises sur une population éva- luée à 25 ou 30 adultes. Les cli- chés sont relevés une fois par semaine en lien avec les résultats enregistrés de l’autre côté de la frontière. Arrivé de Suisse au début des années soixante-dix, le lynx est présent du Mont d’Or jusqu’à la vallée du Dessoubre. Un animal est même régulièrement aperçu depuis un an à Montfaucon, non loin de Besançon. légende : Le lynx a succombé au choc malgré les soins du centre Athénas (Pho- to Gilles Moyne). Les membres de l’association “Sangles du Haut-Doubs” l’espèrent, eux qui ne digèrent pas que pour que quelques cen- times d’euros, les fromagers pré- fèrent les sangles d’importation aux leurs qu’ils lèvent sur les résineux d’ici. Les sangliers locaux disent rencontrer des pro- blèmes économiques liés à la difficulté qu’ils ont à écouler leur production. “Je voudrais rappe- ler ce qu’est le terroir à ceux qui le confondent avec le tiroir-cais- se” déclare Agnès Ambert avant d’ajouter : “À une époque où l’on parle du produire en France, je veux un mont d’or 100 % fran- çais. Si certains fabricants ont vendu leur âme pour deux cen- times d’euros, il ne faut pas qu’ils oublient que les sangliers du Haut-Doubs font partie du patri- moine franc-comtois.” cants de mont d’or pour les ana- lyser. L’examen avait révélé une contamination au cadmium, un métal lourd, à des degrés variables : 0,013 mg/kg pour les sangles les moins contaminées. La dose était 400 fois supérieu- re pour d’autres. L’affaire en était restée là, mais cette question sanitaire pourrait bien ressurgir et faire débat dans le cadre de cette procédure judiciaire.

Morteau, ne sʼattendait sans dou- te pas à une telle de levée de boucliers. Une cinquantaine de chaises prévues et à lʼarrivée, près de 300 contribuables venus assister à la réunion organisée sans tambours ni trompettes à la salle des fêtes de Morteau le 18 avril dernier ! Lʼintention était dʼexpliquer aux habitants la mise en place prochaine de la rede- vance incitative pour le ramas- sage des ordures ménagères. Cʼest à une véritable bronca quʼa dû faire face lʼélu. À tel point que le système prévu est ajourné. La communauté de communes promet de revoir sa copie. “Heu- reusement que les gens ont râlé, sinon les tarifs nouveaux sʼappliquaient et on se faisait tous arnaquer. Le nouveau sys- tème, cʼest 4 à 8 fois moins de service mais le double du prix.

Pour certains contribuables, la facture serait multi- pliée par 8.

À quand la taxe sur les monstres, les déchets papier, sur le verre, sur le soleil ou sur la pluie” sʼinsurge Gilles Bournez, un habi- tant de Montlebon. Le Mortua- cien Pierre Charpier a fait ses comptes. Pour lui, avec le nou- veau système, la facture sera multipliée par… 7 ! “Nous payons actuellement 164 euros par an. Là, nous serions obligés de payer plus de 1 246 euros ! Jʼai pei- ne à croire que lʼon puisse dʼun seul coup et sans consultation préalable de la population, dans une période de crise, appliquer une charge supplémentaire de

cette importance.” Ce ne sont que quelques-unes des innombrables réactions de rejet quʼa provoqué ce sujet devenu hautement polémique dans le Val de Morteau. Jean- Marie Binétruy a promis de reprendre la réflexion au début. Une seule question demeure : comment les élus locaux ont-ils pu décemment valider le scé- nario dʼun cabinet dʼétudes sans se rendre compte des consé- quences quʼun tel dispositif engendrera sur le portefeuille des ménages ? Un tel niveau dʼirresponsabilité interroge.

Encore un lynx tué par une voiture

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Le lynx a succombé au choc malgré les soins du centre Athé- nas (Photo Gilles Moyne).

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