Journal C'est à Dire 176 - Avril 2012
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V A L D E M O R T E A U
Les alevins meurent, les barrages rappelés à l’ordre Les éclusées des barrages du Châtelot piègent les jeunes poissons. Une réunion entre autorités françaises et suisses a conclu à une nouvelle série d’essais obligeant les producteurs d’électricité à réserver un débit minimum à la rivière et mieux communiquer entre eux. Vallée du Doubs
P arfois, les images sont plus fortes que les mots. Lorsque le garde-pêche de la “Franco-Suisse” atrice Malavaux a filmé et pos- té sur internet les conséquences des lâchers d’eau des barrages, il s’attendait à interpeller le monde halieutique. Il a fait mieux que cela : il a créé le “buzz” avec cette vidéo où l’on voit la conséquence du turbi- nage de pointe du barrage du Châtelot suivi d’une période d’étiage (www.youtube.com : la rivière robinet mars 2012). En quelques minutes, l’eau mon- te à vive allure pour se retirer aussi vite. C’était en mars der- nier. Conséquence : des centaines
de jeunes poissons venus trou- ver refuge le long des berges du Doubs sont piégées une fois la rivière de retour dans son lit. Les poissons plus matures sont, eux, habitués. Image à l’appui, on voit les chabots et truitelles frétiller à l’air libre… avant de mourir. Le problème est loin
datant de 1959. Et pourtant, les trois gestion- naires des barrages, le Groupe E pour celui du Châtelot (pro- duction de 100 Gigawatts par an), E.D.F. pour celui du Refrain (60 GW par an), et la société de la Goule (puissance de 7,5 Méga- watts), ont engagé depuis l’année
Si le barrage lâchait ? Scénario catastrophe : le bar- rage du Châtelot cède. Haut de 74 mètres, ce sont 20 mil- lions de m 3 dʼeau qui se déver- sent dans la vallée encaissée. Elle inonderait de fait Goumois. Une sirène prévoit de retentir trois fois pour informer la popu- lation et les touristes installés au camping. En 4 h 20, la vague serait à Saint-Hippolyte. Mont- béliard aurait les pieds dans lʼeau. Ce risque a été pris en compte dans le dossier dʼinformation communal du risque majeur (Dicrim).
ra de l’eau, l’autre sera direc- tement prévenu. Il pourra anti- ciper. De l’écoute, les pêcheurs en demandent. “Nous ouvrirons nos comités de pilotage avec les sociétés de pêche” indique la D.R.E.A.L. qui rappelle que les barrages ont concédé à des avan- cées. “Il y a encore peu, l’éclusée du Refrain était de 800 litres par seconde. Aujourd’hui, elle est de 2000 litres par seconde. Quant au Châtelot (le plus impo- sant), il turbine 2 m 3 et 44 m 3 lorsqu’il produit de l’électricité. Les exploitants ont respecté l’augmentation des débits réser- vés” dit l’instance française qui aimerait revoir le règlement de l’eau datant de 1969. Un nouveau sera mis en place d’ici 2014 et tiendra compte de l’état écologique de la riviè- re. Jusqu’en 2006, le Doubs pas- sait de 44 250 litres par secon- de, en plein turbinage, à 250 litres par seconde. Le Doubs n’était alors qu’un filet d’eau. Aujourd’hui, le Groupe E livre un débit réservé. Mais ce n’est pas assez selon les pêcheurs. Concilier l’économie à l’écologie, vaste sac de nœuds… E.Ch.
En bref…
Europa-Park Ouvert depuis le 31 mars, le parc dʼaventures situé en Alle- magne, proche de la frontiè- re française, a investi 60 mil- lions d'euros et créé 300 postes. Europa-Park emploie 3 400 personnes dont 60 % de Français. Du 31 mars au 4 novembre sont proposés plus de 100 attractions et spectacles, 90 hectares de parc arboré, 13 quartiers euro- péens, plus de 6 heures de spectacle, des hôtels théma- tiques au sein du parc. Un nouveau grand huit est ouvert : le Wodan Timburcoaster. Artis Lʼassociation de peinture Artis organise son exposition annuelle les 11, 12 et 13 mai à la salle de lʼunion à Maîche. Vernissage le vendredi à 19 heures. Horaires : same- di de 14 heures à 19 heures et dimanche de 14 heures à 18. Entrée gratuite, tombola.
d’être nouveau : “J’ai voulu interpeller car une fois encore, les ale- vins meurent même si on nous avait promis
dernière des procédés pour tenter de limiter les conséquences néfastes de ces varia- tions intempestives de
Un nouveau règlement d’ici 2014.
des avancées” dit le garde employé par l’association de pêche La Franco-Suisse. Rien à voir avec la pollution. Le pro- blème des éclusées du Châtelot est aussi vieux que sa création
niveau d’eau. Le Châtelot détient les clés du problème en étant en amont des deux autres. Lundi 16 avril dernier se tenait une réunion entre l’office fédé- ral de l’énergie et de l’environnement (Suisse), la D.R.E.A.L. (Direction régiona- le de l’économie, de l’aménagement et du logement) et les exploitants à Neuchâ- tel. “Nous avons émis une nou- velle piste pour parfaire l’arrivée d’eau dans la retenue de Biau- fond (1,2 million de m 3 ), com- mente Patrick Séac’h, directeur adjoint de la D.R.E.A.L. présent à cette réunion. Des tests ont déjà été engagés depuis l’année dernière en demandant des débits réservés. Nous travaillons pour que les exploitants utili- sent un système d’application automatique des lâchers d’eau.” En clair, lorsqu’un barrage lâche-
Le barrage du Refrain exploité par E.D.F. respecte les débits réservés. La préfecture demande davantage de concertation avec le Châtelot au niveau des éclusées (photo P. Lortscher).
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