Journal C'est à Dire 171 - Novembre 2011

L E P O R T R A I T

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30 ans du chœur l’an prochain

Robert Vernet, une partition

vouée aux enfants du monde

son prochain. Aujourd’hui, il n’est plus le chef de chœur des Enfants de l’Espoir. Mais il demeure le patron de la maison sise rue de Chalezeule, au risque de muse- ler les autres bénévoles. Le soin de diri- ger les sonorités est laissé au jeune Alle- mand Tobias Sébastien Dreher, qui a quitté la maîtrise de Metz pour atter- rir à Besançon, séduit par ce projet soli- daire. Omniprésent, Robert Vernet dit vou- loir “céder la main” en quittant la pré- sidence. C’est sans doute le moment. Mais l’homme n’y parvient pas “parce qu’il porte la paternité et la maternité de l’association.” “Il l’a “dans les tripes” dit un de ses collaborateurs. Ce retrai- té des P.T.T. a passé près de 100 000 heures de bénévolat à construi- re une cathédrale, image qu’il emploie pour montrer qu’un enfant se construit comme cet édifice. Il ne regrette rien. “Un enfant est comme une cathédrale : c’est le fruit d’une somme infinie de tra- vailleurs qui contribuent à le faire gran- dir” lâche ce fidèle de la paroisse Saint- Martin des Chaprais. La grande famille des “Enfants de L’espoir” se retrouvera en novembre 2012 pour fêter son trentenaire. L’occasion pour le père fondateur de remercier toutes celles et ceux qui l’ont aidé. Sa femme notamment, qui l’a toujours sou- tenu, son conseil d’administration, ceux qui ont accueilli sa troupe, les collec- tivités, les responsables des cultes, catho- lique, protestant, baptiste, orthodoxe, anglican, musulman, juif, bouddhiste… Ces trente années, c’est comme une “très belle partition musicale” écrit

Originaire de Villers-le-Lac, il a fondé le chœur “Les enfants de l’Espoir” et permis à des dizaines de jeunes de chanter au siège de l’O.N.U., au Vatican, en Thaïlande, en Europe, en Amérique. Ceci dans le but d’aider d’autres enfants. Un livre lui est dédié.

C’ est un guide. En 30 ans, près de 600 jeunes chanteurs âgés de 7 à 18 ans l’ont sui- vi au fond d’une mine de cuivre à 1 200 mètres sous terre, dans un Boeing à 11 000 mètres d’altitude, dans les catacombes de Rome, au-des- sus de l’Empire State Building à New- York, au cimetière d’Arlington sur la tombe du président Kennedy ou enco- re au siège de l’O.N.U. Robert Vernet, la voix rocailleuse, est attachant, impétueux, enthousiaste. Brancher ce retraité des P.T.T. sur son association “Les enfants de l’Espoir”

il s’est refusé à l’appeler “Petits chan- teurs” - s’est produite devant des mil- liers d’anonymes depuis 30 ans, et quelques “huiles”, à l’image du Pape Jean-Paul II, Manu Di Bango ou Yves Duteil au Zénith à Paris…Elle est com- posée aux deux-tiers de filles, un tiers de garçon. La production du film “Les choristes” a même téléphoné à trois reprises au président pour que sa trou- pe figure. Robert a décliné, au motif “qu’il n’avait pas de soliste (rôle de Jean- Baptiste Maunier).” Voilà pour le côté “people”. Mais le vrai rôle des Enfants de l’Espoir

créée en 1982 à Besançon, c’est comme ouvrir la boite de Pandore. Pas simple de condenser tant de richesse. Surtout pour cet homme natif de Villers-le-Lac au cursus atypique, qui, sans formation

est d’aider d’autres enfants du monde. Ainsi, l’argent collecté lors des représentations ou ven- te de C.D. a permis de financer la scolarisation ou l’habillement de jeunes Thaïlandais par exemple. En Haïti, ce sont

“Ils ont échappé au trafic ou à la prostitution.”

Robert Vernet, fondateur du chœur, se dévoile dans un livre.

Robert Vernet dans sa biographie. Elle est composée de mouvements aux rythmes et temps variés, avec des acci- dents et des changements, ponctuée de respirations, de point d’orgue, d’accélérations, de dissonances et

d’accords parfaits, mettant tantôt en relief la gravité, la tragédie, tantôt la légèreté, le lyrisme. Sacré partition pour ce chef au grand cœur.

de musicien, est parvenu à faire de sa chorale une référence musicale. Son Haut-Doubs, il l’a encore dans la peau, et écrit dans son livre comment il s’est lancé dans la construction de sa mai- son, sur les hauteurs de Villers-le-Lac. Il a parfois “choqué” les professionnels du chant par des méthodes ou par des termes peu conventionnels. Robert s’en moque. Lui ne veut qu’une chose : “L’épanouissement de l’enfant.” Le voilà arrivé au firmament. Sa chorale - dont

quatre classes qui ont pu être recons- truites. Idem en Côte d’Ivoire. “Je sou- mets des projets et les enfants votent” explique Robert Vernet. Pour vérifier si l’argent est bien utilisé, il se rend sur place. Ainsi, près de 1 000 enfants ont été accompagnés matériellement et 26 projets ont été soutenus. “Sans cette aide, ils seraient la proie des trafiquants d’enfants (pour la prostitution ou les ateliers clandestins)” dit-il, heureux d’avoir pu exaucer son vœu, celui d’aider

E.Ch.

Lire : “Point d’Orgue” de Robert Vernet, propos recueillis par Élisabeth Bertho. Il abandonne ses droits d’auteur au bénéfice de l’association et de son action de solidarité. Un C.D. est vendu avec le livre. Prix : 29 euros. Paru aux éditions de l’Atelier de la Mémoire. Disponible en librairie. Renseignements : www.enfants-espoir.net

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