Journal C'est à Dire 171 - Novembre 2011

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P L A T E A U D E M A Î C H E

Agriculture

Le campagnol attaque, la bromadiolone en réponse

Près de 25 000 hectares de champs sont touchés par l’invasion des campa- gnols. La bromadiolone est le dernier rempart pour les agriculteurs de Belle- herbe à Maîche. De quoi faire grincer des dents les protecteurs de l’environnement.

O n la croyait bannie. Finalement, l’utilisation de la bromadiolone qui devait être interdite après 2012 est reconduite pour 10 ans par Bruxelles. Les campa- gnols, voraces qu’ils sont, n’ont qu’à bien se tenir. L’animal qui pullule actuellement sur le pre- mier plateau du Doubs (Belle- herbe -Maîche - Pierrefontaine-les- Varans - exploitation, la perte peut s’élever jusqu’à 30 000 euros par an” indique Fabrice Cuenot, prési- dent de la F.R.E.D.ON. (1). La fédération propose des solutions alternatives aux agriculteurs afin qu’ils limitent au maximum l’utilisation de cet anti-coagu- lant qui a défrayé la chronique dans les années 2000. Malgré les prises de conscience chez les professionnels, les asso- ciations écologistes comme la commission de protection des eaux (C.P.E.P.E.S.C.), grincent des dents. Elles sont inquiètes pour les animaux situés en bout de chaîne alimentaire : “En vingt ans d’utilisation de la broma- Amancey) est la bête noire des exploitants agricoles qui perdent du fourrage. “Pour une

Fabrice Cuenot, soucieux de cou- per court aux rumeurs. Bref, deux mondes s’opposent : les agriculteurs, soucieux d’assurer qu’ils auront du foin pour nourrir leurs bêtes l’année prochaine, et les protecteurs de la faune, inquiets pour la bio- diversité. Selon la F.R.E.D.ON., l’utilisation de ce produit est faite avec par- cimonie : “Aujourd’hui, nous n’utilisons en moyenne que 1,5 à 5,6 kg de bromadiolone à l’hectare contre 20 kg en 1998. Toutes les raies lorsqu’elles sont tracées sont rebouchées” annon- ce Fabrice Cuenot. Lorsqu’une est pâture est infes- tée à plus de 50 %, le traitement est interdit. D’autres solutions sont proposées comme le gaza- ge ou le piégeage. Si les cam- pagnols pullulent si vite, c’est aussi parce que les haies ont dis- paru, remplacées par d’immenses champs toujours plus vastes. Pour le campagnol, le terrain de jeu s’agrandit. L’inquiétude des paysans avec. E.Ch. (1) F.R.E.D.O.N. : fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles de Franche-Comté.

diolone, on s’aperçoit que les résultats sont faibles. Il faut d’autres solutions, explique Christophe Morin. Pourquoi pas des granges fourragères même si le cahier des charges A.O.C. Comté ne permet pas d’utiliser du foin par exemple venu du Haute-Saône ?” interroge-t-il. Faire évoluer un cahier des charges est souvent long.

Pour l’homme, la bro- madiolone ne présen- te pas de risques mor- tels. Il est tout de même conseillé aux chasseurs de ne pas

“La bromadiolone moins utilisée.”

Les zones infestées par le campagnol en rouge. Source : F.R.E.D.O.N.)

consommer le foie des sangliers, organe le premier touché. “D’après les études de veille sani- taire, la cuisson réduit les molé- cules stockées. Les risques pour l’homme sont limités. Nous ne passons plus de consignes à nos chasseurs mais il faut tout de même éviter de consommer les viscères” explique Hervé Cart, président des chasseurs du Doubs. À Fournets-Luisans, une harde de sangliers avait péri en sep- tembre. Le chasseurs s’étaient mobilisés (avec les agriculteurs) pour clôturer les prairies trai- tées. “Et non, la bromadiolone ne s’infiltre pas dans l’eau” lâche

Peugeot tousse, le Haut-Doubs inquiet Maîche Quand la marque au Lion rentre ses griffes, c’est un territoire qui tremble. Le site de Sochaux pourrait perdre un millier de salariés, surtout ceux tra- vaillant dans la recherche et développement. L’ influence de Peugeot Sochaux se ressent jusque sur les contreforts

encore plus pernicieuse est venue assombrir le ciel des sala- riés. Philippe Varin, P.D.G. du groupe automobile, a en effet confirmé la réduction des effec- tifs. Il n’y aura pas de licen- ciement a annoncé le P.D.G. à Nicolas Sar- kozy, mais une réor- ganisation avec des départs en retraite non renouvelés et de la reconversion en interne. Selon la C.G.T., au total, le site de Sochaux - plus grand site industriel de France avec 12 076 salariés et 1 946 intérimaires - pourrait perdre à lui seul un millier de salariés, internes ou externes, tous secteurs confon- dus.

Sur les quelque 4 000 techni- ciens et ingénieurs du site P.S.A. à Sochaux-Belchamp, 400 contrats de prestataires externes, du secteur recherche et développement, ne seront pas

du Plateau. Il existe des entre- prises comme Fabi Automobile à Morteau qui sous-traitent, et des salariés de la “Peuge” demeurant à Maîche faisant vivre le commerce local. Ils sont environ 150. Chaque matin, du lundi au vendredi, ils quittent la “montagne” pour rejoindre par bus l’usine de Sochaux. “C’est à dire” était allé les ren- contrer à la descente du bus en 2010 à Maîche, après que la fir- me au Lion ait réfléchi à l’idée de supprimer certains ramas- sages. Elle a fait marche arriè- re depuis. Le 17 novembre, une annonce

renouvelés. 150 postes de prestataires en informatique seraient également touchés. Les détails des sup- pressions de poste site

“Plutôt la recherche et développement.”

par site devraient être dévoilés mi-décembre lors d’un comité central d’établissement. Pour le Plateau, cette annon- ce est faible au niveau des consé- quences puisque la plupart des salariés sont employés à la pro- duction. Il n’empêche, c’est un coup dur pour le Doubs.

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