Journal C'est à Dire 169 - Septembre 2011

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D O S S I E R

Les Ch’tis bienvenus dans le Haut-Doubs Association Ils ne sont pas rares les gens du Nord à venir s’installer dans le Haut-Doubs pour raison professionnelle le plus souvent. Une fois sur place, ils adhèrent parfois à des associations comme les Rö’Chtis.

“Le Haut-Doubiste cherche à transmettre ses valeurs” Sociologie Sociologue à l’Université de Lausanne et originaire de Valdahon, Laurent Amiotte-Suchet explique que le Haut-Doubs, terre de catholicisme, évolue très vite en raison du brassage de population.

Suisse comme terre bénie de l’emploi a lar- gement dépassé les frontières du Haut- Doubs. Dans le Nord, une région sinis- trée par le chômage, beaucoup de personnes n’hésitent plus à s’exiler pour un travail en Suisse. “Cela fonctionne par le bouche à oreille. C’est un frère qui vient s’installer, puis une sœur, des amis, etc. En plus, beaucoup tombent sous le charme de la Franche-Comté. Le Nord, c’est un plat pays” précise Christophe Bed- delem. De fil en aiguille, “la com- munauté” s’agrandit. Ces gens se décident à partir après avoir scruté les offres d’emplois que les entre- prises helvétiques laissent sur Internet. Mais tous ne passeront pas la frontière. Quelques-uns trouvent un job dans le Haut- Doubs qui leur convient dans les métiers du bâtiment ou de la mécanique, mieux payé que dans leur région d’origine. Selon nos informations, un garage automobile du Haut-Doubs n’a pas hésité à passer des annonces dans la Voix du Nord pour recru- ter un carrossier. La plupart du temps, ces déracinés finis- sent par s’intégrer. Ils achètent une mai- son, construisent et prennent le rythme de la vie locale. “Je n’ai connu que deux couples qui ont eu le blues, et ont finalement déci- dé de rentrer” termine Christophe Bedde- lem. Si les Rö’Chtis comptent 70 membres, son président estime que dans le Val de Morteau, il y a autant de personnes qui sont originaires du Nord-Pas-de-Calais, mais qui ne sont pas adhérentes à l’association.

C réée il y a quatre ans à Morteau, l’associationRö’Chtis compte actuel- lement 70 adhérents. Ils sont ori- ginaires duNord-Pas-de-Calais, des Ardennes, et même pour certains de la région parisienne. Leur point commun : ils ont tous débarqué un jour dans le Haut-Doubs pas seulement par goût des paysages, ou pour les vacances, mais plutôt pour des raisons pro- fessionnelles. “Certains sont là depuis deux

mois, d’autres depuis vingt ans” note Chris- tophe Beddelem, président de l’association.

Elle s’est créée “car nous avions besoin de nous retrouver par rap- port à notre identité. C’est bien aus- si dans ce cadre-là de pouvoir échan- ger sur des questions relatives au travail entre autres” ajoute-t-il.

Deux couples qui ont eu le blues.

L eHaut-Doubs,terrede tra- dition, de valeurs, fut le cadre d’une étude menée par des étudiants des sections de sociologie et d’anthropologie de l’Université de Franche-Comté

d’accueil, précise-t-il. Il est vrai que certaines identités sont en train de se perdre sur ce ter- ritoire comme l’encadrement paroissial, moins présent qu’il ne l’était” dit-il.

Les trois quarts des adhérents de l’association sont frontaliers. L’image de la

et de Lausanne. Durant huit jours, ils ont parti- cipé à un stage ethno- graphique commun visant à étudier la socio- anthropologiedela paren- té. Leur travail : évaluer le degré de transmission des valeurs dans le

Spécialiste de ces ques- tions d’héritage reli- gieux, ce maître-assis- tant à la Faculté de Théologie et de Sciences des Religions à Lausanne poursuit : “L’appartenance à ce territoire demeure for-

“Certaines identités sont en train de se perdre.”

domaine professionnel et patri- monial, en horlogerie notam- ment, et jusqu’au partage des valeurs religieuses. Cet exerci- ce fut mené à Morteau et dans le Saugeais. Pour Laurent Amiotte-Suchet, sociologue, la sociologie du Haut-Doubs évolue mais demeure une terre de valeurs “religieuses”. “L’arrivée de nou- veaux frontaliers est un mou- vement qui ne date pas d’hier, le Haut-Doubs reste une terre

te néanmoins forte. Nombreuses sont les personnes que nous rencontrons désirent trans- mettre leur éducation religieuse à leurs enfants sans toutefois livrer la même que la leur.” La force du territoire est dans son brassage de population “où le Haut-Doubiste veut trans- mettre ses valeurs.” Les résul- tats de l’étude, notamment la transmission des valeurs professionnelles, seront dévoi- lés en juin.

www.rochtis.info Tél. : 06 10 27 15 90

Christophe Beddelem, président de l’association les Rö’Chtis.

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