Journal C'est à Dire 167 - Juin 2011
É C O N O M I E
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L’entrepreneur Pierre Genzi vient de prendre ses fonctions à la tête de la Fédération Fran- çaise du Bâtiment et des T.P. du Doubs. L’année 2011 ne serait pas encore celle de la repri- se dans les métiers du bâtiment. Bâtiment “Le phénomène des prix bas a atteint une limite”
oublier non plus que plus de 50 % des auto-entrepreneurs font zéro de chiffre d’affaires. Càd : Un point positif tout de même : le plan de relance ? P.G. : Le plan de relance, ajou- té au paiement anticipé du fonds de compensation de la T.V.A. par les communes, a été il faut le reconnaître, un vrai ballon d’oxygène pour la profession, qui a permis d’éviter une grande catastrophe. Propos recueillis par J.-F.H. Publics du Doubs est une organisation professionnelle qui poursuit deux missions essentielles. Une collective dʼabord puisque la F.F.B. est la représentante des intérêts de la profession auprès des pouvoirs publics. Elle exer- ce un vrai travail de lobbying auprès des instances diri- geantes. Exemple concret : lʼobtention de la T.V.A. à 5,5 % il y a quelques années. La F.F.B. gère aussi certains orga- nismes comme le C.F.A. du bâtiment à Besançon. Lʼautre mission de la fédération est lʼassistance et le conseil à ses adhérents en matière juridique et administrative notamment. Pierre Genzi remplace le Pon- tissalien Alain Boissière qui avait effectué deux mandats de trois ans à la tête de la F.F.B. du Doubs. Il a été élu pour trois ans. La F.F.B. du Doubs comp- te 220 entreprises adhérentes qui emploient au total 4 000 salariés. Sur le plan national, le bâtiment compte 350 000 entreprises et 1,3 million de salariés. Zoom La F.F.B. en bref L a Fédération Française du Bâtiment et des Travaux
Pierre Genzi succède au Pontissalien Alain Boissière à la tête de la F.F.B. du Doubs.
C’ est àdire : Le bâti- ment etlestravaux publicssont-ils sor- tis de la crise ? Pierre Genzi : Je ne pense pas qu’on ait encore sorti la tête de l’eau. Les trois dernières années n’ont pas été bonnes. La repri- se semble plus marquée dans l’industrie qui est en train de se redonner un outil de travail, un pont de trésorerie mais l’investissement du clos couvert n’est pas encore à l’ordre du jour pour les entreprises industrielles. Si bien que notre secteur d’activité n’a pas encore redémarré. Càd : L’inquiétude demeure ? P.G. : J’annonce que 2011 sera encore difficile, c’est clair. Avec qui se met à contester le prin- cipe de la T.V.A. à 5,5 %, les signes ne sont pas positifs. Nous n’avons pas encore sorti la tête de l’eau malgré une légère amé- lioration du secteur du logement. Ce qui nous inquiète surtout, c’est la situation financière des entreprises. Plusieurs entre- prises du Doubs ont mis la clé sous la porte depuis le début de l’année. Càd : Vous évoquez le loge- ment, qui a été poussé par certains dispositifs comme Scellier : ce secteur d’activité a-t-il vraiment redémarré ? P.G. : Entre le 31 mars 2010 et le 31 mars 2011, 3 450 loge- ments ont été autorisés dans le d’autres facteurs com- me l’évolution des taux d’intérêt, la croissan- ce limitée de la France, des dispositifs fiscaux en baisse et l’O.C.D.E.
un amendement qui interdise les règlements en espèces en cas de transaction avec les ache- teurs de métaux et ces tran- sactions seraient désormais sou- mises à déclarations fiscales. Un exemple récent : mon entrepri- se a réalisé le chantier de gros œuvre du nouveau musée Cour- bet à Ornans. On a été obligés de mettre un gardien jour et nuit et samedi dimanche pour sur- veiller le chantier. Et bien sûr, toutes ces dépenses n’ont pas été répercutées dans nos prix. C’est un vrai sujet de réflexion actuellement au sein de notre fédération. Càd : D’autres sujets de pré- occupation ? P.G. : Le sujet majeur lié à la crise que le bâtiment traverse depuis deux ans, c’est le phé- nomène des prix bas. Avec la conjoncture qui s’est dégradée, les choses empirent et ont atteint une limite. En gros œuvre par exemple, on était habitués à avoir 12 ou 13 mois de carnet de commandes. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La préoc- cupation des chefs d’entreprise est légitimement de préserver l’outil et le personnel. Consé- quence : on arrive à des prix tel- lement aberrants que la situa- tion financière des entreprises se dégrade gravement. Alors qu’en même temps le prix des matériaux ne baisse pas, les prix de l’énergie non plus, les salaires non plus et que les délais de paiement ont baissé du fait de la loi L.M.E. Ce cercle vicieux est très dangereux. Un autre sujet sur lequel nous allons travailler aussi cette année, c’est la sécurité au tra-
vail. Il faut savoir que les acci- dents de la route restent la pre- mière cause d’accidents du tra- vail dans nos métiers. Nous réflé- chissons à des campagnes de sensibilisation et à un pro- gramme de formation à desti- nation de nos salariés. Càd : Qui est responsable de cette chute incontrôlée des prix ? P.G. : Nous, en tant que chefs d’entreprises, sommes respon- sables car au final, c’est bien le chef d’entreprise qui tient son stylo et qui signe les bons de commande. Certains font croi- re à leurs clients qu’on peut fai- re moins cher et tout aussi bien alors que c’est faux. Mais c’est aussi une responsabilité collec- tive et notamment des collec- tivités publiques qui tirent les prix toujours plus bas. Au final, je ne sais pas si c’est une ges- tion intelligente des deniers publics car à ce rythme-là, on risque de conduire des entre- prises à la faillite. On a rencontré le préfet récem- ment à ce sujet-là. Il a adressé à l’ensemble des collectivités publiques et des bailleurs sociaux une circulaire qui enjoint les maîtres d’ouvrage à donner sui- te à l’offre économique la plus avantageuse, qui n’est pas for- cément le prix le plus bas car il est trop souvent aberrant. Cet- te démarche du représentant de l’État va dans le bon sens, mais si elle ne pas tout régler.
Càd : Le bâtiment et les tra- vaux publics recrutent-ils à nouveau ? P.G. : Non. On a perdu en effec- tif salarié permanent 2,6 % cet- te dernière année. Aujourd’hui, c’est l’intérim qui repart à la hausse. Cela préfigure en géné- ral une reprise de l’embauche mais là, on n’est vraiment pas sûr du coup. Dire qu’aujourd’hui le bâtiment recrute de manière forte serait mentir. De plus, les entrées en apprentissage ont du mal à se concrétiser. Nous avons passé des années à redorer le blason des métiers du bâtiment pour attirer des jeunes et main- tenant que les jeunes sont là, ils ont dû mal à trouver un maître d’apprentissage. Les créations d’entreprises sont-elles nom- breuses dans votre secteur d’activité ? P.G. : Il y a toujours des entre- prises qui se créent mais nous avons un gros problème avec le système des auto-entrepreneurs qui est, n’ayons pas peur des mots, une vraie légalisation déguisée du travail au noir. Ce statut est ouvert à tous, y com- pris aux salariés. Un salarié peut très bien faire ses 8 heures de travail et 4 autres heures en tant qu’auto-entrepreneur. En plus, les gens n’ont quasiment aucun recours contre les auto- entrepreneurs qui n’ont pas d’assurances. Il ne faut pas Càd :
Doubs (permis de construire) et 3 628 ont commencé. C’est une augmentation de 27,6 %. Concer- nant les locaux industriels, com- merciaux et de bureaux, 216 000 m 2 ont été autorisés, soit + 12,5 %, et 164 500 ont démarré, soit + 7,2 %. L’activité a certes redémarré mais on sent bien que les investisseurs sont frileux. Malgré des permis de construire autorisés, tous les chantiers n’ont pas démarré. Autre élément : nous sommes dans une année préélectorale. Dans ces périodes-là, les inves- tisseurs sont dans l’attentisme, ils attendent de voir ce qui est susceptible de se passer, à quel- le sauce ils vont être mangés. La F.F.B. prépare un livre blanc quels sont vos autres sujets de préoccupation à la F.F.B. ? P.G. : Un des gros soucis actuels reste les vols sur chantier, un phénomène qui s’aggrave. Avec des prix des matières premières à plusieurs milliers d’euros la tonne, c’est de pire en pire. Et non seulement nos entreprises sont confrontées à des vols de matériaux, mais désormais, on assiste à des vols d’appareillages. On voit des chantiers où on démonte par exemple les salles de bains ! Le vol de matériaux représenterait selon nos calculs, 1 % du chiffre d’affaires des entreprises du bâtiment, c’est énorme. Nos parlementaires commencent à se pencher sur cette question. L’idée est d’obtenir de propositions que l’on transmettra à tous les candidats. Càd : À part les sou- cis de conjoncture,
“Les vols sur chantier s’aggravent.”
Formation : briser la frontière Emploi Une première le 29 juin à Villers-le-Lac : un forum transfrontalier de la for- mation. Objectif : la mise en place d’une plateforme transfrontalière de formation pour que les Français puissent se former en Suisse et vice-versa. L e forumqui réunira à la salle des fêtes deVillers- le-Lac mercredi 29 juin entreprises, organismes de ce territoire et surtout répondre aux besoins du tissu économique régional en péren- nisant les savoir-faire.”
espace de fonctionnement cohé- rent. Et justement, “la forma- tion représente l’un des axes prioritaires qu’elles souhaitent développer” résume Sylvie Pugin, chargée de mission apprentissage au lycée de Mor- teau. Deux organismes de formation
de formation et acteurs du mon- de politique et économique est la première réalisation concrète d’une structure qui avait été vou- lue par les politiques français et
L’idée est vraiment de faciliter les parcours professionnels des personnes en formation de part et d’autre de la frontière. Que par exemple, un apprenti fran- çais puisse trouver un employeur côté suisse pour y faire son apprentissage, et vice- versa. La réflexion est d’ores et déjà engagée pour créer un C.A.P. polissage transfronta- lier. Le forum du 29 juin doit permettre d’affiner les besoins du monde économique, dont les deux composantes française et suisse sont intimement liées malgré la frontière adminis- trative. J.-F.H.
suisses locaux :l’A.U.D., commeAgglomération Urbaine du Doubs qui regroupe les communes françaises deMorteau et Villers-le-Lac et
- le G.R.E.T.A. du Haut-Doubs et le C.I.F.O.M. de La Chaux-de-Fonds - ont donc uni leurs efforts pour créer
Créer un C.A.P. polissage transfrontalier.
suisses du Locle et de La Chaux- de-Fonds. Convaincues de la nécessité d’affirmer le pôle que représente cette agglomération transfrontalière et de renforcer son attractivité et sa qualité de vie, les quatre communes tra- vaillent à la constitution d’un
cette plateforme transfronta- lière de formation profession- nelle dont l’objectif est de “faci- liter les parcours de formation professionnelle transfrontaliers et mutualiser les ressources de formation en jouant sur les complémentarités franco-suisses
Le secteur du bâtiment a perdu l’an dernier 2,6% de sa main-d’œuvre.
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