Journal C'est à Dire 166 - Mai 2011

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V A L D E M O R T E A U

Morteau

“L’hôpital a su prendre les bons virages au bon moment”

Directrice de l’hôpital Paul-Nappez de Morteau, Monique Declerc revient sur les missions premières de cet établissement de soin de proximité.

sionnelle.

Càd : De combien de lits dis- posez-vous ? M.D. : Le pôle sanitaire comp- te 20 lits de médecine pour des hospitalisations de courte durée. Nous disposons également de 18 lits de soins de suite et de rééducation pour accueillir des

C’ est à dire : Vous avez pris la direction de l’hôpital de Morteau en novembre 2010. Où exer- ciez-vous avant de vous ins- taller dans le Haut-Doubs où vous avez succédé à Michel Loichot ? Monique Declerc : J’étais direc- trice ajointe au centre de long séjour de Bellevaux à Besançon qui compte 274 lits. Dans mon parcours professionnel, je suis passée par plusieurs établis- sements, un hôpital local en Côte-d’Or et en maison de retrai- te. Je suis arrivée ici le 15 novembre avec les premiers flocons. Depuis, je vis à Morteau,

une ville que j’apprécie.

patients et en adressent d’autres. La population peut également bénéficier ici de consultations avancées en urologie, gastro- entérologie, ou encore en chi- rurgie digestive, effectuées par

Càd : L’hôpital de Morteau a fait l’objet d’un programme important de rénovation et de restructuration. Peut-on rappeler quelles sont les mis- sions de cet établissement de soin de proximité ? M.D. : L’hôpital de proximité a pour mission d’offrir aux patients la possibilité d’être soi- gnés près de chez eux, par du personnel compétent. Il y a tout d’abord les 24 médecins géné- ralistes de Morteau dont ceux de la maison médicale, de Vil- lers-le-Lac et des bourgs avoi- sinants qui viennent visiter leurs

douze spécialistes de Pontarlier qui se dépla- cent régulièrement à Morteau pour cela. L’année dernière, nous

patients des hôpitaux et des cliniques de Besançon et de Pon- tarlier où ils ont subi une intervention chi-

“Ce n’est pas une halte- garderie.”

avons eu 1 600 consultations. Cette mission de proximité per- met aussi à des personnes malades de tous les âges qui tra- vaillent de venir suivre des soins sur une demi-journée pour des pathologies lourdes, tout en pour- suivant leur activité profes-

rurgicale. Notre établissement est équipé aussi de deux lits de soins palliatifs. Ces quaran- te lits sont financés par la Sécu- rité sociale. Càd : Dans le cadre du plan Alzheimer, on parle beaucoup de l’accueil des patients qui souffre de cette pathologie. De quels outils disposez-vous pour leur prise en charge ? M.D. : On l’oublie souvent, mais l’hôpital de Morteau compte dix places d’accueil de jour. Dans ce service, nous prenons en char- ge, à la journée, de 9 heures à 16 heures, des patients qui pré- sentent les symptômes de la maladie d’Alzheimer ou des troubles apparentés. Ce service a plusieurs objectifs. Il permet aux personnes qu’il accueille de rompre la solitude, d’entretenir leur mémoire, et de préserver leur autonomie. Il peut retarder l’entrée en institution spéciali- sée. Cette structure vient aus- si soulager momentanément les aidants qui ont la charge quo- tidienne de ces malades. Ce n’est pas une “halte-garderie”, mais un lieu de prise en charge de soins coordonnée par Colette Michelin, le fameux macaron du célèbre guide rouge qu’il a su garder sans discontinuer. Depuis ce printemps 1989, l’exigence du restaurateur est décuplée. “C’est une remise en question de tous les jours, et même deux fois par jour” estime le chef qui se refuse néanmoins “à avoir en permanence cette étoile à l’esprit.” Elle peut vite en effet devenir une épée de Damoclès pour celui qui ne sait pas gérer la pression, “qui est constante dans notre profession.” ment avec lui puisque ni sa fille Floriane, bientôt médecin, ni son fils François, assistant de recherche à l’école Polytechnique, ne se destinent à reprendre l’affaire. “Peut-être un petit-fils un jour ?” ose Philippe Feuvrier, à la tête de cette Auberge qu’il qualifie lui-même de “vieille dame dynamique.” À 50 ans, fina- lement, c’est le bel âge de nos jours ! J.-F.H. À 53 ans, Philippe Feu- vrier sait qu’il a encore de belles années à la tête de son auberge. Il sait aussi que l’aventure fami- liale s’arrêtera certaine-

Déforêt. Le service a ouvert en 2009, sa montée en charge se fait progressivement. Nous avons lancé une grande opération de communication auprès de nos partenaires pour le faire connaître. Dans le cadre du plan Alzheimer, nous allons mettre en place une action de forma- tion et de communication à des- tination des aidants. Càd : Dans l'enceinte de l’hôpital de Morteau, il y a aussi un établissement d’hébergement pour per- sonnes âgées dépendantes (E.H.P.A.D.) Comment fonc- tionne ce service ? M.D. : L’hôpital de Morteau a mis en place une filière géria- trique avec L’E.H.P.A.D. et 30 lits de soins de longue durée pour des personnes fragilisées

qui ont besoin d’énormément de soins. L’E.H.P.A.D. compte au total 94 lits. Les résidents reçoi- vent des soins de qualité qui visent à les maintenir en auto- nomie. Cet établissement favo- rise aussi le lien social. Il y a un programme d’animations. Je salue au passage tout le travail des 80 bénévoles qui intervien- nent dans ce service au côté des soignants. Càd : A l’heure où le réseau hospitalier se restructure, Morteau tire son épingle du jeu ? M.D. : L’hôpital de Morteau a su prendre les bons virages au bon moment. Mon prédécesseur, Michel Loichot, a su défendre la vocation sanitaire de l’établissement. Propos recueillis par T.C.

Monique Declerc gère une équipe de 200 salariés à l’hôpital de Morteau, soit 65 équivalents temps plein.

L’Auberge de la Roche a 50 ans Anniversaire D’une modeste auberge de campagne, Philippe Feuvrier a su faire un des relais gas- tronomiques les plus fins du Haut-Doubs. L’étoile Michelin y brille depuis 22 ans.

V olubile,PhilippeFeuvrier manie avec entrain l’art de lamétaphore.Le res- taurateur à la faconde innée et au verbe facile ne semble jamais perdre la flamme. Et cela fait… 37 ans que ça dure, lui qui a repris les rênes de l’auberge fami- liale alorsqu’ilavaitàpeine16ans. C’est un sinistre coup du sort - l’accident de voiture qui a coûté la vie à son père André - quiapropulsélejeunePhilippeaux

commandes de ce qui n’était alors qu’uneaubergedecampagnesimple, mais déjà très fréquentée, du Val deMorteau. Il aura su en faire aux côtésdesamèreSimone,puisdeson épouseSylvie,unedesvaleurs-refuges de la gastronomie locale. “L’Auberge a été créée en mai 1961 par mon père André qui était alors métreur et comp- table chez Ruggeri. Lui était en cuisine tandis que ma mère Simone était en salle. Mon frè-

re et moi avons grandi dans cet univers-là” résume Philippe Feu- vrier qui a appris de ses parents ce sens aigu de la rigueur qui le caractérise toujours. En 1974, le sort accélérera le destin de l’adolescent qui a dû apprendre brutalement à gérer le restaurant. “C’était un bateau

beaucoup trop grand pour le petit capitaine que j’étais. Mais je n’avais pas le choix : il fallait avan- cer.” L’époque était heu- reusement à l’euphorie. Le succès de “Chez Feu- feu” a été porté notam-

“C’est une remise en question tous les jours.”

André et Simone

Feuvrier en 1961, quand tout a commencé.

ment par une industrie locale florissante. “Il y avait 70 entre- prises horlogères à l’époque sur le Val de Morteau, c’étaient autant de clients pour l’Auberge.” Au fil des ans, Philippe Feuvrier s’est assigné un objectif majeur : augmenter la qualité de sa cui- sine. En 1983, il reprend les rênes de l’établissement fami- lial aux côtés de son épouse. Puis la consécration arrive rapide- ment, en 1989, avec l’étoile au

Philippe Feuvrier dans sa cuisine : “Ce sont les clients qui nous font exister. Il faut toujours avoir cela en tête.”

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