Journal C'est à Dire 166 - Mai 2011

32

É C O N O M I E

Fromage Risque de surproduction de morbier Claude Philippe, le président du syndicat du morbier, s’inquiète d’une évolution incontrôlée de la production et des effets sur les prix. Il tire la sonnette d’alarme.

C’ est à dire : Qu’est-ce qui vous inquiète vraiment ? Claude Philippe : La sortie des quotas se précise mais attention à ne pas faire n’importe quoi. On est dans une situation qui sus- cite pas mal d’interrogations avec un risque réel de surproduction

l’année. À cela s’ajoutent des coopératives à comté qui ont déjà utilisé toutes leurs plaques vertes. Elles trouvent donc une alternative dans le morbier pour valoriser leur surplus. On iden- tifiait 1 000 producteurs de lait à morbier en 2007. Aujourd’hui, on est au-dessus de 2 000 et une trentaine de nouveaux producteurs nous rejoi- gnent chaque mois. On avait jusqu’à présent un seul producteur fer- mier. Ils seront probablement 5 en fin d’année. Càd : C’est plutôt encoura- geant ! C.P. : Ces arrivées massives sus- citent en moi autant d’espoirs que de craintes. Le fait que cer- tains ateliers à comté se lancent dans la fabrication de morbier m’interpelle. À quel prix vont- ils vendre ? Quand l’offre est supérieure à la demande, je ne connais aucun marchand qui surenchérit. Càd : Il importe donc d’avoir une vision globale ? C.P. : Effectivement, on a besoin

de prendre en compte toutes les productions. Càd : Comment faire pour maîtriser les volumes de mor- bier ? C.P. : Aujourd’hui, le syndicat prélève une cotisation identique sur toutes les plaques caséine morbier. Je préconise l’idée de mettre un prix variable pour les producteurs de lait et les fabri- cants. L’objectif serait de dis- suader les gens de faire du mor- bier de janvier à mars. Cette période correspond à la fin du plan de campagne comté. Càd : Comment est fixé le prix du lait à morbier ? C.P. : Il est tout simplement indexé sur celui du comté. C’est logique car 80 % du lait A.O.P. en Franche-Comté est trans- formé en comté. Il me semble urgent et nécessaire d’inventer une règle. Le comté ne doit pas être la “poubelle” sanitaire des autres filières. Inversement, le morbier ne doit pas être la “pou- belle” des autres filières.

dans la filière morbier. La liberté de mouve- ment s’est encore réduite pour le com- té qui exploite désor-

“La “poubelle” des autres filières.”

mais son niveau maximal de droits à produire. Il n’y a plus guère de marge de manœuvre avec l’évolution des rendements et l’arrivée de nouveaux pro- ducteurs. Les fabricants de mor- bier commercialisent eux-mêmes le produit contrairement au com- té généralement mis en marché par les affineurs. La nuance est d’importance. Avec le morbier, on se retrouve sur un marché beaucoup plus réactif et moins sûr pour le producteur de lait. Càd : Que représente aujour- d’hui la filière morbier ? C.P. : Cette filière compte 40 ateliers qui fabriquent toute

“Il faut maîtriser la progression au rythme d’1 % par an sans pas aller au-delà”, estime Claude Philippe, le président du syndicat du morbier.

morbier produit en 2010 ? C.P. : On approche raisonna- blement les 9 000 tonnes. Il y a encore des perspectives d’avenir en prenant soin de maintenir les petits comme les gros opérateurs. Pour cela, il faut maîtriser la pro- gression au rythme d’1 % par an sans aller au-delà. Càd : Cela signifie de mieux encadrer le développement

de la filière ? C.P. : C’est indispensable. La filière morbier a encore un rôle à jouer dans les 5 ans à venir. Sa dynamique reposera égale- ment sur la qualité du produit. À l’instar du comté, les produc- teurs de lait à morbier doivent devenir des producteurs de lait fromager. On devra aussi retrou- ver l’esprit partenaire qui fait la force du comté.

Càd : D’autres projets en 2011 ? C.P. : Oui. La chasse est ouver- te aux autres fromages à raie noire qui ne seraient pas du mor- bier. Attention aux copieurs. Il en va de l’avenir de cette jeu- ne filière. On doit défendre ce qu’on va transmettre aux futurs agriculteurs. Propos recueillis par F.C.

Càd : Quel est le volume de

85 ème Foire Comtoise Jean-Louis Tissot : “La Foire Comtoise est une vieille dame qui se porte bien”

Domicile 288 particuliers employeurs à Morteau Le secteur des emplois familiaux est en pleine expan- sion. Sur la seule ville de Morteau, 288 particuliers emploient 149 salariés. Le point avec la F.E.P.E.M. avant la journée spéciale du mercredi 8 juin à Morteau.

C’ est à dire : Comment se présen- te cette 85 ème édition de la Foire Comtoise ? J.-L.T. : La Foire Comtoise est une vieille dame qui se porte bien. Combien d’entreprises aujourd’hui peuvent mettre sur leur fronton : “Existe depuis 1923” ? Plus beaucoup, et surtout dans l’événementiel. Càd : Alors qu’est-ce qui fait le succès toujours renouvelé de ce rendez-vous ? J.-L.T. : Les foires expo sont des alchimies plus compliquées qu’on ne l’imagine qui nécessitent des aménagements permanents, mais à dose contrôlée. Dans d’autres villes, beaucoup de foires qui se tenaient au centre- ville et qu’on a déplacé ont périclité. Les foires expo sont de très vieux événements, parfois millénaires, auxquels sont viscéra- lement attachés les gens. Et les tradi- tions sont justement à manier avec pru- dence. À la Foire Comtoise, personne ne s’aviserait évidemment à supprimer les ani- mations agricoles car on sait bien qu’à l’origine la foire expo était un rendez- vous de l’agriculture. Ce n’est sans doute pas un hasard que le jour de l’Ascension soit traditionnellement le plus fréquenté. Tout repose sur cet aspect “tradition” et le bouche à oreille suffit presque à faire la communication de la foire dès lors qu’on ne change pas la date. Càd : Il y a tout de même d’autres ingré- dients au succès ? J.-L.T. : Une des autres caractéristiques Directeur général de Micropo- lis, Jean-Louis Tissot s’apprête à passer la main. Il poursuivra néanmoins sa mission jusqu’à la Foire Comtoise 2012. Inter- view d’un homme direct.

Jean-Louis Tissot présente la 85 ème édition de l’inoxydable Foire Comtoise.

C’ estàdire:Quelestlerôle de laF.E.P.E.M. (Fédé- ration desParticuliers EmployeursdeFrance)? Catherine Rauscher-Paris (chargée de développement) : Cette association qui fédère tous les particuliers employeurs a pour mission d’accompagner les personnes qui vont salarier ou qui salarient une assistante maternelle ou un travailleur à domicile. C’est une sorte d’organisation patronale mais là, les patrons ce sont des par- ticuliers. La F.E.P.E.M. accom- pagne pas à pas ses adhérents qui souhaitent par exemple recruter un salarié, elle les aide à rédiger le contrat de travail, les guide dans la déclaration de charges, etc. En Franche-Com- té, il y a 55 500 particuliers employeurs et plus de 27 000 salariés. Ils sont très nombreux mais très dispersés, ils n’ont donc pas forcément toujours une bonne connaissance des dispo- sitifs qui peuvent les aider. Càd : Un bus d’information fait étape le 8 juin place de l’Hôtel-de-Ville à Morteau. Quel message venez-vous déli- vrer ? C.R.-P. : Le bus des emplois de la famille et des services à la personne vient toute la journée à la rencontre des salariés, des employeurs et des retraités de ce secteur d’activité. Au cours

85 ème Foire Comtoise Du 28 mai au 5 juin Renseignements : 03 81 41 08 09 www.foire- comtoise.com

de cette journée, plusieurs confé- rences auront lieu à destination des employeurs, des salariés et des retraités sur les thèmes de la formation, la formation à distance, la retraite, l’emploi d’un salarié à domicile… Càd : Le Chèque Emploi Ser- vice Universel (C.E.S.U.) est un outil assez récent. Est-il entré dans les mœurs ? C.R.-P. : Le C.E.S.U. qui sim- plifie véritablement les démarches vis-à-vis de l’U.R.S.S.A.F. notamment est utilisé par 80 % des particuliers employeurs. Il rencontre un très grand succès. Recueilli par J.-F.H. Mercredi 8 juin Place de l’Hôtel-de-Ville à Morteau Rens. 03 81 50 07 12

de la Foire Comtoise est qu’il y a toujours eu une présence foraine. Cet élément a un énorme avantage : il assure le renou- vellement des générations si bien que la foire de Besançon est une des plus jeunes de France en terme de public. Beaucoup plus jeune qu’à la foire de Dijon par exemple. C’est un indiscutable atout pour nous. Càd : Avec l’avènement des achats sur Internet, le succès de la Foire Com- toise paraît presque décalé ? J.-L.T. : Qu’est-ce qui explique l’intérêt pour les exposants, alors qu’en effet il y a Internet ou encore la multiplication des foires dans les supermarchés ? Indénia- blement, c’est la fréquentation. Si sur 100 visiteurs, s’il y a 1 % seulement d’acheteur, ça ne fait qu’un acheteur. Mais si c’est sur 100 000 visiteurs, ça fait 1 000 ache- teurs. La différence est là. Pendant neuf jours, il ne faut pas oublier que la Foire Comtoise, c’est quand même le plus grand

magasin de meubles de la région, le plus grand magasin d’outillage et de motocul- ture, le plus grand restaurant de la région, etc. Même chose pour les piscinistes, on les a tous sur place pendant neuf jours. Celui qui a un projet d’achat trouvera tous les interlocuteurs en un seul endroit. C’est la diversité aussi qui incite à l’achat. Càd : La fréquentation de la Foire Com- toise est stable ? J.-L.T. : Depuis 5 ans, elle est, à un petit millier près, toujours autour des 140 000 visiteurs. L’invité d’honneur y fait aussi beaucoup. D’ailleurs, des gens viennent à la Foire Comtoise uniquement pour le spec- tacle. La fréquentation, c’est aussi l’alchimie avec la météo. Le temps idéal pour nous, c’est couvert mais sans précipitations. Il vaut presque mieux la pluie que la cani- cule aussi.

Propos recueillis par J-.F.H.

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online