Journal C'est à Dire 166 - Mai 2011

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P L A T E A U D E M A I C H E

Le Barboux La bar n’a plus la santé Denis et Chantal Billod ferment le bar du Barboux, étran- glés qu’ils sont par les taxes à payer. La fin d’un servi- ce de proximité et des brèves de comptoir.

M ercredi 1 er juin, le bruit des verres s’entre- choquant les uns contre les autres ne résonnera plus au Barboux. Dans le village, niché entre Le Russey et Villers-le-Lac, une page se tourne avec la fermeture du “zinc” tenu par Denis et Chan- tal Billod. “Dans le passé, tout le monde se retrouvait ici après la messe. C’était bondé, la belle époque” se souvient Gilbert, un cool anisé. “C’est la mort du Bar- boux” lâche Jacques, désabusé. Triste fin pour un lieu rempli d’histoires où des générations se sont succédé durant quatre- vingts ans. “Les jeunes de Gran- d’Combe venaient ici, même ceux de La Chenalotte” se souvient Jacques. Ici, le temps s’est arrê- té. Un crucifix est solidement accroché au-dessus de la porte habitué. Face à lui, deux de ses compères assis sur deux chaises en bois acquiescent en sirotant un verre d’al-

d’entrée, les mûrs sont défraî- chis, le mobilier n’a guère chan- gé, tout comme les alcools qui y sont servis. Au Barboux, on consommait surtout de la bière, du “Pont”, un peu d’alcool fort. Désormais, on ne lève plus le coude. Jacques et Gilbert sont donc les derniers à tenir compagnie à Denis Billod, le gérant, obligé de stopper son activité la mort dans l’âme. Il avait repris avec sa femme ce petit bar il y a cinq cienne tenancière partie à la retraite après avoir œuvré pen- dant près de 40 ans. Pour Denis, les premières années n’ont pas été mauvaises en terme de fréquentation mais tout s’est enchaîné ces derniers mois, le contraignant à baisser pavillon, “faute de clients.” “Nous devons payer 800 euros de taxes. On perd de l’argent chaque mois” ans pour se “faire un complément de retrai- te” en rachetant la bâtisse à Yvette Guillemenot, l’an-

“Des appartements à la place.”

Denis et Chantal Billod ferment le bar le 31 mai en invitant les clients autour d’un dernier verre.

explique sa femme. Assis sur une chaise en bois, Denis a les yeux rougis, triste de devoir stop- per son activité. Sa femme lui serre le bras. Elle le console. Plus qu’un bar, un service de proximité fiche le camp : “On vendait ici le gaz et jusqu’à l’an-

té fin mai ses clients autour d’un dernier verre. Pas franchement le plus simple à avaler : “Il faut passer à autre chose, admet Chantal. Les gens sortent moins, et le fait de ne plus pouvoir fumer dans les lieux publics nous a fait beaucoup de mal” dit-elle. Le

bar sera remplacé par des appar- tements que les propriétaires loueront. En ce qui concerne la licence IV, les époux Billod veu- lent pour le moment la garder. Un moyen de préserver un bout d’histoire. E.Ch.

née dernière de l’alimentation. On ne vendait plus le tabac mais nous vendions toujours des timbres” explique Chantal. Le bar à la belle époque fai- sait hôtel. Le livre d’or se refer- me. Pour remercier tous les habi- tués, le bar du Barboux a invi-

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