Journal C'est à Dire 166 - Mai 2011

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D O S S I E R

Éviter l’étalement urbain La nouvelle tendance de certaines communes, c’est de recentrer l’habitat. Finies les parcelles immenses dans des hameaux reculés. Priorité à la densification. Villers-le-Lac, Morteau

Maîche

Du terrain constructible à prix accessible Maîche fait partie des communes du Haut-Doubs qui ont décidé de garder la maîtrise du foncier pour se mettre à l’abri d’une flambée des prix.

A nnie Genevard le répè- te à qui veut l’entendre : habiter au centre-vil- le présente de nom- breux avantages : des services et des commerces à proximité,moins de déplacements… Le maire de Morteau soutient désormais la densification de l’habitat. Les der- niers exemples de programmes immobiliers sur Morteau vont dans ce sens : réhabilitation d’un immeuble ancien rue de la Lou- hière (lamaisonBourgeois), créa- tion de 17 logements rue duMaré- chal Leclerc, “on essaiera désor- mais de privilégier ce genre de projets” dit Annie Genevard. Le discours est sensiblement identique à Villers-le-Lac où, proximité de la Suisse oblige, la pression foncière est énorme. Aujourd’hui, le maire dit stop à l’étalement urbain qui a carac- térisé la commune durant des décennies. Il faut imaginer Vil-

lers-le-Lac il y a plus de 150 ans. Le bourg ne comptait alors qu’une douzaine de maisons, la majorité de la population de la commune se concentrant alors dans les “écarts”, au Pissoux et au Chauffaud notamment. “Notre souci aujourd’hui est de concentrer et se recentrer vers le centre” confirme le maire Jean

L’envie du maire est donc réso- lument de “revitaliser le centre- ville.” Il cite notamment les exemples récents de réhabili- tation de l’ancien Hôtel de l’Union (23 logements) ou du programme “Grand Écran” (20 logements) à la place de l’ancien cinéma. “Ce genre de réhabili- tation est payant” affirme M. Bourgeois. la volonté de la commune. Des appartements en collectifs, des maisons jumelées et un “mix” entre la location et l’accession à la propriété. Une façon de “chercher le développement durable à travers l’urbanisation” résume Jean Bourgeois. Le tout- individuel à tout prix est peut- être révolu à Villers-le-Lac. J.-F.H. Le projet actuellement en préparation par Néolia non loin des écoles et du collège est dans la droite ligne de

Bourgeois. Il reconnaît “avoit joué longtemps de cet atout que repré- sente la proximité de la Suisse. Mais s’étendre a son revers.

Le tout-indivi- duel est peut- être révolu.

On a fait des lotissements au Chauffaud, on ne le referait plus” dit-il. Avec 70 km de voirie com- munale, l’entretien coûte cher. Autre exemple : un lotissement avait été autorisé à proximité de l’école des Bassots il y a quelques années. Résultat : pas d’enfants supplémentaires, car ce ne sont pas les jeunes couples qui ont acheté.

Le prix du mètre carré dans les derniers lotissements sortis de terre à Maîche tournait autour de 40 euros H.T.

D es communes duDoubs ont décidé de garder la main tant que possible sur la gestion du fon- cier constructible pour urbaniser

d’accéder à la propriété, ce qui n’est plus cas partout dans le Haut-Doubs. Maîche, par exemple, suit depuis longtemps ce principe. Le prix

foncier. La demande de pavillons est toujours forte. Il faut aussi la satisfaire. Nous avons aussi des demandes pour de petits immeubles de ville et de la mai- son en bande” observe Joseph Parrenin, le maire de Maîche qui rappelle que la municipali- té a adopté son P.L.U. (plan local d’urbanisme) il y a trois ans. Dans le cadre de ce document, la collectivité a dégagé d’autres surfaces constructibles avec l’idée d’équilibrer l’urbanisation autour du centre-ville.

leur territoire. Ce sont elles qui lotissent alors qu’ailleurs ce sont les aménageurs privés. Cet- te manière de faire est

du mètre carré dans les deux derniers lotis- sements communaux avoisinait les 45 euros le m 2 H.T. pour l’un et

“Nous arrivons à maîtriser le foncier.”

38 euros le m 2 H.T. pour l’autre. Le nouveau projet de quarante parcelles qui s’annonce devrait respecter cette échelle de prix. “Nous arrivons à maîtriser le

le résultat d’une volonté politique. Les municipalités qui se plient à cette règle le font pour éviter la spéculation foncière et donner la possibilité auplus grandnombre

À Villers-le-Lac, l’étalement urbain n’est plus à l’ordre du jour.

La consommation de foncier constructible est en recul De 450 hectares utilisés en 1999 pour construire du loge- ment et développer l’économie, la consommation de fon- cier est passée à 110 hectares en 2009 dans le Département. Disponibilités dans le Doubs

D ans sa note de conjoncture publiée en début d’année, l’Observatoire départemental de l’habitat du Doubs confir- me qu’à l’échelle de ce territoire,la consom-

tibles et un doublement du prix du mètre carré pour du logement neuf dans le département du Doubs (il est passé de 30 euros en 2000 à 58 euros en 2009). Après avoir stagné, la sur-

mation de foncier pour de la construction de logements et de zones d’activité est en net recul depuis 2006. “La tendance sur le moyen et long termes semble

face moyenne des parcelles se situe en 2009 autour de 1 030 m 2 contre 1 120 m 2 “à son maximum en 2004.” Dans le Doubs, le coût moyen d’une par-

Autour de 1 030 m2 en 2009.

celle est passé d’environ “35 000 euros en 2000 à 64 000 euros en 2009, soit une progression de près de 83 %.” La diminution de la taille des parcelles n’est pas liée à une volonté de consom- mer moins de foncier mais à la haus- se des prix née d’un déséquilibre entre l’offre et la demande, particulièrement marqué sur la bande frontalière.

confirmer une franche orientation à la diminution de la surface totale consom- mée à ces fins précise le rapport. Ain- si, il apparaît qu’en 1999, la surface annuelle totale consommée en vue de la construction de logements neufs et de l’activité économique approchait les 450 hectares pour se stabiliser à 250 et 200 hectares entre 2004 et 2008, puis chuter autour de 110 hectares en 2009.” Cette évolution s’accompagne de deux autres phénomènes : une diminution de la surface des parcelles construc-

Les prix du foncier ont doublé en dix ans.

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