Journal C'est à Dire 165 - Avril 2011

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D O S S I E R

Formation La formation s’adapte à la filière luxe

L’E.N.S.M.M., l’école d’ingénieurs de Besançon, a mis sur pied à la rentrée une formation Bac + 5 à la demande des industriels locaux de l’horlogerie et du luxe. Débouchés assurés.

ré avec 15 élèves” résume Marc Mourey, le responsable des for- mations partenariales à l’E.N.S.M.M. Les secteurs visés par cette for- mation, c’est d’abord et avant tout l’horlogerie. Mais le luxe et la précision, c’est plus large. “Il y a aussi la lunetterie, les acces- soires, la joaillerie et même les équipementiers automobiles. C’est une formation volontairement large pour offrir la possibilité aux ingénieurs de découvrir plu- sieurs métiers.” Une centaine de candidats se sont présentés, 15 ont été retenus pour cette pre- mière promotion. “Le profil de ces élèves est un peu atypique : on cherche des Bac + 2 qui mani-

festent un grand intérêt pour l’art et le design. Par exemple des gens qui sortent aussi de l’école des beaux-arts.” Tous les élèves qui suivent la formation à l’E.N.S.M.M. tra- vaillent en alternance dans une entreprise de la région. La pro- chaine promotion devrait comp- ter une trentaine d’élèves. Début avril, plus de 100 candidatures étaient déjà parvenues à l’E.N.S.M.M., de toute la Fran- ce. “Nous sommes en plein dans la mouvance actuelle, complè- tement liés à la renaissance de l’horlogerie. Nous sommes prêts” assure Marc Mourey. La formation “Micromécanique et design”, unique en France dans ce domaine du luxe et de la pré- cision, s’étale sur trois ans à rai- son de 1 607 heures par an, réparties comme suit : 600 heures à l’E.N.S.M.M. et 1 000 heures en entreprise. À l’issue de leur formation à l’E.N.S.M.M., environ 90 % des jeunes ingénieurs restent dans l’entreprise qui les a accueillis. Le salaire d’embauche d’un ingé- nieur qui sort de cette nouvel- le formation oscillera de 30 000 à 40 000 euros par an si l’ingénieur est embauché en France, de 30 000 à 70 000 euros si c’est dans une entreprise suisse qu’il décroche son premier poste. La Suisse, qui reste, et certainement encore pour longtemps, le prin- cipal pourvoyeur d’emplois dans le domaine de l’horlogerie. J.-F.H.

“L uxe et précision”,tel est l’intitulé de la plaquette qui fait la promotion de cet- te nouvelle formation dispensée depuis septembre dernier à l’E.N.S.M.M., de Besançon, une formation d’ingénieur par appren- tissage, spécialité “Microtech- niques et design”. Ce sont notam- ment les industriels du Haut- Doubs réunis sous la bannière de l’association “Luxe andTech” pré-

sidée par l’industriel Raphaël Sil- vant qui ont été à l’origine de ce nouveau cursus. “Ils nous ont signifié le besoin d’un encadre- ment dans les P.M.E.-P.M.I. de la région. Le deuxième impéra- tif pour ces industriels, c’était de former des gens pour pallier le départ de la main-d’œuvre en Suisse. Après avoir travaillé le référentiel-métier avec eux, cet- te formation a été validée sur le plan national. Elle a démar-

Marc Mourey, responsable des formations partenariales à l’E.N.S.M.M. de Besançon.

La première promotion est composée de 15 élèves. Ils seront 30 l’année prochaine.

Chiffres 2010 L’horlogerie-bijouterie française progresse, mais… Le secteur de l’horlogerie-bijouterie françai- se fait un bond de 9 % par rapport à 2009. Un résultat encourageant, mais qui est à nuancer largement. E n 2010, le chiffre d’affaires du secteur de l’horlogerie- bijouterie française est en augmentation. Avec 1,9 milliard d’euros hors taxes, le résultat de la production réalisée dans l’Hexagone progresse de 8 % par rapport à 2009. L’augmentation est de 0,4 % pour l’horlogerie (0,2 milliard d’euros) et de 9 % pour la bijouterie-joaillerie (1,7 milliard d’euros). Malgré cette évolution positive, les statistiques présen- tées par la Chambre Française de l’Horlogerie indiquent que la part des importations a augmenté dans des pro- portions beaucoup plus fortes. Elles pèsent 3,7 mil- liards d’euros en 2010, soit 21 % de plus que l’année pré- Elle augmente de 16 % par rapport à 2009. Sans véritable surprise, 74 % des montres consommées dans notre pays proviennent de Chine, 1 % de France et 7 % de Suisse. Celles qui sont importées du territoire helvétique occu- pent donc une faible part du marché, mais ce sont elles qui ont la plus forte valeur (73 %). Précisons encore que le nombre de montres françaises vendues à l’étranger est en recul de 21 %. Le secteur qui parvient à tirer son, épingle du jeu est celui des fabricants de bracelets de montres en cuir ou en métal. Selon la Chambre Française de l’Horlogerie, 94 % des produits sont exportés dont 75 % vers la Suisse. 74 % des montres proviennent de Chine. cédente. Dans le détail, elles font un bond d’18 % pour l’horlogerie (1,5 milliard d’euros) et de 23 % pour la bijouterie- joaillerie (2,2 milliards d’euros). La courbe de la consommation sur le marché français suit la même tendance.

Formation Le lycée de Morteau toujours en pointe

L’établissement mortuacien est le seul de France à cou- vrir l’ensemble du cursus, du C.A.P. au diplôme des métiers d’art. Avec souvent 100 % de réussite aux exa- mens et l’insertion professionnelle à la clé.

se prépare à reprendre la petite horlogerie-bijouterie familiale,

emploi au sein d’une entrepri- se. Dans le détail, “nous avons 90

soit en Suisse voisine qui continue à recruter 150 élèves sont en forma- tion initiale horlogerie à tour de bras. Actuellement,

élèves en C.A.P., une tren- taine en B.M.A. (brevet des métiers d’art) et une trentaine également en D.M.A. (diplôme des métiers d’art), le niveau

Avec Herbelin ou Péquignet aussi.

D es jeunes de Haute-Saô- ne, mais aussi des Alpes-Maritimes, de la Creuse ou du Pas-de- Calais : on vient de loin se for-

mer à Morteau. Car on sait per- tinemment qu’une fois le diplô- me en poche, on trouvera presque à coup sûr un emploi, soit en Fran- ce dans une entreprise ou si on

à Morteau, plus une cinquan- taine en apprentissage, ceux qui partagent leur temps entre la for- mation théorique au lycée et un

supérieur. Au C.A.P., on avoisi- ne des taux de réussite de 100 %” résume Bernard Pauly, le provi- seur du lycée Edgar-Faure. En D.M.A., le taux de réussite est à peine inférieur (90 % environ), à l’exception de l’an dernier où il avait chuté à 45 % seulement. La force de la formation mor- tuacienne, c’est les liens très étroits qu’elle a tissés avec les entreprises franc-comtoises. “Nous entretenons des relations construc- tives avec Breitling ou Louis Leroy à Besançon, mais aussi avec Her- belin ou Péquignet ici. On s’appuie également beaucoup bien sûr sur les entreprises suisses” ajoute le proviseur. Le lycée se prépare à l’éventualité d’un rebond de l’horlogerie côté France. “On sait qu’avec son projet de construction à Besançon, Breitling va embau- cher. On sera là, pas seulement pour placer nos élèves mais aus- si pour aider Breitling dans son recrutement” assure M. Pauly. En France, outre Morteau, d’autres établissements scolaires ont des sections horlogères : Nice, Marseille, Mérignac, Rennes et Paris, ainsi qu’une école privée à Fougères (Ille-et-Vilaine). J.-F.H.

150 élèves suivent cette année les formations horlogères dispensées au lycée de Morteau (photo archive Càd).

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