Journal C'est à Dire 164 - Mars 2011

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

ne plus “galérer” dans les bou- chons et éviter les contraven- tions.” Le prix est aussi un bon argument : comptez environ 76 euros par mois pour quatre allers-retours par semaine. Le train des frontaliers bondé La ligne ferroviaire Morteau-La Chaux-de-Fonds est vic- time de son succès. Matin et soir, les frontaliers sont serrés mais certains d’arriver à l’heure en évitant les bouchons. Les utilisateurs réclament plus de rames. Transports la disparition il y a moins de dix ans. “Cheminot, je m’étais bat- tu pour la préserver puis après en tant que syndicaliste. Cette ligne est une belle réussite. Il fau- dra désormais mettre les moyens”

Christian Jouillerot et toute son équipe vous souhaitent une bonne année 2011

17 h 38 en gare de Morteau. Le train des horlogers ral- liant La Chaux-de- Fonds à Morteau en passant par Le Locle arrive pile à l’heure. Sa ponctualité, personne ne la remet en cause (1). Non, les uti- lisateurs grognent en raison du manque de place devenu récur- rent. Il suffit d’épier à travers les vitres pour s’apercevoir que les deux rames sont bondées, obli-

Ils sont de plus en plus nombreux à avoir choi- si ce mode de transport. Dans les deux rames, le nombre de voyageurs dépasse allégrement les

explique François Jean- nin, président de la F.N.A.U.T. Franche-Com- té (fédération nationale des usagers des trans- ports). Et d’ajouter : “Il

“Il faudra désormais mettre les moyens.”

geant les utilisateurs à voyager debout. Trouver une place assi- se, c’est quasiment du luxe : “J’ai la chance de pouvoir m’asseoir car je prends le train au départ à La Chaux-de-Fonds mais pour ceux qui prennent le train au Crêt-du-Locle, c’est mission impossible” dit Natha- lie, une Mortuacienne qui tra- vaille chez un prothésiste den- taire à La Chaux-de-Fonds. Depuis quatre ans, elle a choi- si ce mode de transport “pour

18 €

120, bien plus qu’elles ne peu- vent en accueillir. Heureuse- ment, cela ne pose pas de pro- blème de sécurité. Le matin pour rejoindre la Suis- se, le problème se répète à 5 h 19, 6 h 23 ou 7 h 26. Drôle de ren- versement de vapeur pour cet- te ligne des horlogers vouée à

se passe la même chose à Mar- seille avec la ligne desservant Cannes.” Le 10 mars dernier lors du comi- té de ligne qui s’est tenu à Mor- teau, les utilisateurs ont pu pré- senter leurs griefs à la Région Franche-Comté qui gère le trans- port. Beaucoup ont demandé de nouvelles rames.A l’heure actuel- le, seules quatre sont compa- tibles avec le réseau suisse. En ajouter de nouvelles équipées du système Signum pour circu- lation en Suisse nécessite un engagement financier. La Région dit travailler sur cette hypothèse sans toutefois donner de dates précises. Du côté des voyageurs, on s’inquiète : “Bientôt, deux nou- velles liaisons viendront depuis Valdahon pour rejoindre La Chaux-de-Fonds. Le train risque d’être encore plus bondé” explique un utilisateur. À suivre. E.Ch.

55 €

(1) : la régularité est de 91,37 % selon la Région Franche-Comté.

Plus de 120 voyageurs répartis dans seulement deux rames.

Du bois de harpe dans la forêt de La Brévine Heureuse surprise que celle réservée aux propriétaires de l’alpage des Cottards qui s’avère propice aux bois de résonance. Une pre- mière dans la vallée de La Brévine. Économie

“L’examen des cernes permet d’identifier visuellement les bois de réso- nance qui doi- vent satisfaire à 16 critères”, précise André

L e hasard fait plutôt bien les choses en focalisant l’attention sur ce regroupe- ment familial, ou hoirie, très attaché à la gestion de son bien en forêt jardinée. Situé à 1 125 m d’altitude au sud-est du village de la Brévine, cette propriété sylvo-pastorale comprend 38,18 hectares de forêt. “Le service archéologique de Neuchâtel est venu l’été dernier effectuer un carottage dans la charpente de la ferme. On les a sollicités pour confirmer la date de construction de la bâtisse qui remonterait à

1727 comme cela est mentionné au-dessus de la porte” , indique Bernard Lavarini qui parta- ge ce domaine avec la famille Arnoux. Simple vérification donc. Le prélèvement a bien confirmé la date en signa- lant aussi que les poteaux en épicéa analysés présentaient les caractéristiques du bois de luthe- rie. “Tout laisse à penser que cette charpente a été réalisée avec des arbres coupés sur place” , note André Arnoux. Un expert s’est rendu au domaine des Cottards lors d’une coupe fores-

Arnoux, l’un des proprié- taires du domaine des Cottards.

tière organisée cet automne. Sur l’ensemble des grumes abattues, il a identifié à l’œil 4 billes qui présentaient les facteurs favorables. L’examen visuel consistait à observer l’épaisseur et la régu- larité des cernes. Les arbres sélectionnés avaient plus de 171 ans. Ils mesuraient 55 cm de dia- mètre à 1,30 m de haut. Des épicéas à croissance particulièrement lente et tout particulièrement en hiver.

à avoir toutes les preuves. L’utilisation du bois de résonance varie en fonction des essences et des dimensions. Les parties exploitables des arbres des Cottards s’avéraient trop petites pour en faire des violoncelles ou des guitares. Les pro- priétaires de l’hoirie ont pris contact avec Gérard David le fabricant de harpes de Sain- te-Croix. Les résineux ont été débités en planchettes de 17 mm d’épaisseur, 20 cm de large et 10 m de long. Après séchage, elles seront ajustées aux dimensions des tables d’harmonie des harpes. Le bois de résonance vaut 10 fois plus cher que le bois de menuiserie. “Sur 1 000 arbres, 1 seul correspond aux critères” , modère André Arnoux, persuadé qu’il existe d’autres massifs forestiers jurassiens comme dans le Risoux par exemple qui abritent des bois de résonance. F.C.

Tout est parti de la datation de la charpente de la ferme construite en 1727.

10 fois plus cher que le bois de menuiserie.

Pour accéder à cette prestigieuse appel- lation d’arbre de résonance, il faut rem- plir 16 critères : 3 sont déterminés à l’abattage et les 13 autres lors du scia-

ge. Les quatre billes des Cottards ont passé avec brio tous les obstacles. “On a ensuite fait appel au luthier Bernard Michaud et à l’ingénieur forestier Philippe Donot pour valider ces résul- tats.” Chercheur de profession, Bernard Lavarini tenait

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