Journal C'est à Dire 164 - Mars 2011

P O L I T I Q U E

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Le Russey Gilles Robert dope la gauche du Haut-Doubs La victoire du candidat socialiste dans le canton du Russey n’est pas passée inaperçue dans les rangs de la majorité départementale. Le nouveau conseiller général pourrait être promu vice-président du Conseil général du Doubs.

L e 31 mars, Gilles Robert fera sa première rentrée au Conseil général du Doubs. Ce jour-là, l’assemblée départementale éli- ra son président et ses vice-présidents. Dans les couloirs de l’Hôtel du Dépar- tement, rue de la Gare d’Eau à Besan- çon, on murmure déjà que le nouveau conseiller général du Russey pourrait se

voir hisser au rang de vice-président. L’intéressé admet à demi-mot que si l’occasion se présente, il pourrait se lais- ser tenter par la fonction. Il faut dire que sa victoire historique n’est pas passée inaperçue dans les rangs de la majorité. Être parvenu à faire basculer à gauche un fief étiqueté à droite depuis tant d’années suscite

une certaine admiration de la part des cadres du parti socialiste qui n’ont pas tardé à le féliciter, à commencer par Paulette Guinchard et Claude Jean- nerot. Gilles Robert a obtenu 52,4 % des suffrages face à l’U.M.P. Denis Leroux. Il s’est imposé là où son pré- décesseur Robert Schwint dont on connaît la carrière politique a échoué

Gilles Robert est un élu de terrain et il entend bien le rester.

lorsqu’il était encore maire du Russey. Au soir du 20 mars, jour de l’élection, le candidat a lui-même eu du mal à y croire. “Ça me paraissait impossible de gagner. Denis Leroux était un excel- lent candidat” observe Gilles Robert. L’homme a le succès modeste. Contrai- rement à l’interprétation qui en est fai- te, il ne considère pas que sa victoire est le signe d’un basculement à gauche du canton. Il était certes le candidat

(N.D.L.R. : Denis Leroux).” Gilles Robert réduira également son temps de pré- sence au lycée de Morteau où il enseigne l’histoire. “Pour l’instant, je travaille à 80 %. Je devrais passer à 50 %.” Il n’a pas l’intention de lâcher l’enseignement pour se consacrer à la politique en rappelant qu’il est élu au Département pour trois ans. Et après ? En 2014, dans le cadre de la réforme des collectivités qui abou-

socialiste, “mais à mon sens, les électeurs ont voté plus pour l’homme de terrain que je suis que pour mon étiquette poli- tique” dit-il. Le conseiller général doit

tira à la disparition du Conseil général, les électeurs éliront les nouveaux conseillers ter- ritoriaux. Ce rendez-vous risque de s’accompagner d’un autre débat au Russey, une

“Je quitte cette fonction à regret.”

maintenant adapter son emploi du temps. Tout d’abord il a annoncé qu’il démissionnerait de son poste de vice- président de la communauté de com- munes du Plateau du Russey. “Je quit- te cette fonction à regret, mais je conti- nuerai à y siéger. En tant que conseiller général, j’ai dit que je souhaitais tra- vailler en complémentarité avec le pré- sident de la communauté de communes

commune qui a la chance d’avoir désor- mais parmi ses habitants un conseiller général et un conseiller régional, socia- listes. Gilles Robert et Pierre Magnin- Feysot ne pourront pas être tous les deux candidats en 2014. Reste à savoir lequel des deux se retirera. Mais ça, c’est une autre histoire…

Gilles Robert, conseiller général et Pierre Magnin-Feysot, conseiller régional, tous deux socialistes et élus du Russey, pourraient être amenés à s’affronter en 2014.

Commentaires Les raisons de la victoire Personnalité du candidat, une sociologie du Haut-Doubs qui change, sont les deux raisons avancées par les proches de Gilles Robert pour expliquer sa victoire aux élections cantonales.

Commentaire “J’ai de l’ambition

et je ne m’en cache pas” Suppléante de Gilles Robert, Valérie Pagnot entend jouer pleinement son rôle dans les trois prochaines années en épaulant le conseiller général.

C’ est à dire : On entend parfois que les sup- pléant(e)s, sont écar- tés de toute responsabilité une fois que le candidat est élu. Qu’en pensez-vous ? Valérie Pagnot : Pour ma part, tout ne s’arrête pas maintenant. Nous allons nous rencontrer régulièrement avec Gilles Robert, nous allons travailler ensemble et suivre les dossiers qu’il aura en responsabilité. Le rôle de suppléante est aussi celui d’être un relais avec la popu- lation. Càd : Aujourd’hui sup- pléante, et demain ? V.P. : Je suis élue au conseil municipal de Bonnétage. Je suis

“H i s t o r i q u e ” ! Dimanche 20 décembre, le mot était sur toutes les lèvres pour qualifier la victoire du candi- dat socialiste Gilles Robert, élu conseiller général du canton du Russey. “Le canton bascule à gauche. Ceci étant, je pense que les électeurs ont fait le choix d’un

déléguée communautaire et vice- présidente de la mission locale du Haut-Doubs. J’ai 26 ans. C’est mon premier mandat cantonal. J’ai de l’ambition, je ne m’en cache pas. Mais je dois prendre aussi le temps d’apprendre. Càd : Vous regrettez que les suppléants soient souvent des suppléantes ? V.P. : Du fait que les candidats se présentent en binôme, on peut regretter que les suppléants soient plus souvent des femmes que des hommes. Mais je pen- se que ces élections vont susci- ter des vocations et que dans trois ans nous serons à la pari- té. Recueilli par T.C.

du conseil municipal du Rus- sey, la notoriété du candidat ne

homme plus que d’un parti poli- tique” commente Alexandre Romain, un des principaux ani- mateurs de la campagne. Le maire du Russey comptait sur sa notoriété pour prendre ce canton. Elle lui a sans doute rapporté des voix. Mais selon Pierre Magnin-Feysot, conseiller régional socialiste et membre

lation s’est renouvelée. Nous avons accueilli sur ce territoire

suffit pas à expliquer cette victoire. “Il y a plusieurs explications dont celle-ci. Mais dans un premier

des gens d’autres régions” dit-il. Ce bras- sage démographique viendrait donc bouscu- ler l’idée selon laquel-

“La sociologie du canton a évolué.”

le le Haut-Doubs serait irré- médiablement ancré à droite. “Il y a aussi un contexte natio- nal politique qui a sans doute joué” complète Pierre Magnin- Feysot. Par sa personnalité, Gilles Robert serait parvenu à réunir autour de lui les élec- teurs de gauche et de droite. Pour Sylvain Marmonier, un des animateurs de la campagne du nouveau conseiller général, sa capacité a fédérer l’a conduit à la victoire. “Ce qui me fait plai- sir, c’est que Gilles Robert a su rassembler des gens d’horizons divers. Je suis fier que beaucoup d’agriculteurs nous aient rejoints. En général dans ce canton, toutes élections confondues, la gauche ne dépasse pas les 38 % des voix. Il n’y a pas de secret, des élec- teurs de droite ont voté pour cet homme de terrain.” Le 20 mars, l’enthousiasme était palpable dans l’annexe de la salle des fêtes du Russey où les résultats étaient rendus. De l’enthousiasme, mais pas de fanfaronnade par respect pour Denis Leroux, le candi- dat déçu.

temps, je dirais que la sociolo- gie du canton a évolué. Au cours des dernières années, la popu-

Valérie Pagnot estime avoir participé à “une campagne digne” faite de “propositions.”

Gilles Robert s’est entouré d’une équipe jeune et dynamique.

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