Journal C'est à Dire 163 - Février 2011

V A L D E M O R T E A U

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Nuit

La bataille des discothèques dans le Haut-Doubs En crise dans le reste la France, le monde de la nuit fait volte-face dans le Haut-Doubs où cinq discothèques se partagent un marché devenu volatile. Pourquoi une telle originalité alors qu’un sixième établisse- ment devrait ouvrir à Pontarlier au printemps ?

R éclamée depuis longtemps, une nouvelle discothèque s’apprête à ouvrir à Pontar- lier, proche du centre-ville et des restaurants.Les autres établisse- ments concurrents vivant de la fête font contre mauvaise fortune bon cœur, d’autant que la génération des 16-20 ans semble bouder les boîtes préférant des soiréesmoins conventionnellesoùl’alcoolestmoins cher. Les gérants ont un objectif commun : reconquérir les fêtards. “Le Lavanaklub”, c’est le nom de cette discothèque qui pourra accueillir 600 personnes, zone des Grands Planchants, dans les anciens locaux des Assedic. Le projet est porté par Pierre-Hen- ri Éthalon, bien connu des noc-

tambules du Haut-Doubs puis- qu’il a créé le Quésako à Maîche et a également repris la disco- thèque de Métabief. Comment réagissent les profes- sionnels du secteur déjà implan- tés dans le Haut-Doubs ? Éliane Faivre-Rampant a créé le Monte Cristo 2 aux Fins, en janvier en 2001 avant de le céder en 2007. La boîte a été reprise par le NG2 (lire plus bas). “Pour- quoi ai-je arrêté ? Parce que que j’en avais marre de payer autant d’impôts” dit-elle. Le Monte Cris- to 2 a défrayé la chronique après que plusieurs recours au tri- bunal administratif concernant l’obtention du permis de construi- re. L’ancienne gérante estime que les belles années des dis- cothèques sont derrière nous : “Personne n’aura le même impact que le Monte Cristo 2. Nous avions beaucoup de Suisses. Aujourd’hui, il est même diffici- le de tourner les vendredis soirs et les soirées à thèmes ne mar- chent plus. En boîte, il n’y a plus rien à inventer.” Avec une capacité d’accueil de 730 personnes, le NG2 aux Fins a ouvert il y a un an et demi, suc- cédant au Monte Cristo 2. “La concurrence ne peut être que posi- tive et attendons l’ouverture offi- cielle pour en parler. Nous avons un créneau car nous sommes la seule discothèque en Franche- Comté à balancer de l’Artstyle (musique techno). Le 19 mars, nous serons les seuls en France

à accueillir D.B.S.T.F. world tour (D.J. Block et Stefan). Deux bus vont venir de Lyon et Mulhouse” explique la direction de l’établissement composée de Yohann Lisser et du gérant Alexandre Bordy. À La Vrine, le Monte Cristo 3 s’attend bien évidemment à “une concurrence directe. Notre moyen- ne d’âge se situe entre celle de Valdahon (plus âgée) et des Fins (plus jeune) avec un bon mélan- ge de personnes de 25 à 35 ans” rapporte Bruno Faivre-Rampant, actif dans le milieu de la nuit depuis 24 ans. “Avec cette nou- velle discothèque, seules celles qui ont les reins assez solides res- teront.” Au Diamant Bleu enfin, la boî- te de nuit historique où des géné- rations se sont succédé, on rela- tivise. Créé par la famille Guillet, le Diamant Bleu à Fuans qui a fêté ses trente ans lance au second trimestre 2011 des tra- vaux dans l’une de ses deux salles pour reconquérir les plus de 25 ans. “Il faut se renouveler” , dit Jean Guillet. “Cela ne me déran- ge pas qu’il y ait une ouverture à Pontarlier : c’est normal pour une ville de cette taille. Nous avons peu de clients pontissa- liens du fait de l’éloignement. La concurrence se jouera entre le Monte Cristo 3 et cette nouvelle boîte. Il faut également ajouter à cela la concurrence de Lausan- ne” explique le gérant. E.Ch.

Une nouvelle boîte de nuit s’apprête à ouvrir ses portes à Pontarlier, zone des Grands Planchants.

Le représentant des discothèques “Baisse de 20 % du chiffre d’affaires des discothèques” Les beaux jours des discothèques sont révolus dit en substan- ce Laurent Luste, président national des cafetiers, bars et discothèques. Les banques ne prêtent plus, les contraintes sont élevées. Cʼest à dire : Quel est lʼétat des discothèques en France ? Laurent Luste : On ne peut pas dire quʼelles vont très bien ! Aujour- dʼhui, il en reste 2 800 alors quʼil y en avait encore 10 000 il y a peu. Càd : Après des profits de folie, pourquoi un tel revirement de situation ? L.L. : Toutes ont subi la crise de plein de fouet, de lʼordre dʼune bais- se de 20 à 30 % du chiffre dʼaffaires en 2010. Le réveillon du nou- vel an ne fut pas très bon en terme de fréquentation. Le plus dur fut bien évidemment lʼinterdiction de fumer dans les lieux publics car toutes les boîtes de nuit ont dû investir lourdement dans des fumoirs. Càd : Vous estimez quʼil y a trop de contraintes. Quelles sont vos préconisations ? L.L. : Les contraintes ne se limitent pas à lʼinterdiction de fumer. Aujourdʼhui, il faut un permis dʼexploitation, une formation de trois jours obligatoire, et à au final, la personne ne sait pas si elle pour- ra ouvrir son établissement. Les discothèques sont classées en type P et lʼobtention dʼun permis de construire est toujours difficile. Les agents de sécurité doivent être agréés, les normes incendies sont élevées, etc. Financièrement, cʼest difficile. Il faut également savoir quʼaucun banquier nʼaccorde de prêt pour la création dʼun établissement de nuit. Les banques ne jouent pas le jeu. Recueilli par E.Ch.

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