Journal C'est à Dire 163 - Février 2011

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Gagner plus sans bosser plus… Monnaie Jamais le taux de change n’avait été aussi avantageux que ces der- niers mois pour les travailleurs frontaliers. C’est le bon côté des choses. Problème : quand le franc suisse est fort, les exportations plongent et les entreprises suisses s’inquiètent.

C’ est le bonmoment pour nos voi- sins suisses de venir faire du tourisme dans la zone euro. Jamais leur franc ne s’était autant appré- cié qu’aujourd’hui face à la monnaie unique qui recule. Pour obtenir un euro, ils doivent débourser environ 1,30 C.H.F. contre 1,50 C.H.F. il y a un an et 1,70 C.H.F. en 2007. Si la situation profite à la clientèle suis- se qui consomme en dehors de ses fron- tières, elle profite aussi aux travailleurs

un banquier de la place. Évidemment, plus le salaire est élevé et plus le gain est important. Les frontaliers qui ont eu le nez creux ont bloqué le taux de change sur quelques mois, comme le permettent certaines banques, quand celui-ci était le plus intéressant (1,26 fin 2010). En Suisse, on ne se réjouit pas beau- coup de ce rapport monétaire qui per- turbe l’économie d’un pays dont les entreprises travaillent principalement

frontaliers qui bénéficient en ce moment d’un taux de chan- ge exceptionnel. Le simple jeu des monnaies valorise leurs revenus. Par exemple,

à l’export (60 % des expor- tations se font en direction de l’Union Européenne). La for- ce actuelle du franc suisse est un frein au commerce exté-

Depuis que l’euro est en vigueur, le franc suisse n’a jamais été aussi intéressant pour ceux qui en ont.

“Des risques considérables.”

sur cette situation délicate. Les par- ticipants sont tombés unanimes pour dire que “la cherté du franc suisse par rapport à l’euro et au dollar comporte des risques considérables pour la conjonc- ture suisse. La fermeté du franc suis- se pourrait peser sur la reprise écono- mique.” Selon l’Union Syndicale Suis- se (U.S.S.), la crise du franc menacerait plus de 100 000 emplois.

Il est donc temps selon les autorités suisses que la tendance s’inverse. Dans le cas contraire, la santé des entreprises serait directement menacée. “Cela ne peut être que temporaire expliquent les services de la Mutuelle La Frontalière à Morteau. À long terme, ce n’est pas sain, et les frontaliers en ont conscien- ce. Ce qui nous importe, c’est que les entreprises suisses se portent bien pour

qu’elles garantissent les emplois et conti- nuent à en créer.” Il semblerait que certains secteurs soient moins pénalisés que d’autres par la hausse du franc suisse, dont celui de l’horlogerie. Mi-février, le Conseil Fédé- ral Suisse a pris un certain nombre de mesures pour épauler certains secteurs en difficulté comme le tourisme. T.C.

une personne qui a un salaire mensuel de 3 000 C.H.F. perçoit 2 325 euros au taux de change actuel (environ 1,29), soit 325 euros de plus que si le taux de change était resté à 1,50 comme il y a un an. “Certains clients arrivent à couvrir le remboursement d’un prêt voi- ture grâce au seul taux de change” note

rieur. En 2010, l’excédent commer- cial a reculé de 3,8 %, conséquence de la hausse du franc suisse face à l’euro. Le 14 janvier, Jean-Daniel Gerber, secré- taire d’État à l’économie, a convoqué le comité de la Commission de la poli- tique économique pour faire le point

Nos cousins les Suisses Conférence-débat Finalement, la frontière entre la Franche-Comté et l’Arc Jurassien Suisse n’est- elle pas de trop ? La question, volontairement excessive, met en exergue les ressemblances et les dissemblances entre ces deux territoires limi- trophes. Le public est invité à en débattre lors d’une soirée organisée dans le cadre du Forum Transfrontalier le 10 mars à Besançon.

F ranche-Comté et Arc Jurassien Suisse, même pays ? Drôle de question. A priori , la seule exis- tence de la frontière entre ces deux territoires devrait être une preuve suffisante pour faire tour- ner court le débat en l’arrêtant sur un “non”. Mais à y regarder de plus près, si l’on dépasse le cadre institutionnel, on s’aperçoit que ces deux régions limitrophes partagent un certain nombre de points communs, à commencer par leur langue, qui sont des fac- teurs favorables à une coopé- ration transfrontalière renfor- cée. Vue sous cet angle, la répon- se à cette question, passionnante Repère : Le Forum Transfrontalier est un groupe citoyen né en Suis- se. Il fédère sur des cycles de conférences annuels des acteurs de différents secteurs dʼactivité qui, lors de débats, font émerger des idées sur des problématiques trans- frontalières.

au demeurant, est beaucoup plus complexe à apprécier. Le Forum Transfrontalier consacre son cinquième cycle thématique à ce débat qu’il a ouvert à La Chaux-de-Fonds, au Club 44, en septembre dernier.

blances et nos dissemblances se sont assises dans le temps. A par- tir de là, nous pourrons imagi- ner des manières de mieux coopé- rer” précise Alexandre Moine, vice-président du ForumTrans- frontalier et professeur à l’Université de Franche-Comté.

La réflexion va se pour- suivre le jeudi 10 mars, en public, à Besançon, lors d’une soirée orga- nisée à l’amphithéâtre de la C.C.I. du Doubs. Plusieurs intervenants,

“Imaginer des manières

La Suisse n’est pas dans l’Europe, “mais elle cherche des points d’appui extérieurs. Nous avons la chance d’avoir

de mieux coopérer.”

dont des professeurs de socio- logie et d’histoire de l’Université de Franche-Comté et de celle de Neuchâtel, vont prendre la paro- le sur le sujet et tenter d’apporter un éclairage sur ce territoire transfrontalier. “Nous allons par exemple nous interroger sur le rôle des acteurs économiques. Sur le plan de l’horlogerie, ces deux territoires partagent un savoir-faire commun. Le thème des migrations va être abordé. Le fait que des Français s’installent en Suisse et inver- sement, peut-il permettre de créer une identité commune ? L’objectif de cette rencontre est de com- prendre comment nos ressem-

un voisin riche. Il y a un intérêt à voir ce que l’on peut faire avec lui” poursuit le professeur bison- tin. Depuis la signature des accords bilatéraux, la frontière s’estompe sous certains angles au béné- fice, entre autres, de la libre cir- culation des personnes. Cette ouverture favorise la coopéra- tion entre l’Arc Jurassien et la Franche-Comté. Les travailleurs frontaliers sont les vecteurs d’une culture commune. “Le frontalier est hybride. Il est toujours Fran- çais, mais quand il travaille en Suisse 8 à 10 heures par jour, il finit par s’approprier cette cul- ture” poursuit Alexandre Moi-

Alexandre Moine, vice-président du Forum Transfrontalier et professeur à l’Université de Franche-Comté.

ne. Administrativement, la fron- tière est toujours là. “Mais pour des frontaliers, pour des ran- donneurs, pour des usagers des transports en commun qui uti- lisent le train pour aller de Besançon au Locle, elle n’existe plus.” Des similitudes évidentes exis- tent donc entre la Franche-Com- té et l’Arc Jurassien suisse. Elles devraient permettre d’aller enco- re plus loin dans une démarche

coopérative. Mais à l’inverse, la frontière engendre aussi des effets indésirables. Alors que nous ne partageons pas la même monnaie que nos voisins hel- vètes, les entreprises françaises peinent à retenir leur main- d’œuvre qui a un intérêt finan- cier à aller travailler en Suis- se (le taux de change n’a jamais été aussi avantageux). Par rico- chet, le pouvoir d’achat des fron- taliers influence de nombreux

secteurs, à commencer par celui de l’immobilier dont les prix qui battent des records dans un ter- ritoire comme le Haut-Doubs deviennent inaccessibles pour les revenus les plus modestes. T.C. Renseignements : Jeudi 10 mars à 19h30 Amphithéâtre de la Chambre de Commerce et de l’Industrie

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