Journal C'est à Dire 163 - Février 2011

É C O N O M I E

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L’entreprise Grosso à l’heure de Bâle Spécialisée dans l’agencement, la société mortua- cienne sera présente plusieurs jours avant le début du salon international de l’horlogerie et de la bijou- terie pour installer, entre autres, un stand luxeux pour le compte d’un de ses clients. Morteau

Christian Jouillerot et toute son équipe vous souhaitent une bonne année 2011

Laurent Grosso : “Au total depuis 1992, nous nous sommes déplacés à Bâle pour une vingtaine de clients différents.”

D u 24 au 31 mars, tous les professionnels de l’horlogerie et de la joaille- rie se donnent rendez-vous à Bâle. Pendant une semaine, les grandes marques rivalisent avec des stands plus somptueux les uns que les autres pour présenter leurs modèles, accueillir leurs clients et faire des affaires. Mais avant cette date, le salon ressemble à un grand chantier. Une fourmilière aux mains des agenceurs qui s’activent pour monter les stands de leur(s) client(s). L’entreprise Grosso de Morteau sera sur place. Cela fait vingt ans maintenant qu’elle fabrique des stands, des vitrines

18 €

et du mobilier pour les grandes maisons du luxe. La Foire de Bâle est un des temps forts de son activité. Elle détache six collaborateurs pour répondre aux attentes de cinq clients qui sollicitent ses ser- vices. “Pour l’un d’eux, nous allons installer un stand de 11 mètres par 7, sur 10 mètres de hauteur. Les élements qui le com- posent sont transportés en cais- se dans douze semi-remorques. Par ailleurs, nous avons aussi dix vitrines spéciales à fabriquer pour ce salon” indique Laurent Grosso, responsable de la socié- té éponyme. Deux semaines de travail au moins seront néces-

saires pour assembler la struc- ture. “Chaque stand à Bâle est un petit bâtiment, climatisé, qui respecte toutes les normes” pré- cise encore l’agenceur. Plus de 2 000 sociétés présen- tent leurs nouvelles collections et leurs innovations au Basel- world. Ce sont donc des cen- taines de camions qui avant l’événement viennent livrer des équipements pour les besoins des exposants. “Tout est parfai- tement organisé. C’est la préci- sion suisse” reconnaît Laurent Grosso. Une fois le salon termi- né, rebelote, toutes les struc- tures seront démontées jusqu’à l’année suivante. En général, les marques gardent leurs stands entre cinq et dix ans avant de les renouveler. L’entrepreneur mortuacien ne tient pas à dévoiler l’identité des clients qui lui font confiance et encore moins les budgets qu’ils engagent dans la conception de ces majestueuses boutiques amo- vibles. Dans le monde du luxe, la discrétion est appréciée. “C’est une forme de respect vis-à-vis

d’eux. Ils nous confient des pro- jets d’avant-garde, des nouvelles lignes de meubles, des présen- toirs de montres, tout cela doit rester confidentiel. Par leurs exi- gences, ils nous poussent à trou- ver de nouveau matériaux, de nouvelles techniques, de nou- veaux éclairages. C’est le savoir- faire global de la société qui pro- gresse. En cela, c’est valorisant de travailler pour le luxe car on participe finalement à des évé- nements prestigieux dans des endroits prestigieux.” Ces défis plaisent à Laurent Grosso dont l’entreprise emploie une quinzaine de salariés com- pétents. Elle est dotée d’un parc machine performant. Mais il ne les relève pas seul. Tant que pos- sible, il y associe des artisans locaux qui ont des savoir-faire spécifiques dans les domaines de l’électricité, de la miroiterie par exemple pour donner corps à des idées. Ces créations à l’effigie des grandes maisons du luxe feront parfois le tour du monde. T.C.

55 €

L’intérieur d’un stand réalisé par l’entreprise Grosso, en partenariat avec des arti- sans locaux.

Energizer : plus de 200 emplois en suspens Coup de massue sur l’emploi des montagnes neuchâteloises avec la fermeture éven- tuelle du site Energizer de La Chaux-de-Fonds. Si la nouvelle se confirme, ce serait la plus massive opération de licenciement de ces dernières années. La Chaux-de-Fonds

S i à l’issue de la période de consultations la mauvaise nouvelle se confirme, on aurait affaire au plus gros licenciement collectif de ces trente dernières années dans les mon- tagnes neuchâteloises. Le groupe Energizer (fabri- cant de piles) a annoncé le 9 février dernier “à grand regret” précise la direction, l’ouverture d’une période de consultation des travailleurs à l’usine de production et d’emballage de La Chaux-de- Fonds, “suite à un projet de fermeture potentiel- le de son usine de production de piles alcalines et d’emballage.” Cette période de consultation doit s’achever “le 4 mars”, précise Marie-Hélène

Hancock, chargée par le groupe de communiquer autour de cette affaire. Elle ajoute : “Après le 4 mars, il y aura encore quelques jours pour fina- liser la décision.” L’usine de La Chaux-de-Fonds emploie 226 per- sonnes, dont une quarantaine de travailleurs fron- taliers français. La direction d’Energizer précise, mince consolation, qu’en cas de mise en œuvre du projet, “ces collaborateurs bénéficieraient de mesures d’accompagnement comprenant notamment des indemnités de départ, un support professionnel en services de transition de carrière et un program- me de retraites anticipées.” Le site chaux-de-fonnier serait la victime du vas- te plan de restructuration décidé en novembre

Le site Energizer de La Chaux-de-Fonds emploie 226 personnes.

touchés dans le cadre de plans sociaux.” De son côté, le conseil communal de La Chaux- de-Fonds a immédiatement réagi à l’annonce de ce projet. “Cette fermeture toucherait également nombre d’autres personnes indirectement, étant donné l’implication de l’entreprise dans la région, qu’il s’agisse de mandats de sous-traitance ou d’aides directes et indirectes à la vie culturelle et associative” déplore Laurent Kurth, le président de la ville qui veut toutefois positiver : “Il faut souhaiter toutefois que la situation économique en bonne amélioration offrira de réelles pers- pectives de replacement pour les personnes qui seraient licenciées.” Les autorités communales étaient au courant des réflexions en cours sur la réorganisation des sites du groupe produisant des piles alcalines. Le Conseil communal était intervenu auprès de la promotion économique cantonale pour qu’elle incite le groupe à fabriquer d’autres de ses pro- duits en son site de La Chaux-de-Fonds. Appa- remment en vain. J.-F.H.

agressif.” Le projet de fermeture de l’usine de La Chaux-de- Fonds découle directement de ce plan de restruc- turation à l’échelle mondiale. C’est aussi lié au fait que “les coûts de production en Suisse sont les plus élevés du groupe et que le groupe connaît un excédent de sa capacité de production dans le segment des produits alcalins.” À l’annonce de ce plan, les syndicats ont immé-

dernier par la maison-mère du groupe Energizer, basée à Saint-Louis, Mis- souri (États-Unis). L’idée de la direction générale est, naturellement, d’améliorer “la compétitivité du groupe en accélérant ses investissements dans les zones, y com- pris géographiques, à forte croissance

diatement réagi. Même si “le syndicat Unia a choisi de ne pas participer aux discussions du fait que les salariés Ener- gizer n’adhéraient pas au syndicat” précise M me Hancock, celui-ci s’est for- tement mobilisé. Une réunion s’est tenue à la Maison du Peuple de La

Devoir payer “des montants colossaux en termes d’impôts.”

Chaux-de-Fonds le 14 février. Lors de cette réunion, les salariés Energizer ont vivement dénoncé le fait de devoir payer “des montants colossaux en termes d’impôts” sur leurs indemnités de licencie- ment. Ils ont lancé aux autorités cantonales “un appel pressant pour une imposition plus légère et donc socialement plus acceptable des montants

pour ses produits, en améliorant l’efficacité admi- nistrative, et en rationalisant les opérations de pro- duction au niveau global.” Pour justifier de maniè- re plus concrète ce plan, la direction apporte d’autres arguments : l’évolution technologique des appa- reils et ses conséquences sur le segment des piles primaires, et “un environnement concurrentiel

Le secteur des piles alcalines est en crise.

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