Journal C'est à Dire 161 - Décembre 2010

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É C O N O M I E

Décathlon : au client de choisir son camp L’arrivée de Décathlon à Pontarlier en 2011 suscite deux états d’esprit chez les commerçants spécialistes du sport : du découragement, ou la volonté de prouver qu’ils n’ont rien à envier au “géant” du sport. Pontarlier

E n sport, comme en com- merce, inutile de se fier au pronostic. C’est seu- lement une fois le coup de sifflet final que l’on désigne un vainqueur. Dans ce match, quel sera le grand gagnant ? Décath-

lon ou les autres commerçants pontissaliens ? Voire les deux ? L’avenir le dira. Bien qu’elle n’ait pas encore débuté sur le terrain, l’opposition entre Décathlon et les com- merces spécialisés dans le sport

à Pontarlier fait transpirer depuis le 25 octobre, date de l’acceptation de la commission d’aménagement commercial (C.D.A.C.) d’accueillir “l’hypermarché” du sport sur une surface de 1 998 m 2 . Les commentaires affluent. Seule la direction de Décathlon, encore prudente, n’a pas souhaité évo- quer sa future venue qui pour- rait être effective l’an prochain. À l’inverse, les commerçants locaux sont plus prolixes. Armu- riers, magasin de pêche, ven- deurs de cycles et bien sûr maga- sin de sports seront forcément impactés, même si chacun d’eux a de forts arguments pour gar- der sa clientèle. Installé zone des Grands-Plan- chants à Pontarlier, le magasin Intersport - concurrent direct de Décathlon - s’attend à un début difficile, surtout dans un premier temps : “Toutes les études le prouvent : quand ce genre de magasin s’installe, c’est moins 30 % d’activité pour les autres. Forcément, des commerces

“Je ne pense pas que tous les Français ont envie d’être habillés avec une étiquette bleue” ironise Philippe Jeanmonnot, de Sport Aventures Morteau.

perdu d’avance” conclut Olivier Chavanne. De son côté, Philippe Jeanmon- not - directeur du magasin Sport Aventures basé à Pontarlier mais aussi à Morteau (anciennement Bobby Sport) - vit l’arrivée du magasin à l’étiquette bleue “sans

à Pontarlier vont mourir !” com- mente Olivier Chavanne, le res- ponsable du magasin de 1 200 m 2 employant 20 personnes. Selon lui, la zone de chalandise pon- tissalienne ne serait pas assez importante pour assurer la sur- vie de tous les commerçants,

pas se morfondre mais mettre l’accent sur notre diversité. Je ne pense pas que tous les Fran- çais ont envie d’être habillés avec une étiquette bleue !” Philippe Jeanmonnot confie que la baisse des ventes pourrait être plus importante à Morteau. “À nous encore de fidéliser nos clients avec les produits ou en signant par exemple des parte- nariats. Nous aidons certains clubs - soit financièrement ou matériellement - en participant à leur club affaire. Je ne crois pas que Décathlon soit dans cet- te politique…” À ce petit jeu de la concurren- ce, aux clients de choisir leur camp. E.Ch.

sachant que la clien- tèle suisse n’est pas si importante que l’on veut bien le faire croi- re. Le directeur dit avoir mis en stand-by un projet d’extension

animosité particu- lière” dit-il. La marque de fabrique de son magasin, c’est le haut de gamme et des produits que les autres n’ont pas, que

“Jouer la concurrence frontale, c’est perdu d’avance.”

de son magasin et prévoit de miser sur la qualité d’accueil ou une offre encore plus qualita- tive pour tirer son épingle du jeu, car “jouer la concurrence frontale face à Décathlon, c’est

ce soit dans les domaines du ski, habillement, randonnée, sport extrême… “La venue de Décath- lon nous a remontés comme des horloges, lance le profession- nel de la montagne. On ne va

Intersport Pontarlier s’attend “à une baisse de 30 % de son activité”, calcule le directeur Olivier Chavanne.

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