Journal C'est à Dire 161 - Décembre 2010

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V A L D E M O R T E A U

Climat

FÉVRIER 1990 : LE VAL DE MORTEAU BLOQUÉ PAR LA CRUE DU DOUBS Des routes coupées, des caves inondées, des automobilistes en perdition, la crue du Doubs de février 1990 a marqué l’histoire du Val de Morteau. Bernard Lambert, qui à l’époque commandait le centre de secours de Morteau, nous fait revivre cet événement exceptionnel. Photos Bernard Lambert.

Spectacle de désolation dans la zone comerciale de Morteau.

Du samedi 10 au lundi 12… la neige De fortes précipitations génèrent une importante couche de neige lourde et mouillée sur toutes les montagnes du bassin-versant du Haut-Doubs. Mardi 13… brusque changement de météo La température augmente brutalement et la pluie se met à tomber sans discontinuer. L’épais manteau neigeux fond à vitesse impressionnante. Mercredi 14… montée des eaux et premiers secours La pluie a redoublé d’intensité. À titre préventif, j’effectue une reconnaissance sur le secteur des Fins. Je constate que des ruisseaux se sont formés là où rien ne coule habituellement. Sur le reste du Val de Morteau, de petits affluents du Doubs se sont transformés brusquement en véritables torrents, arrachant tout sur leur passage. Mercredi 14… une automobiliste secourue La première intervention d’une longue série a lieu aux abords de la centrale à béton S.B.M. à Mor- teau. Une voiture est emportée par le flot de “la Tanche”. La conductrice du véhicule est mise en sécurité par des plongeurs du centre de secours. À Grand’Combe-Chateleu, la crue du Beugnon pro- voque la chute d’une ligne à haute tension sur la scierie Boillot. Un incendie se déclare, il est rapi- dement maîtrisé par les sapeurs-pompiers du centre de première intervention. Mercredi 14… L’eau monte encore Le Doubs continue à monter à une vitesse rarement observée. Les appels affluent au standard du centre de secours. Craignant le pire pour les heures à venir, je fais contacter l’ensemble des personnels du centre de secours travaillant en Suisse. Mercredi 14 février… routes coupées en soi- rée La D.D.E. m’informe que la D. 461 Morteau-Villers- le-Lac et la D. 48 Morteau-Montlebon sont coupées. J’informe le Directeur Départemental des Services d’Incendie et de secours de la situation, tout en lui faisant part de mon inquiétude pour les heures et les jours à venir. Celui-ci me répond que je suis alarmiste. La suite des événements lui prouvera le contraire. Jeudi 15 février…Morteau se réveille les pieds dans l’eau La population du “Bas de Ville” se réveille les pieds dans l’eau (rue René-Payot et rue de l’Helvétie). Le rivière monte toujours. Des frontaliers ne se sont pas rendus au travail ce matin. Heureusement car dans la matinée, la route qui mène vers la Suisse est coupée à hauteur du pont de Villers-le-Lac. Des camions de remblai sont acheminés pour rehaus- ser la route d’accès au pont et rétablir la circula- tion.

Dans le même temps, la D. 47, l’axe principal qui permet d’accéder à Grand’Combe-Chateleu est cou- pée à son tour, ainsi que la D. 437 à la sortie de Mor- teau en direction de Pontarlier. Le standard du centre croule sous les appels. Dans les caves, tout en est sens dessus dessous, y com- pris les cuves à mazout ce qui génère de la pollu- tion. Nous dégageons 17 véhicules dans des garages et sur la place de la patinoire. Parmi les entreprises les plus touchées, on compte l’épicerie Puig, rue René-Payot et l’imprimerie Genre place de la Pati- noire. Jeudi 15 février… 12 h 30, un canular de mau- vais goût On nous signale un feu de cheminée à Montle- bon. Impossible de nous y rendre même avec un véhicule hors chemin. Alors nous lançons l’appel au centre de secours de Villers-le-Lac qui peut se rendre sur place en passant par le Chauffaud et la route des crêtes. Mais des arbres couchés sur la voie les empêchent de passer. Finalement, ce sont les pom- piers de Grand’Combe-Chateleu qui interviennent. Quand ils arrivent sur place, pas le moindre feu de cheminée à l’adresse indiquée. La plaisanterie n’a pas eu de conséquences graves, mais elle nous a pris du temps et de l’énergie à un moment où nous avions d’autres problèmes à résoudre. Jeudi 15 février… l’après-midi, une personne secourue à Montlebon C’est dans une embarcation que nous allons cher- cher une personne dans une habitation isolée sur la commune de Montlebon. Malade, elle doit subir un traitement à l’hôpital. Une ambulance nous attend sur la rive et la prend en charge. Le soir, cet- te personne rentrera chez elle. Jeudi 15 février… la rue René-Payot est impra- ticable Une des artères principales de Morteau est impra- ticable. L’eau recouvre le rond-point du Château. Le niveau de l’eau dépasse la barre transversale des buts du stade de foot. Tous les pompiers sont exténués par ces deux journées intenses. Le ciel se dégage peu à peu. La pluie cesse enfin ! La nuit, la décrue commence. Vendredi 16 février… Les pompiers sont appe- lés en renfort à Besançon Après Morteau, comme je l’avais prédit, c’est tour des secteur de Montbéliard et de Besançon d’être touchés par les inondations. Des renforts de tout le département sont appelés. Vers 3 heures du matin, les pompiers de Morteau sont sollicités pour venir épauler ceux de Besançon. Un détachement de trois hommes équipés d’une motopompe est affecté à l’épuisement des caves de la préfecture. Ils seront félicités par Jean-Pierre Chevènement, ministre de la Défense, venu faire un état des lieux.

Le pont de la Roche.

Le pont de Morteau.

La Combe-Geay.

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