Journal C'est à Dire 160 - Novembre 2010

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P O L I T I Q U E

Le groupe U.M.P. bientôt sans tête La présidente du groupe U.M.P. au Conseil régional, Sylvie Vermeillet, décide de quitter l’U.M.P.. Selon elle, les partis ont perdu leur légitimité. Qui pour la remplacer ? Conseil régional

sation, qui est une bonne chose, c’est qu’on n’a jamais permis aux gens de s’approprier les nouvelles collectivités. C’est pourquoi il faut reprendre le tra- vail de fond sur la base des communes. Les maires ont un gros travail de péda- gogie, je souhaite m’y consacrer à fond. Je veux montrer l’exemple” ajoute cet- te partisane du mandat unique. Alors quel avenir pour le groupe d’opposition à la Région ? Sylvie Ver- meillet pourrait très bien en rester la présidente, même sans étiquette, mais elle sait que les choses sont ain- si, et que l’appareil ne le tolérera peut- être pas. “Je ne veux pas mettre mes collègues au pied du mur. Je leur lais- se évidemment le temps de la réflexion.” Le départ précipité d’Alain Joyandet avait déjà jeté le trouble au sein de la droite régionale. Si Sylvie Vermeillet doit quitter la tête du groupe d’opposition à la Région, c’est un nou- veau coup dur pour l’U.M.P. Pour la remplacer le cas échéant, le maire de Morteau Annie Genevard pourrait être bien placé ? Le veut-elle ? Elle n’a pas encore répondu à cette interrogation. Et si le discours de Sylvie Vermeillet sur la désaffection des citoyens de la chose publique, sur le rôle des élus locaux, sur le nécessaire rebond démo- cratique, n’était pas entendu ? Syl- vie Vermeillet sait qu’elle ne fera pas de politique toute sa vie, elle est d’ailleurs prête à abandonner toute fonction d’élue. J.-F.H.

D epuis le début de l’été, elle réfléchit, elle lit, analyse, retourne ses convictions dans tous les sens, replonge dans l’histoire de la démocratie à la lumiè- re d’auteurs lumineux comme Toc- queville, tente de trouver une expli- cation à la désaffection croissante des électeurs. La défaite aux régionales de mars dernier a eu ce mérite pour elle : l’amener à se poser des questions. “On n’apprend rien d’une victoire et c’est justement dans la défaite qu’on doit être amené à se poser les bonnes ques- tions” justifie Sylvie Vermeillet. On la considéré comme aux États-Unis, c’est- à-dire comme une machine à gagner les élections alors que l’objectif même d’un parti est d’être à mon sens un lieu de débat. Il n’en est rien” constate-t- elle pour justifier sa décision. Pour autant, elle n’est fâchée avec aucun de ses collègues de l’U.M.P. à la Région. Ces derniers mois, Sylvie Vermeillet a décortiqué tous les chiffres de l’abstention aux élections pour en arri- ver à ce “douloureux constat” : 77,9 % de participation aux élections régio- nales de 1986, 68,6 % six ans plus tard, sent même quelque part soulagée par la décision qu’elle vient de prendre de ne pas renouveler son adhésion à l’U.M.P. “Je me suis aperçu que de plus en plus le parti était

même score en 2004 et nouvelle chu- te en 2010 pour atteindre à peine 57,95 %. “Alors qu’entre 2004 et 2010, le nombre d’inscrits augmente de 26 981 en Franche-Comté et le nombre de votants de 67 775. Soit une évapora- tion de 86 820 électeurs (au taux de participation de 2004)” calcule l’élue jurassienne. Pire : à l’heure où les ins- criptions sur les listes électorales sont ouvertes, de moins en moins de citoyens prennent la peine de remplir cette for- malité. “L’abstention est donc pire que ce qu’on dit car les gens ne veulent même plus s’inscrire sur les listes !” Toujours avec sa calculette - elle est comptable de formation - Sylvie Vermeillet a additionné les voix U.M.P. et P.S. aux dernières régionales en Franche-Com- té. Les deux partis majoritaires tota- lisent à eux deux à peine 33 % de la population, “ce qui interroge vrai- ment sur la capacité des partis actuels à mobiliser, voire sur leur fonction” dit- elle. Alors pour être totalement libre, elle décide de quitter le parti qu’elle avait intégré en 2001. Libre pour se consa- crer pleinement, au-delà des partis, à sa mission de présidente de l’association des maires du Jura qu’elle assume depuis 2006. Car pour elle, “les communes sont l’incarnation de la démocratie. On a beau décentraliser, les citoyens ne voient pas la différence. Un des grands ratés de la décentrali-

“Je suis prête à remettre en cause mon avenir politique.”

Sylvie Vermeillet quitte l’U.M.P., bientôt la présidence du groupe au Conseil régional ?

É C O N O M I E

Lacoste, 100 ans de bâtiment L’entreprise de bâtiment et travaux publics basée à Maîche fait figure de village gaulois dans un secteur aspiré par les grands groupes nationaux. Elle a soufflé sa centième bougie. Maîche

I ls étaient environ 500 dans une salle des fêtes de Maîche pleine à craquer. Anciens clients, parte- naires, élus, salariés, tous avaient répondu à l’invitation de Bruno Lacoste, patron de l’entreprise de bâtiment et tra- vaux publics du même nom qui fêtait le mois dernier 100 ans d’existence. Pour l’anecdote, seules deux entreprises en Fran- ce travaillant dans ce secteur posséderaient un siècle d’expérience dans ce domaine.

À l’heure où les groupes natio- naux rachètent les “petits”, Lacoste tient bon. Lorsqu’il est monté sur l’estrade devant un parterre d’invités et d’élus, le patron Bruno a rappelé les bons

avaient revêtu la même polaire avec ce sigle “Team Lacoste”. “Oui, on est fier de travailler pour cette entreprise qui a su res- ter familiale” déclarait un ouvrier, salarié depuis plus de

Saint-Hippolyte à Damprichard avec son matériel sur le dos. Ses premiers coups de pioche inter- viennent en 1910. Fils de Raoul, Jean reprend le flambeau en 1945 avec son père avant de diri- ger, seul, l’entreprise à partir de 1955. Il s’engage dans l’armée après la visite du général De Gaulle à Maîche et assure l’expansion de Lacoste durant vingt-cinq ans avant la reprise par Bruno, le fils, en 1980. Le papa, toujours bon pied bon œil, continue

et les mauvais moments. Il a sur- tout remercié son père Jean du travail accompli et invité ses

vingt ans. Puis vint le temps de la fête. Dans un show milli- métré, les animations musicales se sont suc-

“Trois générations… et après.”

cinquante salariés - et les anciens - à le rejoindre, comme pour mon- trer que Lacoste, c’est avant tout une famille. Pour l’occasion, tous

cédé. Une organisation en béton pour une aventure qui a com- mencé avec Raoul, le grand-père, menuisier charpentier arrivé de

L’entreprise Lacoste à ses débuts, avec les fondateurs.

chaque jour à rendre visite à “ses hommes”. Un bonjour, un petit mot, le “papy” est toujours présent même s’il avoue ne plus se rendre sur les chantiers. Trois générations à la tête de l’entreprise, à quand la qua- trième ? “Je n’impose rien. J’ai un fils qui n’a pas choisi cette

voie” déclarait le président-direc- teur général, félicité par les élus, du maire de Maîche Joseph Par- renin à la conseillère générale Christine Bouquin, qui ont recon- nu “les valeurs” de la société et le souci du travail bien fait. E.Ch.

Les cinquante salariés de l’entreprise réunis autour de Bruno Lacoste (à gauche de côté) et Jean, le papa.

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