Journal C'est à Dire 160 - Novembre 2010

29

P A Y S D E P I E R R E F O N T A I N E

Avoudrey L’entreprise S.I.S. va créer 300 emplois Installée à Avoudrey, cette société qui fabrique des produits de maroquinerie pour de grandes mai- sons de luxe et des bracelets pour les manufactures horlogères suisses entre dans l’ère industrielle. Les sollicitations de ses grands donneurs d’ordres la poussent à se développer. Au programme, 300 créa- tions d’emplois et l’ouverture d’un nouveau site de production à Valdahon

E n dix ans, grâce à son savoir-faire dans la maroquinerie, l’entreprise S.I.S. d’Avoudrey est deve- nue un sous-traitant majeur des maisons du luxe françaises et des manufactures suisses d’horlogerie auxquelles elle fournit des brace- lets. Après une année 2009 éco- nomiquement difficile (son chiffre d’affaires a certes progressé de 3% par rapport à 2008,mais elle beau- coup investi, dont 2,4 millions d’euros dans une plateforme logis- tique), cette société s’apprête à clo- re l’année 2010 sur unbilan excep- tionnel. “Le chiffre d’affaires de S.I.S. progresse de 45 %. Il est de 25 millions d’euros. La maro-

quinerie représente 60 %, l’horlogerie 30 % et la bijou- terie 10 %. Nous avons embau- ché 98 personnes les 12 derniers mois, ce qui porte à 350 le nombre de salariés, et nous avons ache- té 100 machines à coudre” indique Jean-Pierre Toto, direc- teur général. Le marché du luxe paraît échap- per à la récession qui frappe encore d’autres secteurs indus- triels. Même s’il reste prudent sur les perspectives 2011, Jean- Pierre Tolo annonce que S.I.S. va entrer dans une nouvelle pha- se de développement pour les trois prochaines années. “Il est prévu que l’on double l’activité et que l’on crée une centaine

d’emplois par an. Nous sommes dans une ère d’entreprise indus- trielle” dit-il. La direction réfléchit donc aux outils à mettre en œuvre pour

de formation. Nous voudrions que cet outil devienne un sas où tout nouveau salarié viendrait acquérir un savoir-faire pendant huit à dix semaines avant

accompagner cette crois- sance dans les meilleures conditions. Ses besoins sont d’abord structurels. Déployée dans cinq bâtiments à Avoudrey, S.I.S. va

d’intégrer une des unités de produc- tion.” Pendant ce laps de temps, les nouvelles recrues s’imprégneraient de la culture de

“Faire venir de la main- d’œuvre de Besançon.”

s’étendre àValdahon où elle occu- pera d’anciens locaux industriels. Elle a sollicité pour cet inves- tissement le concours du Conseil général du Doubs. “Ce futur site de production a une situation géographique centrale. Nous allons pouvoir organiser des transports en commun pour fai- re venir de la main-d’œuvre de Besançon” poursuit le directeur général. La question des ressources humaines est centrale dans ce projet. S.I.S. est en recrutement permanent. Un partenariat avec Pôle emploi et le Conseil régio- nal de Franche-Comté est en place. Mais toute la difficulté est de trouver du personnel qua- lifié. À défaut, cette entreprise veut pouvoir offrir la possibili- té à des candidats à l’emploi de se former en interne. “Nous avons créé notre propre atelier

l’entreprise. “Il est possible que cette formation soit qualifiante.” À terme, elle pourrait même devenir diplômante. Tous les salariés de S.I.S. pourraient y prétendre. Le management évolue lui aus- si. “Réussir une telle progression nécessite beaucoup de réflexion, d’anticipation et d’imagination. Pour éviter les erreurs, nous avons décidé de nous entourer de com- pétences et d’intelligences exté- rieures à l’entreprise. Il faut adap- ter l’organisation en permanen- ce. Nous avons deux coaches qui accompagnent les cadres.” Les salariés sont associés à une com- mission qui travaille à l’amélioration du cadre de vie dans l’entreprise. Un plan d’action est engagé pour dimi- nuer les troubles musculo-sque- lettiques en travaillant sur l’ergonomie des postes. Un ingé-

Jean-Pierre Tolo (au centre) directeur général de S.I.S. En compagnie de Christian Parrenin, P.D.G., et Claude Jeannerot président du Conseil général du Doubs.

nieur chimiste a rejoint l’équipe. Il réfléchit au moyen d’éliminer les colles solvantées. Il y a des attentes par rapport au trans- port en commun. À Avoudrey, le personnel se déplace d’un site à l’autre à vélo. Bref, cette socié- té est fidèle à sa devise : “S.I.S. Maroquinier responsable et durable”. L’entreprise dispose de deux autres sites de production dont un en Chine (300 salariés) et l’autre à Madagascar qui comp- te autant de collaborateurs. De l’extérieur, on est tenté d’imaginer que pour des raisons de coût, S.I.S. aurait intérêt à délocaliser sa production dans

ces pays low cost , plutôt que de la maintenir en France. Et bien non. Jean-Pierre Tolo le dit tout net : “Nos clients veulent du Made in France. C’est une question d’image et de qualité. La maroquinerie et la sellerie française sont mondialement reconnues et en particulier en Asie. En revanche, nous fabri- quons en Chine et à Madagas- car des composants nécessaires aux produits confectionnés à Avoudrey, ainsi que des produits finis pour des clients qui veu- lent un prix et de la qualité mais n’exigent pas le “Made in Fran- ce.” T.C.

Le Made in France aurait de l’avenir dans la maroquinerie.

Made with FlippingBook - Online catalogs