Journal C'est à Dire 160 - Novembre 2010

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V A L D E M O R T E A U

Du champagne et un café pour le Général De Gaulle Le 24 septembre 1944, venu inspecter le front de l’est, le Général de Gaulle a participé avec les cadres de l’état-major à une séance de travail. Elle s’est déroulée dans la maison Boillot, réquisitionnée pour l’occasion. Grand’Combe-Chateleu

L a photographie n’est pas de très bonne qualité, mais elle est d’un intérêt his- torique. En arrière-plan, on dis- tingue un homme d’une forte sta- ture, en habit militaire. C’est le Général De Gaulle. Il est debout, devant le perron d’une maison, en discussion avec deux hommes. La photo est prise à Gran-

d’Combe-Chateleu, la maison est celle de la famille Boillot à côté de l’église, les deux hommes en question sont Zéphyrin Jacquet, le maire du village et Félix Ber- tin son adjoint. Nous sommes le 25 septembre 1944. La libération est en marche, les troupes allemandes reculent. Le Général De Gaul-

le accompagné des cadres de l’état-major dont le Général De Lattre de Tassigny, est venu ins- pecter le front de l’Est. L’histoire raconte que l’ambassadeur amé- ricainWilliam Bullitt était éga- lement présent. “Il ne manquait que Churchill” sourit un des- cendant de la famille Boillot qui garde précieusement cette pho- to avec une certaine fierté. Sa valeur sentimentale est d’autant plus forte aujourd’hui que par- tout en France on rend hom- mage au Général à l’occasion du quarantième anniversaire de sa mort. Ce passage discret de Charles De Gaulle à Grand’Combe-Cha- teleu a nourri la légende popu- laire. Beaucoup de choses ont été dites sur le motif de sa visi- te. On a raconté qu’il était venu là par amitié pour Félix Boillot, professeur à Londres, qui avait ses racines à Grand’Combe-Cha- teleu. Or, le lien de sympathie entre les deux hommes n’aurait jamais été véritable- ment établi. On a dit également que le Général avait dormi dans cette maison. La vérité est toute autre. “En fait, l’état-major, cherchait une

Plus connu, le passage de De Gaulle à Maîche avec Winston Churchill, le 13 novembre 1944.

dont les deux fils, Pierre et Michel avaient été mobilisés, a refusé de l’abandonner, déci- dée à tenir le domicile familial avec sa belle-fille Alice Boillot. La maîtresse des lieux a été contrainte et forcée d’ouvrir son foyer à ceux qu’elle nommait dans son journal “les indési- rables. Rien à dire, ces messieurs sont les maîtres.” Quatre ans plus tard, ce fut évi-

demment un honneur de rece- voir De Gaulle qui aurait fait quelques pas dans le quartier loin de la foule qui l’avait accueilli le même jour à Mor- teau. “Pierre Boillot a proposé du champagne au Général qui l’a accepté. Ils ont pu prendre aussi un café ensemble dans le salon” , le genre de souvenirs qui ne s’oublient pas. T.C.

maison confortable pour une séance de travail à l’écart de Mor-

teau. C’est ainsi que la maison a été réquisitionnée” confie-t-on dans la famille Boillot. Ironie de l’histoire,

“Il cherchait une maison confortable.”

cette habitation cossue avait été réquisitionnée de la même manière par l’armée allemande en 1940. Marie-Thérèse Boillot,

Charles De Gaulle sur le perron de la maison Boillot à Grand’Combe-Chateleu en compagnie du maire de l’époque et de son adjoint.

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