Journal C'est à Dire 159 - Octobre 2010

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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L’emploi frontalier redémarre Tendances Après un fléchissement fin 2008, le travail frontalier reprend des couleurs. La Suisse est devenue le premier employeur de Franche- Comté, au même niveau que Peugeot à Sochaux.

E n zone frontalière, près d’1,5 sala- rié sur 2 travaille de l’autre côté de la frontière ! Et la moitié de ces frontaliers exerce dans le domaine des microtechniques. Si bien que la crise qu’a traversée l’horlogerie suisse à partir du troisième trimestre 2008 et

La Chaux-de-Fonds, jusqu’à 8 % pour la seule ville de La Chaux-de-Fonds. Conséquence directe : les bassins d’emploi français ont subi à leur tour des hausses du chômage. 7,4 % dans le bassin de Pontarlier, 9 % à Morteau alors que ce même bassin présentait un taux de 3,6 % deux ans auparavant au premier trimestre 2008. Mais de manière structurelle, et mal- gré ces à-coups conjoncturels, l’emploi frontalier n’a cessé de progresser depuis 35 ans. En 1977, 2 300 salariés fran- çais travaillaient en Suisse, ils étaient 19 300 mi-2008, record absolu, avant la chute au cours de l’année 2009. La tendance s’est redressée ces six der- niers mois, signe direct d’un redres- sement de l’horlogerie suisse. J.-F.H.

Le chômage côté français a directement suivi la courbe de l’économie suisse (source C.CI.).

durant toute l’année 2009 a touché de plein fouet le territoire de l’Arc juras- sien. En juin 2010, le chôma- ge suisse y a atteint des

“Des lettres de soutien.”

Train Le Paris-Berne de plus en plus fragilisé L ors des derniers états géné- raux de lʼaire Mont dʼOr-Chas- seron organisés à Pontarlier nʼa fait que renforcer les craintes des élus du Haut-Doubs sur lʼavenir du Paris-Berne qui sera donc concur- rencé par ces deux autres lignes qui mettront Paris à moins de 3 heures de la Suisse.

records. Le canton de Neuchâtel attei- gnait 5,8 % de chômage (contre 3,6 % sur l’ensemble de la Suisse) et les mon- tagnes neuchâteloises ont particuliè- rement souffert : le chômage est mon- té jusqu’à 7,8 % dans le district de

Lausanne quant à lui mettra entre 10 et 20 minutes de plus quʼaujourdʼhui à cause de ces mêmes ajustements. Quel intérêt de maintenir à long ter- me ces lignes Paris-Berne et Paris- Lausanne alors que Paris sera à moins de trois heures de la Suisse via Bâle ou Genève ? Même si Alain Barbey sʼest voulu rassurant, Patrick Genre nʼa pas caché sa stupéfaction : “Les horaires que vous nous annoncez pour 2012 sont horribles ! Pour nous, 2012 s’annonce comme l’ annus horribi- lis pour nos lignes T.G.V. !”

le 1 er octobre, le directeur de Lyria pour la ligne Paris-Berne nʼa pas été vraiment rassurant sur lʼavenir de cette ligne T.G.V. qui dessert la Suis- se, et donc Pontarlier, depuis Paris. En présentant les projets de la ligne dite du Haut-Bugey qui rapprochera sensiblement Genève de Paris et celui du futur Bâle-Paris via la nouvelle L.G.V. Rhin-Rhône qui entrera en ser- vice en décembre 2011, Alain Barbey

Pire : le responsable de Lyria a annon- cé pour 2012 une série de travaux et dʼajustements dʼhoraires sur le Paris- Berne qui fera perdre à la ligne actuel- le jusquʼà 50 minutes sur le trajet Paris- Berne. La capitale de la Confédéra- tion sera donc à plus de 5 heures de la capitale française… Le Paris-

De 1977 à nos jours, l’évolution de l’emploi frontalier (source C.C.I.).

Qui sont ces Français qui s’installent en Suisse ? Tendance Ils sont jeunes et diplômés. Hier frontaliers, ils ont décidé de résider en Suisse pour la qualité de vie. Mais des Suisses aussi font le choix de venir habiter en France pour devenir propriétaires. Ils sont aujourd’hui frontaliers.

L’ étude sur les mobilités résiden- tielles transfrontalières Doubs- Neuchâtel (Moretradone) a été lancée en février dernier. Les conclusions seront rendues en décembre 2011. En attendant,AlexandreMoine fait un bilan intermédiaire et livre les premiers résul- tats de l’enquête. Professeur au labo- ratoire ThéMa de l’Université de Franche-Comté, il pilote cette étude en partenariat avec l’Institut de géo- graphie de l’Université de Neuchâtel. Les premières investigations permet- tent de mieux cerner le profil des migrants suisses qui s’installent en Fran- ce et inversement. Ce travail de recherche apporte un éclairage intéressant sur les motivations des migrants dans le choix de leur lieu de résidence. Pour ce qui concerne les Suisses qui s’installent en France, “nous observons qu’il s’agit majoritairement de couples avec deux enfants. Ils ont entre 35 et 45 ans. Pour les 2/3 de ces ménages, la principale motivation est de pouvoir accéder à la propriété” remarque Alexandre Moine. Ceux qui viennent du Locle ou de La Chaux-de-Fonds cher-

chent un logement sur Morteau, Vil- lers-le-Lac ou Le Russey. De fait, ils deviennent des frontaliers suisses rési- dant en France. “Dans nos enquêtes, beaucoup nous disent que ce n’est pas très intéressant de devenir frontalier, mais c’est le prix à payer pour deve- nir propriétaire” ajoute l’universitaire. Les conditions d’accession à la pro- priété sont plus contraignantes en ter- ritoire helvétique. Tout d’abord le prix du foncier est élevé. Ensuite les ménages doivent apporter 20 % du montant de l’investissement pour obtenir un prêt bancaire. Enfin, une fois qu’une personne est propriétaire de son bien, elle est soumise à un impôt spécifique. On observe également que la majori- té des couples suisses qui s’installent en France ont un lien avec ce pays d’accueil. Le plus souvent, au moins un des conjoints à la double nationa- lité. Les migrants français qui s’installent en territoire helvétique n’ont pas le même profil. Il s’agit en majorité de personnes seules (37 %) ou de couples sans enfant (29 %). Ce sont des per-

sonnes jeunes (25 à 29 ans), actives et hautement qualifiées pour 65 % d’entre elles. Un cinquième de ces résidents sont des Suisses qui ont vécu en Fran- ce et qui rentrent dans leur pays sou- vent pour des raisons familiales (un divorce par exemple). “Ces ménages quittent la France pour améliorer leurs conditions de vie. Jusqu’à présent, ils étaient frontaliers, ils effectuaient les voyages domicile-travail. Pour un meilleur confort, ils ont fait le choix de se rapprocher de leur entreprise. Ils vivent dans des petits logements, pro- fitent de la vie, nous sommes sur des logiques très différentes” poursuit Alexandre Moine. Ces observations sont issues de l’analyse de 230 réponses à un questionnaire qui a été envoyé à 1 023 migrants français qui se sont installés dans le canton de Neuchâ- tel entre 2007 et 2009. Si l’on en sait davantage sur les motivations des migrants, il n’existe pas de statistiques précises et fiables sur le nombre de ménages qui décident de résider d’un côté ou de l’autre de la frontière. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas d’un

Le professeur Alexandre Moine pilote l’étude pour la partie française.

phénomène de grande ampleur com- me le laissait présager l’entrée en vigueur des accords bilatéraux. D’après les premiers éléments rendus par cet- te étude, que l’on soit Français ou Suis- se, il y a encore des freins à l’installation dans le pays voisin. Par exemple, ce qui retient des frontaliers à déména- ger en Suisse, ce sont le système de protection sociale, le coût de l’immobilier suisse, le système fiscal, le coût de la vie et le fait d’être propriétaire. Ajou- tons à cela un frein psychologique qui existe également. Ce projet intéresse les institutions fran- çaises qui le co-financent. Mais ce sont les autorités helvétiques qui sont à

l’initiative de cette étude à laquelle l’Université de Franche-Comté a été associée. Les conclusions à venir inté- ressent nos voisins suisses qui cher- cheraient à favoriser l’installation de Français sur leur territoire, aujour- d’hui frontaliers, pour diminuer le nombre de logements vacants sur des communes comme Le Locle et La Chaux-de-Fonds. Ce travail universi- taire devrait servir de base à une réflexion sur l’amélioration de l’attractivité de la Suisse. En accueillant de nouveaux résidents, nos voisins hel- vétiques espèrent aussi réduire le tra- fic lié à l’emploi frontalier. T.C.

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