Journal C'est à Dire 159 - Octobre 2010

É C O N O M I E

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+ 48,9 % en six ans Les banques passées à la moulinette

Éliane Laurent

(à gauche), responsable de l’étude et Monique Bisson, présidente d’U.F.C. -Que Choisir.

L’association départementale U.F.C.-Que Choisir a passé au crible dix-huit agences bancaires. Résultats peu surprenants : des frais en hausse et une mobilité bancaire compliquée. “Un désolant palmarès” conclut l’association.

tines relève du parcours du combattant : on doit manier 290 pages et 3 638 tarifs au total” résume l’association. Pour établir son palmarès des banques “les moins chères et les plus chères”, l’U.F.C.-Que Choisir a retenu huit des frais les plus courants que les clients paient à leur banque : carte bancaire, retrait dans un distributeur hors réseau, mise en place d’un prélèvement auto- matique, commission d’intervention par incident de paiement, etc. (voir tableau ci-dessous). Et si La Banque Postale peut se targuer d’arriver en tête du classement des établissements les moins chers avec 195 euros pour ces huit opérations (280 euros pour le Cré- dit du Nord), ces résultats sont un peu “en trompe-l’œil car aucune de ces banques ne peut prétendre être la moins chère sur chacun de ces produits” résu-

E n tête du classement qui dis- tingue la banque lamoins chè- re, on trouve La Banque Pos- tale. Deuxième position : la banque H.S.B.C. et en troisième place le Crédit Agricole de Franche-Comté. En queue de peloton,le CréditMutuel Centre- Est, le C.I.C. et le Crédit du Nord, les trois banques les plus chères du clas- sement établi par l’association bisonti- ne U.F.C.-Que Choisir dont les membres ont parcouru les agences bisontines entre juin et septembre dernier. C’est “un déso- lant palmarès” affirme l’association de

défense de consommateurs qui estime que les banques “ne jouent pas le jeu de la concurrence.” Premier constat : les banques n’aiment pas vraiment la transparence parce que dans plus de deux cas sur trois, aucune brochure tarifaire n’est à la disposition des clients à l’accueil des agences bisontines. Et quand brochures il y a, elles sont quasiment illisibles. Jusqu’à 63 pages d’informations chez L.C.L. (Crédit Lyonnais) et plus de 300 opérations tarifées par brochure. “Com- parer les tarifs des douze banques bison-

me Éliane Laurent, la responsable de cette enquête. Pour affiner sa démarche, l’association a comparé ses résultats avec une précédente enquête menée sur le plan national par l’U.F.C. “On arrive à des augmentations fabuleuses.” Exemple justement avec la Banque Pos- tale qui a augmenté son tarif sur les commissions d’intervention par inci- dent (somme prélevée par les banques en cas de découvert) de 48,9 %, alors que dans la même période les prix n’ont évolué que de 8 % en France. Autre illustration avec le prix d’une carte bleue : 32 euros à la Société Générale en 2004, 38 euros en 2010, c’est près de 20 % d’augmentation. Entre 2004 et 2010, beaucoup d’opérations alors gratuites sont deve- nues payantes. “Nous en avons dénom- bré en moyenne 9 par établissement, voire 13 pour le C.I.C.” ajoute l’U.F.C. L’association de défense du consomma- teur a aussi mis le doigt sur l’inutilité des “packages” que les banques tentent de “fourguer” à tous leurs clients. L’étude s’est focalisée sur les opérations réel- lement utiles pour les clients (compte- chèques, carte bancaire, assurance des moyens de paiement, accès aux opéra- tions par Internet…). Le coût indivi- duel de ces opérations a été comparé avec le prix des packages. Résultat sans appel : 11 banques sur les 12 étudiées facturent en moyenne un surcoût de

26 %. “Inutile de se demander pourquoi les conseillers bancaires insistent si lour- dement pour que les clients prennent un package… et parfois ne leur laissent même pas le choix.” Finalement, les banques sont en Fran- ce les seuls commerçants qui “se per- mettent de retirer de l’argent à leurs clients sans leur demander la moindre autorisation” ajoute Éliane Laurent. U.F.C.-Que Choisir dénonce enfin le non-respect par les banques locales d’un engagement pris pourtant par toutes les banques françaises en 2009 : la pro- cédure simplifiée de changement de banque où concrètement, la banque d’accueil s’occuperait de tout. 62 % des conseillers évitent d’en parler à un client qui vient pourtant les démarcher pour venir dans leur banque. “De toute façon, les guichets disparaissent dans les banques. On met à l’accueil un jeune généralement en C.D.D. qui est là pour prendre toutes les engueulades” avoue un ancien grand banquier bisontin qui déplore cette dérive. Et même à La Banque Postale, pourtant assez épar- gnée par l’étude bisontine, les conseillers financiers ont fait grève début octobre pour dénoncer la pression que leur met la direction pour vendre des produits financiers. Qui a dit que la banque était un service public ? J.-F.H.

Les résultats complets, banque par banque

Le palmarès 2010 des banques. En euros, somme de 8 services bancaires courants.

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