Journal C'est à Dire 159 - Octobre 2010

34

É C O N O M I E

Santé

Ne tirez pas sur l’ambulance

D eux textes publiés coup sur coup sont à l’origine d’une réaction des ambulanciers. Le premier référentiel porte sur l’évolution du secours à personne et de l’aide médi- cale urgente. Il pose de nouvelles règles entre le Samu et le S.D.I.S. (les pompiers) et révise égale- ment la place de la régulation médicale. Le second référentiel concerne l’organisation de la réponse ambulancière à l’urgence pré-hospitalière. Il défi- nit les modalités de collaboration entre le Samu et les transporteurs sanitaires. “Ces deux référentiels se croisent et se super- posent, ce qui implique une profonde réor- ganisation” , explique François Binet, le président de l’A.T.S.U. 25. Ces change- ments sont susceptibles d’amoindrir la participation des ambulanciers au secours à la personne. Le fond du problème repose sur l’évolution du secours à la personne. Grâce aux progrès de la médecine et de la sécurité routière, l’accidentologie diminue alors que les pathologies médicales et de traitement augmentent. Les professionnels du secours, à savoir les pompiers, ne sont pas là pour traiter les problèmes médicaux dévolus aux ambulanciers. “On milite pour le maintien d’une vraie complémentarité entre les rouges et

L’association pour la gestion et la promotion du Transport Sanitaire d’Urgence du Doubs (A.T.S.U. 25) alerte les élus sur les conséquences liées à la réorganisation de l’aide médicale urgente dans le Doubs. Plateau de Maîche Les ambulances Vallat jouent la carte de la complémentarité Cette société de 14 salariés fonctionne sur le principe de “répondre à la demande d’où qu’elle vienne”, que ce soit en direct ou par le biais de la régulation médicale. Stratégie territoriale.

les blancs. La finalité étant de proposer le secours le plus adapté au patient.” François Binet esti- me que chacun doit rester dans son cadre de com- pétence, à savoir ce pourquoi il a été formé. “Il faut trouver l’équilibre” dit-il. La réorganisation du dispositif va contraindre par exemple les ambulanciers à s’équiper de sys- tème de géolocalisation. “Si l’on ne fait pas ça, les médecins risquent alors de privilégier le ser- vice public.” L’évolution des textes répond aussi aux attentes des usagers qui ont un niveau d’exigence de plus en plus fort. Mais à quel coût ? En effet, tout change- ment dans l’organisation du secours à la personne entraîne des modifications dans son financement. La progression de l’activité des S.D.I.S. nécessite un accroissement des équi- pements et du personnel à la charge des collec- tivités. “Les départements ne pourront pas abon- der indéfiniment les budgets des S.D.I.S., il nous appartient de tenir notre place et de sensibili- ser les élus sur la place des ambulanciers. Si la profession ralentit en terme d’activité, cela risque de générer un cercle vicieux qui peut déstabiliser toute l’organisation” , souligne François Binet.

“Il faut trouver l’équilibre.”

L e secteur de Maîche-Le Russey se distingue par son caractère rural et l’éloignement vis-à-vis des hôpi- taux. L’établissement de soins le plus proche étant celui de Mont- béliard, situé à environ 45 km de Maîche. Trois sociétés inter- viennent sur ce territoire : les ambulances Vallat à Maîche, Vuillemin au Russey et Ambu- lance Assistance Plateau de Maîche à Charquemont. “C’est un secteur difficile où il est néces- saire de travailler ensemble, en bonne intelligence et de façon

très professionnelle” , note Georges Vallat qui a agrandi sa société en début d’année avec la reprise des ambulances Faivre.

quement une infirmière avec un ambulancier. Cette complémen- tarité offre une bonne réponse en terme de soins.” Georges Vallat a choisi de déve-

F.C.

L’effectif des ambu- lances Vallat s’élève désormais à 14 per- sonnes : 7 ambulan- ciers diplômés d’État, 2 infirmières et 5 auxi- liaires ambulanciers.

lopper un mode de fonc- tionnement assez spé- cifique. “On travaille très peu avec le Samu en journée. On a conser- vé une activité libérale. C’est entre 15 et 20

20 appels par mois qui arrivent en direct.

Val de Morteau Pas de souci aux ambulances Jeannier Cette société reprise en 2000 par trois salariés s’est adaptée à l’évolution de la profes- sion et aux potentialités en matière de transport sanitaire ou autre du Val de Morteau.

“On a choisi de recruter des infir- mières pour apporter une plus- value dans l’entreprise. Pour chaque garde, on a systémati-

appels par mois qui arrivent en direct chez nous. On répond, par exemple, 24 heures sur 24 à toutes les demandes des par- turientes.” Cette disponibilité permet tou- jours selon Georges Vallat de pallier les problèmes de carences dont le nombre tend à régres- ser sur le Doubs, passant de 1 264 à 1 179 entre 2007 et 2008. L’autonomie n’empêche pas de s’intégrer dans le dispositif de garde départementale. “La manière dont je fonctionne, asso- ciée à l’organisation existante, c’est l’idéal. Et en même temps, on a des entreprises dynamiques qui investissent” , conclut l’ambulancier. “La manière dont je fonction- ne, associée à l’organisation existante, c’est l’idéal”, estime Georges Vallat.

“S ur le plan économique, ce n’est pas l’urgence qui fait tourner la boutique. Cela représente envi- ron 10 % du chiffre d’affaires C’est insuffisant dans nos petites contrées. On ne pourrait pas se permettre de compter uni- quement sur la régulation. On gagne notre vie avec le trans- port assis et les consultations” ,

non” , complète Nadine Metral. Les trois ambulanciers du Val de Morteau participent évi- demment au dispositif de gar- de. Taxis Vieille et les Ambu- lances Mortuaciennes assurent ainsi le service avec les ambu- lances Jeannier, sans oublier la participation des ambulances Binet à Charquemont. Le secteur d’intervention débor-

une très forte évolution liée à la mise en place du dispositif de garde départementale. Le niveau requis pour exercer est aussi monté d’un cran avec la mise en place du diplôme d’État d’ambulancier. “C’est parfois éprouvant d’accompagner des gens qui sont toujours dans des situations complexes. Cela néces- site beaucoup de don de soi” , souligne Annie Michaud. L’activité n’est pas facile à pla- nifier. Tout peut être chamboulé du jour au lendemain. C’est aus- si le charme de cette profession. Les ambulanciers apportent aussi leur contribution aux ani- mations festives. “On assure par exemple l’assistance spor- tive au Vélo-Club du V.C.C.M.M. Cela représente une dizaine d’épreuves par an dont le Tour du Doubs” ajoutent les asso- ciés.

explique Bernard Col- lardey, associé avec Annie Michaud et Nadine Metral à la tête des ambulances Jean- nier. Cette société basée à

de largement du cadre du Val de Morteau, en direction de Consola- tion au nord-ouest et une partie du Saugeais au sud. “On se trouve parfois en situation de

Ce n 'est l’urgence qui fait tourner la boutique.

Grand’Combe-Châteleu comp- te 9 salariés dont 4 ambulan- ciers. Le reste du personnel étant composé d’auxiliaires ambulanciers et de chauffeurs de taxi. “On propose aussi un service taxi à usage médical ou

carence mais dans ce cas, les pompiers prennent le relais. On n’a pas de souci avec les autres sociétés d’ambulanciers. On tra- vaille en bonne harmonie” , pour- suit Bernard Collardey. En 10 ans, le métier a connu

Les missions de secours à la personne dans le Doubs Les ambulanciers réalisent 43% des missions de secours à personnes

SMUR

7107 missions en 2007

3 services intervenant dans les cas d'urgence vitale et avérée 3100 hommes dont 2700 sapeurs pompiers volontaires et 400 sapeurs pompiers professionnels

SDIS

1388 missions en 2007

Ambulanciers 17 371 missions en 2008

89 ambulances 500 salariés 37 entreprises

Combien ça coûte ?

Nombre d'intervention quotidienne des ambulanciers par secteur en 2008

SDIS

Budget de fonctionnement : 35 millions d'euros en 2006 Coût d'1/2heure d'intervention : entre 450 et 650 euros d'une intervention : 99 euros (intervention à la demande du centre 15, 15 km en charge)

Secteur

Nombre d'intervention d'urgence par 24 heures

SMUR

Baume-les-Dames

2,14 14,51 2,58 1,07 9,37 1,35 4,59

Besançon Etalans Maîche Montbéliard Morteau Pontarlier

Ambulanciers Prix moyen

Les ambulances Jeannier ont été reprises en 2000 par trois salariés : Bernard Collardey, Nadine Metral et Annie Michaud, absente pour cause d’intervention.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker