Journal C'est à Dire 158 - Septembre 2010

V A L D E M O R T E A U

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Histoire Barthélémy Belzon,

Belzon, est qu’il est parvenu à mettre au point une fabrique mécanique de pièces. Cette stan- dardisation permettait l’interchangeabilité des pièces d’une montre à une autre.” L’application de ce procédé s’est accompagnée d’un gain de pré- cision et de la productivité à une époque où la fabrication de pièces dépendait surtout de petits ate- liers d’horlogerie indépendants. Cette diversité ne permettait pas, semble-t-il, d’atteindre une qualité constante. En 1886, Bar- thélémy Belzon dépose même le brevet de sa montre à Londres. L’aventure mortuacienne de cet industriel s’arrêtera quelques années plus tard. Il quittera Mor- teau pour Paris. “Il a englouti toute sa fortune familiale dans l’entreprise. Ruiné, il a dû se résoudre à la céder.” En 1890, la société passe sous la direction de Bernard Hass-Jeune, un brillant ingénieur qui va l’exploiter jusqu’en 1894. La gran- de fabrique connaîtra ensuite des fortunes diverses. Le bâti- ment emblématique de l’histoire ouvrière et horlogère de Mor- teau sera détruit au début des années quatre-vingt. M. Belzon est passé à la postérité puis- qu’une rue de Morteau porte son nom.

industriel révolutionnaire Ingénieur de formation, il a donné à l’horlogerie mortuacienne un rythme industriel en créant la “grande fabrique”.

L’ histoire horlogère de Mor- teau est indissociable du nom de Barthélémy Bel- zon (dit Élie Belzon). Cet ingé- nieur venu du Sud de la Fran- ce est le premier à avoir indus- trialisé la fabrication de montres mécaniques dans leVal. “En 1880, il a racheté les terrains de la

grande corvée (actuelle rue Pas- teur) pour construire une usine” raconte l’historien Henri Leiser qui effectue actuellement un tra- vail de recherche sur le sujet. L’établissement sera connu sous le nom de la “grande fabrique”. En 1885, l’entreprise emploie 800 ouvriers. “La réussite de M.

Barthélémy Belzon, assis au premier rang au centre. À sa gauche, Bernard Hass-Jeune qui reprendra la direc- tion de l’entreprise en 1894.

Histoire

Une photo de famille de 1910 conservée par le Mortuacien Robert Zipper fait rejaillir les souvenirs de ce descendant de la famille d’Irénée et Henriette Faivre, 16 enfants, une des plus grandes familles mortuaciennes. Une vie mortuacienne, il y a 100 ans…

E n haut du cliché jauni par le temps, Francis Faivre. Le jeune hom- me, alors âgé de 17 ans, s’aventure avec deux autres amis de Morteau sur le Doubs gelé à hauteur du pont deMorteau.Nous sommes en janvier 1911, quelques

le Faivre, meurtrie également par la perte de deux autres enfants, les deux jumeaux Fer- nand et Louis (qui entourent Francis sur la photo), tous deux tués au combat au début de la Grande Guerre en 1914. Cette photo de 1910 que Robert

l’une sera bonne puis repasseuse, un autre effectuera ses obliga- tions militaires de 1936 à 1945, d’autres seront bergers. C’est la chronique d’un autre temps, celui où les autorités mor- tuaciennes avaient obligé Iré- née Faivre à tuer son chien pour avoir droit aux bons de la sou- pe populaire pour sa famille. “Une époque rude, âpre, où on était exigeant envers les enfants, mais en même temps de laquel- le on garde des souvenirs d’une poésie qu’on a du mal à expri- mer” résume Robert Zipper qui possède des archives photogra- phiques familiales étonnam- ment fournies. Un petit pan de l’histoire locale que seul le sou- venir des plus anciens peut ravi- ver aujourd’hui. J.-F.H.

semaines seulement après cette photo de famille. La glace rompt sous les pieds de l’infortuné jeune hom- me qui périt noyé dans les eaux glacées du

Zipper n’a retrouvé que quarante plus tard, est le témoin d’une époque, celui d’une famille “nombreuse, populaire et besogneuse” comme le résume aujourd’hui

Obligé Irénée Faivre à tuer son chien.

Doubs. Le jour des obsèques de Francis Faivre, Henriette Faivre mettait aumonde le 13 ème enfant de cette famille qui en comp- tera au total 16, faisant des Faivre de Morteau une des dynasties familiales les plus connues du Val. Ce drame a endeuillé la famil-

le Mortuacien qui est le fils d’une des filles Faivre, Georgette. En bas de la photo, entourant le père, René Faivre, qui sera chauf- fagiste rue Neuve à Morteau, et Henri Faivre qui fondera plus tard l’entreprise Barostar, deve- nue leader mondial des baro- mètres. Parmi les autres enfants,

La famille Faivre en 1910. Parmi les enfants, Henri, le futur fondateur de Barostar (deuxième enfant en partant de la droite).

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