Journal C'est à Dire 158 - Septembre 2010

É C O N O M I E

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“La santé des gens, mais pas à n’importe quel prix” À l’occasion de l’élection des unions régionales des pro- fessionnels de santé le 29 septembre, le président régio- nal du syndicat MG France fait le point sur les nouveaux enjeux de l’accès aux soins dans un contexte de pénu- rie de médecins généralistes. Santé

Énergies renouvelables Le photovoltaïque a-t-il encore de l’avenir ? Alors que les avantages liés au photovoltaïque sont rabotés par le gouvernement et que le tarif de l’électricité revendue à E.R.D.F. est en baisse, les énergies renou- velables ont - a priori - du plomb dans l’aile.

Càd : Les regroupements des professionnels de santé sont- ils une réponse pour mieux garantir l’offre de soins ? P.B. : Les regroupements ont toujours existé. Mais il y en aura de plus en plus. Des ter- ritoires risquent de devenir des zones blanches. Les médecins libéraux pourront s’organiser

voit pas les moyens. Or ce que l’on demande, c’est que l’État donne des moyens complé- mentaires au paiement de la consultation pour accompagner l’organisation des profession- nels de santé. Sans moyens, la réforme ne pourra pas se fai- re. Si elle est imposée, il est pro- bable que bon nombre de méde-

C ’est à dire : Vous plai- dez pour que soit cou- vert au mieux le ter- ritoire français par les méde- cins libéraux. Mais qu’en est- il de la démographie médi- cale ? Pierre Bobey : L’évolution de la démographie médicale est connue pour les vingt pro-

chaines années. Il y aura une baisse de 50 % du nombre de médecins libéraux. Il n’y aura plus de médecin dans chaque village, et chaque médecin ne sera pas remplacé. Cette réa- lité impose donc de réorgani- ser le travail des médecins libé- raux à l’échelle d’un territoire.

“L ’essor spectaculaire du photovoltaïque fran- çais démontre que la phase d’amorçage de la filière est achevée. Le développement entre désormais dans une phase plus mature et le coût des matériaux suit une baisse régulière et struc- turelle. Le gouvernement a donc décidé d’adapter le dispositif de soutien par les tarifs d’achats à cette nouvelle phase de dévelop- pement.” Voilà, en langage admi- nistratif, comment le ministè- re de l’Écologie justifie le coup de rabot prévu sur les aides liées à l’installation de panneaux pho- tovoltaïques. Au lieu d’un mon- tant équivalent à 50 % du coût du matériel sous forme de cré- dit d’impôt, l’aide devrait fondre à 25 % dès l’an prochain. Quant au tarif auquel l’opérateur E.R.D.F. rachète l’électricité aux professionnels qui ont investi dans des panneaux, il a subi, lui aussi, une baisse de 16 % depuis le 1 er septembre dernier. Dès lors, la question est légi- time : doit-on encore investir dans le photovoltaïque ? Pre- mier élément de réponse : les particuliers sont épargnés par

pour assurer des per- manences sur ces sec- teurs, principalement en milieu rural, et main- tenir ainsi l’offre de soins à la population.

cins quittent le milieu libéral, et que les jeunes médecins soient dissuadés de s’installer.

“Tout ce qui sera imposé ira à l’échec.”

Càd : Dans ce contexte, à défaut de moyens supplé- mentaires, les patients doi- vent-ils s’attendre à devoir payer des dépassements d’honoraires chez leur géné- raliste ? P.B. : C’est ce que l’on veut évi- ter. Nous devons pouvoir garan- tir aux patients que leur consul- tation sera entièrement rem- boursée. Il s’agit de répondre de manière équitable aux besoins fondamentaux de la santé des gens mais pas à n’importe quel prix. Pour l’instant, le système est viable et les généralistes ne pratiquent pas les dépassements d’honoraires. Mais on ne peut pas garantir que ces pratiques que l’on rencontre déjà chez les chirurgiens, ne concernent pas demain les généralistes.

Cette organisation est possible, nous l’avons déjà démontré en mettant en place en Franche- Comté un service de régulation qui facilite le travail des méde- cins de garde ayant à interve- nir sur de grands territoires. Au même titre que les méde- cins s’organisent pour se répar- tir les gardes, on peut imagi- ner qu’ils s’organisent pour assurer les soins sur un terri- toire dépourvu d’offre. Càd : La nouvelle loi “Hôpi- tal Patients Santé et Terri- toires” préconise cette réor- ganisation. L’État peut-il imposer cette organisation ? P.B. : La réponse doit venir des professionnels de santé eux- mêmes. Tout ce qui sera impo- sé ira à l’échec. La loi organise les professions de santé, elle définit les territoires de santé, fixe les objectifs, mais ne pré-

la baisse du tarif de rachat de l’électricité qui restera donc à 58 centimes par kWh. Seuls les grosses installations et les pro- fessionnels (bâtiments agricoles, grandes surfaces par exemple) seront touchés par cette baisse de la rémunération. J.-F.H. Un particulier qui installe des panneaux revend son électricité 58 centimes le kWh à E.R.D.F.

Médecin généraliste, Pierre Bobey est président régional du syndicat MG France, premier syndicat de médecins libéraux en Franche-Comté.

Propos recueillis par T.C.

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