Journal C'est à Dire 157 - Août 2010

V A L D E M O R T E A U

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Un agriculteur de Montlebon face aux gens du voyage Jusqu’à 60 caravanes ont squatté le champ de Christophe Bourdenet cet été. Un coup dur en terme de récolte. Pour la première fois, les gens du voyage ont loué une benne à ordures. Polémique

Villers-le-Lac

La cure transformée en cantine ? Après une année de réflexion, l’archevêque de Besançon se dit prêt à “rendre” à la commu- ne la cure, faute de prêtre résident. Les locaux pourraient devenir la cantine des écoliers.

D epuis l’an dernier, le père Pierre Mesny, un des prêtres de l’unité pasto- rale du Val de Morteau, ne rési- de plus dans la cure attenante à l’églisedeVillers-le-Lac.Les locaux, propriétéde la commune,sont donc vacants. D’où l’idée émise par la mairie de solliciter duDiocèse qu’il “libère” ce bien désormais inuti- lisé pour le laisser à la disposition de lacommune.L’archevêqueMon- seigneur Lacrampe vient de don- ner son feuvert,après que lamai- rie lui a soumis la question l’été dernier. “Il m’a apporté confir- mation selon laquelle il n’y aurait pas de nouvelle nomination sur le presbytère de Villers et donc que la mairie pouvait reprendre son bien” révèle Jean Bourgeois, le maire. La future affectation de la cure de Villers n’est pas encore tran- chée mais la mairie aurait le pro- jet de la transformer en réfec- toire pour les enfants de primaire qui prennent leurs repas depuis quelques années à la salle des fêtes, faute d’autres locaux dis- ponibles. “Nous n’en sommes

qu’au stade de la réflexion, mais ces locaux sont suffisamment bien placés pour ne pas penser à une telle utilisation qui évite- ra bien des déplacements aux élèves le midi. La pause et le repas de midi doivent être des temps de détente, pour l’instant, ça ne l’est pas” ajoute M. Bourgeois. Entre 50 et 70 élèves se rendent chaque jour de la semaine pour le repas de midi, de l’école du Centre à la salle des fêtes, située à la sortie de la commune. “C’est aussi une question de sécurité” insiste Jean Bourgeois qui sou- mettra certainement cette pro- position à son conseil dans les toutes prochaines semaines. Cette solution, si elle est adop- tée, serait transitoire en atten- dant la rénovation espérée du collège qui permettrait d’aménager de nouveaux espaces de restauration. Mais les tra- vaux du collège, s’ils se font un jour, ne sont pas prévus avant… 2017. En attendant, la cure trans- formée en cantine serait “la solu- tion idéale” selon le maire. J.-F.H.

A près la colère, l’apaisement. Vendre- di 4 juillet, plus de 60 caravanes des gens du voyage s’installent anarchique- ment et sans autorisation sur le terrain exploité par Christophe Bourdenet au lieu-dit le Pré du Pont entreMorteau etMontlebon. “Mon fils venait de ramasser le foin et n’a pas eu le temps de remettre un tas de fumier devant l’entrée en raison du travail lié à la fenaison si bien que les gens du voyage ont profité de l’occasion pour s’installer. Il y a eu 30 cara-

Jacques Bourdenet, agriculteur à la retraite, devant le champ occupé par les gens du voyage au Pré du Pont, entre Morteau et Montlebon.

ge se sont installés cinq jours durant avant de repartir. Un mois après, l’agriculteur a pu faucher le regain évitant au passage une perte trop impor- tante en terme de récolte. “Pour la première la fois, ils m’ont lais-

Christophe Bourdenet qui demeure au Meix Lagor a reçu une lettre du député Jean-Marie Binétruy après l’avoir interpel- lé. Réponse de l’élu : la meilleu- re solution pour ne plus (re)vivre ce genre de désagrément étant de bloquer le champ. “Si on a entendu beaucoup parler des gens du voyage dans la bouche des politiques cet été, je ne pen- se pas que cela change grand- chose” constate le jeune agri- culteur qui promet à l’avenir, de faire bien attention à obstruer les deux entrées une fois les balles de foin récupérées. Un double travail. E.Ch.

car les représentants des gens du voyage m’avaient promis de respecter en ne saccageant pas mon champ et en évitant de lais- ser trop de saletés. Ils ne se sont pas trop étendus sur la prairie.” Maigre consolation pour l’exploitant qui a remis depuis un tas de fumier afin d’éviter un éventuel retour de ces occu- pants encombrants. Il prévoit de creuser un fossé plus impo- sant encore. “Ce terrain de 7 hec- tares représente environ 10 tonnes de fourrage, calcule le papa. Piétiné, on ne peut plus récolter le foin, d’où une perte de 2 000 euros pour l’exploitation” dit-il.

vanes au début puis vite 40, 50 et même 60” expli- quait énervé Jacques Bourdenet, père de l’agriculteur, aujourd’hui à la retraite. “Ce n’était plus arrivé depuis 1998

sé un champ propre !” nuance Christophe. En effet, les nomades ont loué une benne à ordu- re histoire de prouver qu’ils peuvent être des gens bien élevés. Prix de

“490 euros la benne à ordures.”

la location de la benne : 490 euros. Une somme qui per- met de faire passer, un peu plus facilement, la pilule : “J’ai pu faire une deuxième coupe de foin

dans ce champ car je faisais vrai- ment attention à bien bloquer les deux passages en déposant des bennes de fumiers.” Un moment d’inattention et les gens du voya-

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