Journal C'est à Dire 157 - Août 2010

M O N T B E N O Î T E T L E S A U G E A I S

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Montbenoît Jean-Marie Barrand prêt à aller en prison Pour éviter à sa famille une expulsion de leur maison, cet habitant de Montbenoît envisage le pire. Il se dit victime d’une erreur judi- ciaire et de l’acharnement du maire. L’affaire s’enlise.

au motif qu’une parabole et un sèche- linge gênaient le passage sur ce che- min que la commune et le couple Bar- rand revendiquaient, ce dernier est à nouveau assommé par la justice. Mais cette fois, c’est de l’avenir de sa

“J e suis coupable de quoi ? Quel crime ai-je commis pour être condamné à 50 000 euros ?” se deman- de Jean-Marie Barrand. Après douze

années de querelles judiciaires avec la mairie de Montbenoît, le cauchemar se poursuit. La cour d’appel de Besançon, dans un arrêt du 5 mai dernier, condamne les époux Barrand à payer à la commune de Mont- benoît la somme de 46 950 euros

famille qu’il s’agit. Car ces 50 000 euros, la famille Bar- rand ne les a pas. Dès lors, le maire de Montbenoît peut à sa guise réclamer la saisie et la mise en vente de la maison familiale. Une issue que Jean- Marie Barrand craint désor-

L’acharne ment d’un homme : le maire.

au motif, constat d’huissier à l’appui, que “le chemin dit “du Moulin” est obs- trué par un ensemble de piquets et tra- verses en bois…” Seulement, le constat d’huissier ne reflète pas la réalité des faits selon l’accusé. “Jamais ce chemin n’a été obstrué. Pour preuve, le fac- teur y passe tous les jours et l’hiver, les engins de déneigement de la commune également. C’est une aberration” pour- suit M. Barrand qui se dit victime d’une erreur judiciaire. Toutes proportions gardées, il n’hésite plus à comparer son calvaire au drame d’Outreau. “C’est le même processus d’une justice rouleau compresseur qui a été trompée. Com- ment un huissier peut affirmer qu’un chemin est obstrué alors que tout le monde peut l’emprunter ?” Déjà condamné en 2007 à 17 000 euros

mais. “Je suis prêt à être S.D.F., mais pas mes enfants. S’il le faut, j’irai en prison” soupire le condamné autour duquel s’est constitué un comité de sou- tien. Derrière cette histoire abracadabran- tesque, il y a l’acharnement d’un hom- me, le maire de Montbenoît, qui fait tout pour récupérer les terrains atte- nants à la maison Barrand au motif qu’il voudrait créer un parking com- munal à proximité de la bâtisse. “Un parking, pour quoi faire ? Même la scie- rie a fait faillite, il n’y a besoin de rien” plaide Jean-Marie Barrand. La justice avait déjà tranché une pre- mière fois en affirmant que le che- min en question était bien communal. “On s’y est plié” argue Jean-Marie Bar- rand. “Maintenant, alors même que j’ai

Le chemin désormais communal n’a jamais été obstrué, et pourtant… Le maire peut ordonner la mise aux enchères de la maison des époux Barrand.

d’empoisonner les relations entre les habitants. Frédéric Bourdin est sur le point de ruiner une famille pour “des faits qui ne sont pas avérés” affirme M. Barrand. “Ce n’est pas supportable. Je suis prêt à aller en prison pour me faire entendre. Peut-être alors qu’un juge aura un regard plus aiguisé sur ce qui se passe vraiment à Montbenoît.” Pour rebondir sur l’actualité récente, Jean-Marie Barrand ose une ultime métaphore : “On peut faire un paral- lèle avec l’équipe de France de foot. Dans le rôle de Domenech, ce serait le mai- re de Montbenoît. Dans celui de la Fédé- ration, ce serait le conseil municipal qui est aveuglé par la réalité des faits

et l’équipe, comme au foot, s’est quali- fiée en trichant parce que l’arbitre (ici le juge) a été trompé. Et pour terminer, après des années de laisser-aller, c’est à un vrai séisme qu’assisteront les habi- tants de Montbenoît” prédit la victime de ce rocambolesque feuilleton au goût amer. Abasourdi par les événements qui s’acharnent contre sa famille, Jean- Marie Barrand veut encore croire à une sortie honorable du maire dans cette affaire. La rumeur d’une démis- sion de Frédéric Bourdin commen- çait à circuler autour de Montbenoît…

le titre de propriété d’un petit triangle de terrain de 36 m 2 attenant au che- min, le maire va tout faire pour m’en déposséder également. C’est de l’acharnement.” Car dans cette affai- re, c’est bien le maire qui peut tirer les ficelles. Le juge lui a donné le droit de saisir les véhicules du couple, il l’a fait le 23 juin dernier. Le juge lui donne aujourd’hui la possibilité de sai- sir la maison, c’est donc au maire et à lui seul qu’incombe cette décision. Sollicité par la rédaction de C’est à dire, le maire de Montbenoît Frédéric Bour- din a refusé de donner suite et de livrer son point de vue… À Montbenoît, cette affaire continue

J.-F.H.

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