Journal C'est à Dire 157 - Août 2010

D O S S I E R

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Dimanche 31 mars 1985 Bal tragique à Damprichard Truand sorti de prison un mois plus tôt, Dominique Gutknecht tue Philippe Pau- pe, un garçon de Cour-Saint-Maurice de 22 ans, avant d’abattre un couple à Belfort.

LE MOBILE : Philippe Paupe a été tué sans raison. Le meur- trier qui était sorti de la pri- son de Colmar un mois plus tôt cherchait semble-t-il à Dampri- chard un ancien co-détenu qu’il n’a pas trouvé. L’assassin vou- lait régler des comptes à sa sor- tie de prison : il reprochait d’avoir conservé et dépensé l’argent d’un hold-up commis en octobre 1982 dans un bureau de Poste de Bel- fort qui lui avait valu un pas- sage par la case prison.

LA DÉCISIONDE JUSTICE : 25 juin 1987 (deux ans après les faits), le meurtrier de Dampri- chard et Belfort est condamné par la cour d’Assises de Vesoul à la réclusion criminelle à per- pétuité avec 18 ans de sûreté. Il sera incarcéré à la maison d’arrêt de Besançon.

IDENTIFICATION : Le triple meurtrier est très vite identifié par les gendarmes de Montbéliard et Belfort. Une information est ouverte par le procureur Paulin. Même scé- nario à Belfort où le procureur Delteil saisit le juge d’instruction belfortain pour homicide volon- taire. Le pistolet est retrouvé dans un canal proche de Belfort et un portrait-robot puis une photo sont publiés.

LES FAITS : Samedi 30 mars 1985, un bal se déroule à Damprichard com- me c’est le cas tous les samedis soirs. Les jeunes se retrouvent, la plupart se connaissent, on danse, on boit, les esprits s’échauffent. Rien de bien méchant. Une bagarre éclate et se poursuit dehors. Philippe Paupe veut venger un ami cor- rigé par un individu inconnu. Il fera ce soir une mauvaise ren- contre. Armé d’un pistolet mitraillette de 9 mm, Dominique Gutknecht se retourne et tire. Il est 4 h 30, la balle traverse

le bras avant de se loger dans le cœur de ce garçon de 22 ans habitant à Cour-Saint-Mauri- ce. José Munoz, un habitant de Pont-de-Roide est lui aussi bles- sé de même qu’un autre hom- me qui reçoit des éclats de bal- le dans le dos. Le meurtrier s’envole dans la nature. S’il a été vu par des dizaines de personnes au cours de la soirée, personne ne le connaît. Il s’avère que Gutknecht n’était pas ori- ginaire de la région. Un jour plus tard, il se rend à Belfort où il abat froidement le lundi vers 22 h 30 et avec la même

arme un couple dans le quar- tier des Résidences. Un terrible meurtre puisque l’homme abat Dominique Grosjean et Cathe- rine Durupt devant les yeux de Sonia et Michaël, les deux enfants âgés de 4 et 2 ans qui restent enfermés avec les corps de leur père et de leur mère gisant dans une mare de sang. Ce n’est que le lendemain matin, après que les deux enfants ayant assisté aux meurtres, se met- tent à crier sur le balcon “papa est mort !” que l’une des voisines se décide à appeler les pompiers.

E.Ch.

La sœur du défunt s’exprime “Ce meurtre a tué mon père à petit feu” Vingt-cinq ans après le décès de son frère, Nathalie Paupe n’a pas oublié. Âgée de 18 ans à l’époque des faits, la petite sœur se souvient. C hez elle à Cour-Saint- Maurice, Nathalie Paupe a gardé intacte la mémoi-

ne me souviens plus de trop des détails. Je me souviens simple- ment que mon frère avait vou- lu aider un de ses amis après une bagarre. Après, des gens sont venus pour dire que quelqu’un était mort dehors. C’était Phi- lippe !” Viennent ensuite la ter-

re de son frère. Si elle ne pré- fère pas exhumer les archives de journaux, Nathalie aujourd’hui maman d’un petit garçon, a bien voulu évoquer ce crime “qui a

rible attente, puis le procès. “On est arri- vés au tribunal à Vesoul, c’était impres- sionnant” dit-elle. L’homme sera condamné à la per-

changé et bouleversé toute une famille” dit- elle sans en rajouter. “Aujourd’hui encore, des personnes me par- lent du bal de Dam- prichard mais je cou- pe vite” assure-t-elle.

La terrible attente, puis le procès.

pétuité. Elle n’a jamais su et n’a d’ailleurs pas demandé à l’assassin pourquoi il a abattu son frère froidement, sans aucu- ne raison. Vingt-cinq ans après, elle garde dans sa demeure la photo de Philippe. Pour ne pas oublier. E.Ch.

Le corps de son frère repose au cimetière du village à côté de celui de son papa. Elle s’y recueille régulièrement : “Vous savez, ce meurtre a tué à petit feu mon père” lâche-t-elle. Âgée de 18 ans à l’époque des faits, elle était présente au bal de Damprichard ce 31 mars. “Je

Nathalie Paupe était présente au bal lorsque son frère a été abattu froidement. Elle garde l’image de Philippe chez elle et dans son cœur.

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