Journal C'est à Dire 156 - Juin 2010

L E P O R T R A I T

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Villers-le-Lac Un loup de mer sur le Doubs Après avoir traversé l’Atlantique à la voile, la capitaine Nadine Hanard conduit aujourd’hui les touristes au Saut du Doubs.

U n petit vent frais souffle au niveau de l’embarcadère des bateaux du Saut du Doubs à Villers-le-Lac. Dans quelques minutes, Nadine Hanard va embarquer sur l’Odysée, un “rafiot” bourré d’électronique qui transporte jusqu’à 200 personnes à la belle saison. Avant de quitter la terre ferme, Nadine fait son rituel d’avant croisière avec la vérification des niveaux, histoire que tout soit au top avant les 30minutes de navi- gation menant jusqu’à la cascade. Les réglages terminés, elle fait tom- de trois galons qui font d’elle un capitaine de navire, statut “rare” pour une femme. Franchement, ça en jette ! Alors doit-on dire “bonjour Mada- me” ou “bonjour Madame le capi- taine” ? “On dit comme on veut… rétorque-t-elle. On dit “bonjour Nadine” , car lorsque je fais mon- ter les passagers à bord, je sais c’est pour un petit moment, alors forcément, c’est plus sympa même ber le gilet… et laisse transparaître cette che- mise blanche à manche courte ornée - sur les épaulettes -

si les gens sont attachés aux galons. Notamment les messieurs qui ont toujours une anecdote à racon- ter par rapport à leur vie mili- taire.” Le virus du bateau, elle l’a attra- pé grâce à son mari, passionné de navigation. À deux, ils ont vogué sur la plupart des canaux de Fran- ce avant de partir pour une croi- sière d’un an ! Au programme : la traversée de l’Atlantique à la voi- le. Un moment magique : “C’était une traversée à deux sur un voi- lier. Nous sommes partis de Fran- ce pour rejoindre l’Espagne, le Vert, nous avons traversé l’Océan pour arriver quinze jours plus tard à La Barbade (N.D.L.R. : État insu- laire situé à la frontière de la mer des Caraïbes et l’océan Atlantique). Il a fallu quinze jours de navi- gation… et quelques jolies tem- pêtes au passage. C’était marrant.” De l’Atlantique au Doubs, le chan- gement de cap est radical mais notre capitaine n’est pas nostal- gique : “Peut-être qu’un jour je refe- Maroc et le Cap Vert” se souvient la capitaine, qui à l’époque n’était que matelot. “C’est mon mari qui naviguait. Du Cap

“De belles tempêtes.”

Prêt pour une croisière de 14 km avec le capitaine Nadine Hanard ?

du tunnel.” À Villers-le-Lac, la dif- ficulté réside dans les variations du niveau d’eau. “En cas de bas débit, il faut bien connaître son chenal pour éviter de se retrouver sur cale.” À 51 ans, la capitaine n’est pas une commandante, sim- plement une bonne vivante dont le but est de conduire et ramener les visiteurs à bon port… E.Ch.

rai ce genre de traversée mais pour le moment, j’aime ce contact avec les personnes.” Titulaire depuis quatre ans de l’examen profes- sionnel de capitaine acquis sur l’Yonne à Auxerre, la dame a conduit des centaines de visiteurs dans les gorges du Doubs et autour de la Boucle à Besançon. Elle ne cache pas que la navigation à Besançon est “plus technique en raison des passages des écluses et

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