Journal C'est à Dire 156 - Juin 2010

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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L a France comme la Suisse n’ont pas encore adopté lemodèle sco- laire allemand qui concentre les enseignements fondamentaux le matin et libère les après-midi pour les activités sportives et culturelles. Sur ce Les écoliers suisses ne sont pas au même régime Enseignement Contrairement à la centralisation française, le fédéra- lisme laisse beaucoup de liberté aux cantons et aux communes dans l’organisation du temps scolaire.

point, pas de différence notable. Les écoliers suisses ont seulement six semaines de vacances en été contre huit en France. Sur le canton de Neu- châtel, l’année scolaire qui s’étend d’août à août intègre 39 semaines d’école et 13 semaines de vacances. “Le systè- me français est très centralisé compa- ré à son homologue suisse qui laisse encore beaucoup d’autonomie commu- nale dans l’organisation. Un enseignant suisse est recruté directement par la commune. S’il change de commune, il perd ses avantages et repart de zéro. Une vision plus centrali- sée favoriserait davantage la mobilité des enseignants qui hésitent à se déplacer” , obser- ve Pascal Cosandier, l’adjoint au chef du service de l’enseignement obligatoire au canton de Neuchâtel. Mais les choses commencent aussi à évoluer chez nos voisins. En mai 2006, le peuple suisse a accepté à une très large majorité la révision des articles constitutionnels sur l’éducation. Le canton de Neuchâtel a adopté l’accord Harmos qui découlait de cette votation en juin 2008. “C’est une petite révolu- tion. Cet accord vise à harmoniser un certain nombre de pratiques au niveau fédéral.” Le premier projet qui rentrera en vigueur à la rentrée 2011 va rendre l’école obligatoire à partir de 4 ans. Actuellement, les parents ont la pos- sibilité d’inscrire leurs enfants à 4 ou 5 ans. La conséquence de ce rajeu- nissement se traduira par l’ouverture de 27 nouvelles classes enfantines (maternelles) sur le canton de Neu-

châtel. La durée de la scolarité obligatoire sera partout de 11 années. “Ce sera infini- ment plus facile de déménager d’un canton à l’autre grâce à Harmos.” L’accord stipule l’apprentissage d’une seconde langue à partir de 8 ans. Une séance hebdomadaire de 45 minutes la première année et 2 séances pour les enfants de 9 et 10 ans. “La première langue enseignée doit être une langue de proximité, en l’occurrence l’allemand pour les cantons romands.” Le concor-

dat Harmos rabaissera aussi à 10 ans contre 12 ans aujour- d’hui l’initiation à une secon- de langue étrangère. L’aménagement du temps sco- laire est géré à part. Ce qui n’empêche pas qu’il fasse aus-

Harmoniser un certain nombre de pratiques.

si l’objet de changement. “On s’oriente vers l’adoption des horaires blocs qui permettrait une ouverture commune des classes enfantines et primaires. Ces mesures vont dans le sens d’une sim- plification des horaires familiaux d’autant plus que les écoles rurales pâtissent d’un manque de structures d’accueil parascolaires.” Les écoliers du canton de Neuchâtel ne vont plus à l’école le samedi matin depuis des lustres. Par contre, ils tra- vaillent le mercredi matin. Harmos intégrera aussi une spécificité roman- de, à savoir l’équité des moyens d’enseignement. “On pourra ainsi appli- quer le plan d’étude romand qui défi- nira des objectifs pédagogiques iden- tiques sur tous les cantons” termine le spécialiste. F.C.

Les petits écoliers suisses n’ont que six semaines de vacances l’été et ils travaillent le mercredi matin.

Est-ce Allègre le nul, ou les autres ? En conférence à La Chaux-de-Fonds le 3 juin dernier, le scientifique a continué sa croisade anti-écolo. Selon lui, il ne faut pas se soucier du climat mais de la faim dans le monde en donnant la pilule aux femmes musulmanes. Bizarre… Débat

C laudeAllègreestun scien- tifique reconnu. Pour le coup,onsedemandeoùest passé le sens de la ratio- nalisation de l’ancien ministre de l’Éducationnationale!Enbon scien- tifique qu’il est, l’ex-géophysicien devrait pouvoir prouver par A + B commentilarriveàdirequelesétudes sur le réchauffement climatique, menéesparleG.I.E.C.(groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolutionduclimat)sont “débiles.” Or, à la fin de son exposé auquel nous avons assisté début juin lors d’une conférence donnée au Club-44 à La Chaux-de-Fonds, Claude Allègre ne résout aucu- ne équation sinon d’affirmer - toujours seul contre tous - que les écolos sont des “hurluberlus” œuvrant pour “la destruction de notre monde” , que Nicolas Hulot est “un imbécile” , qu’Al Gore “se fout de la gueule du monde” et que le G.I.E.C. “est un système mafieux.” Pire, il nous donne des

chiffres approximatifs laissant sur notre faim… La faim justement, “c’est le pro- blème que doit résoudre l’homme en favorisant le développement des O.G.M. Si l’Europe refuse

la prévoir dans 10 ans ?” s’interroge-t-il d’une voix forte. Personne à La Chaux-de-Fonds ne le coupe. “Il faut se méfier de l’idée selon laquelle la règle de la majorité est bonne” insis-

te-t-il. Sans doute a- t-il raison mais l’homme s’emporte lors- qu’une jeune femme - vraisemblablement éco- logiste - lui lance que ses propos sont “sim- plistes” , ses positions “aberrantes, notamment

l’O.G.M., les nanotech- nologies, le nucléaire, alors on retournera aux cavernes !” , prétend Allègre qui a tenu en haleine durant deux heures un large audi- toire composé de chefs d’entreprise, cadres, éco- logistes…

“Il faut penser croissance et non décroissance.”

Invité par le Club-44 de La Chaux-de-Fonds pour donner une conférence sur le climat, l’ex-ministre a de nouveau jeté un pavé dans la mare. Il a divisé l’assistance.

sur l’utilisation de la voiture” (qu’Allègre défend). Le géophy- sicien sort de ses gonds : “Vous les écologistes, vous n’avez rien inventé (énervé). La voiture est un élément de liberté. Si vous voulez marcher à pied, allez-y ! Il faut penser croissance et non décroissance sinon on va droit dans le mur.” Encore une fois, Allègre vire dans le flou, voire dans le pathétique lorsqu’il

Attendu sur le thème de l’écologie après la sortie de son livre “L’Imposture climatique : Ou La fausse écologie”, il a vite chan- gé de sujet. “Je suis choqué, heur- té par le fait qu’on crée la panique sur la planète à partir de modèles informatiques dépourvus de tou- te fiabilité sur le climat. On n’arrive pas à prévoir la météo à 4 jours, comment prétendre

évoque la démographie, futur grand problème des années à venir. “Il faut apprendre à lire et écrire aux femmes musulmanes pour que celles-ci prennent la pilule, qu’elles fassent moins d’enfants, qu’elles travaillent” poursuit l’ex-ministre. L’eau ? “Son manque va accroître les ten-

sions entre nord et sud.” Nous l’avons interrogé en fin de confé- rence sur la raison qui l’a pous- sé à refuser le débat avec un mathématicien sur la chaîne de télévision Arte : “C’est un nul, ça fait 15 ans que je le connais, je n’avais pas envie de parler avec lui.”

Allègre a bien signé quelques autographes sans avoir convain- cu l’ensemble de l’auditoire. Une note à adresser à l’ancien ministre de l’Éducation : médiocre. Finalement, on arri- ve à se demander qui est le nul : les autres ou bien Allègre ? E.Ch.

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