Journal C'est à Dire 155 - Mai 2010

V A L D E M O R T E A U

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La pharmacie voit rouge Les pharmacies font face à de plus en plus d’impayés. La faute à la carte d’assuré social des frontaliers qui est à la fois valide… sans l’être. Les pharmaciens demandent aux mutuelles d’assumer. Santé du frontalier

Deux “sauterelles” dans le désert Le jeune Clément Faivre, étudiant de La Chenalotte et sa compagne Hélène Boucard, des Fins, pré- parent le “4L Trophy”, un raid humanitaire dans le Sud marocain. Deux aventuriers dans l’âme. La Chenalotte

A perçu à la pharmacie des Fins. Au-dessus du comp- toir de l’officine, une phra- se imprimée sur une feuille A4 blanche rappelle que la “maison” ne délivre plus de médicaments à ceux qui n’ont pas une carte de mutuelle de santé à jour ou à ceux qui ne sont pas en mesure de la présenter. Ceci “en raison d’un trop grand nombre d’impayés” précise en effet victime des effets colla- téraux de la crise économique. Concrètement, des frontaliers licenciés gardent leur carte d’assuré (dit de tiers payant) et continuent à se faire rembourser à 100 % leurs médicaments alors qu’ils ne payent plus de mutuel- le de santé. C’est le fait d’une minorité de personnes “mal- veillantes”. Néanmoins, cet état de fait révèle les failles d’un sys- tème car les pharmacies - qui avancent les médicaments - se retrouvent face à des impayés en hausse puisqu’elles ne sont pas remboursées par les mutuelles. l’affiche. Comme d’autres officines du Val de Mor- teau ou de la bande fron- talière, cette dernière est

Les conséquences sont fâcheuses : elles vont de l’Efferalgan non rem- boursé à 1,80 euro… à une chi- miothérapie à 1 000 euros. Quelles solutions ? Trouver une carte d’assuré dont la validité pourrait être facilement consul- table par les pharmaciens (à l’image d’une carte Vitale). Les mutuelles qui ont signé avec les

I ls sont tous deux étudiants à Besançon et viennent de se lancer dans la gran- de aventure du “4L Trophy”, un raid humanitaire ouvert à tous les étudiants de France pour peu qu’ils aient l’âme aven- turière et soient portés par un vrai élan de générosité. Ils viennent de trouver le véhi- cule, une Renault 4L évidemment, et ont créé récemment une association spécifique - les Sauterelllles du désert (avec 4 “L”…). Aujourd’hui, ils sont à la recherche de spon- sors pour boucler un budget qui avoisine- ra les 6 000 euros. “L’objectif pour les par- ticipants est d’acheminer chacun 50 kg de fournitures scolaires que nous achemine- rons au Sud du Maroc dans des villages défavorisés. Cette année, le “4L Trophy” a permis d’acheminer près de 80 tonnes de matériel” explique Clément Faivre. Le grand départ aura lieu le 17 février 2011. Pour le jeune couple, le compte-à-rebours est lancé. J.-F.H. Zoom La sauterelle, emblème de La Chenalotte L e village de La Chenalotte tire son nom de “chenalette” ou “petit che- nal”, car le village était traversé par un ruisseau. On peut encore se rendre compte de son tracé les jours de gros orage quand lʼeau dévale et se concentre en un ruisseau qui passe près de lʼéglise. Quant au nom de Sauterelles, lʼabbé Loye raconte que vers 1783 la communauté refusa de tenir ses engagements vis-à- vis du curé. Lʼabbé Pierre-François Cue- not, alors vicaire du lieu, se plaignit de lʼabandon dans lequel on le laissait. Les paroissiens demeurèrent sourds à ses cris de détresse. Lʼun dʼeux, plus malinten- tionné, poussa même lʼinconvenance le dimanche suivant, jusquʼà déposer dans la chaire un morceau de tourbe avec du pain noir. Mal lui en prit. Le pauvre vicai- re porta lʼaffaire au bon Dieu. Une nuée de sauterelles sʼabattit sur le territoire de La Chenalotte et le ravagea. On dit même quʼelles pénétrèrent dans la mai- son du coupable, montèrent dans la che- minée et mangèrent le lard. À la vue du fléau, les paroissiens recon- nurent leurs torts et, sur leur demande, le vicaire sʼadressa à Dieu, exorcisa les sau- terelles qui disparurent aussitôt. Cette anecdote est issue du tout nouveau site Internet de la commune, créé par un habitant, Thierry Duquet, informaticien de métier. Une initiative qui mérite un vrai coup de projecteur. Rare en effet de voir quʼun site Internet est régulièrement mis à jour et animé dans une commune si modeste. www.chenalotte.org Renseignements au 06 86 06 75 76

trois syndicats de la phar- macie la pratique du tiers payant devraient - en théo- rie - prendre en charge ces défaillances, chose qu’elles ne font visiblement pas.

“De 1,80 à 1 000 euros.”

Les pharmaciens réclament donc une meilleure lisibilité de cette carte pour savoir en temps réel si le frontalier est bien à jour avec sa mutuelle. Aux trois syndicats de pharmaciens - U.S.P.O., F.S.P.F., U.N.P.F. - de mettre la pression sur ces dernières afin qu’elles assument leur rôle ou sinon trou- vent une solution rapide. Pen- dant ce temps, les officines ten- tent de faire passer la pilule à leurs clients. Pas toujours simple de refuser une vente pour un pro- fessionnel.

Clément Faivre et Hélène Boucard ont déjà trouvé la 4L. Il ne leur manque plus qu’un soutien financier pour boucler leur budget.

E.Ch.

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