Journal C'est à Dire 155 - Mai 2010

V A L D E M O R T E A U

Commentaire Le compte-à-rebours est lancé Laurent Lenoir est le responsable export chez Simonin. C’est à lui que l’entreprise doit la signature de ce contrat hors normes. Il en raconte les coulisses.

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Montlebon

Le savoir-faire Simonin brille en Afrique L’entreprise de Montlebon a décroché un gros contrat en Guinée Équatoria- le pour la construction d’un aéroport. Quatre mois de travail intensif. Un bateau spécialement affrété partira pour l’Afrique le 15 juin.

Laurent Lenoir, responsable export chez Simonin.

C’ est à dire : Comment avez-vous décro- ché ce marché ? Laurent Lenoir : C’est un travail de longue haleine car nous parcourons de nombreux salons à travers le monde. Et c’est en donnant des cours à des ingénieurs béton que l’un d’eux nous a mis en contact avec le client, à qui d’ailleurs nous faisions la maison de l’un des amis. Nous avons dû réagir très vite. Le premier contact a été pris un vendredi après-midi. Nous avons travaillé tout le week-end sur le projet et le mardi suivant, nous convoquions le client gui- néen et des ingénieurs et architectes de Nice et de Mulhouse, nous leur faisions une offre et le samedi, nous avions la commande. Càd : Depuis, c’est le compte-à-rebours ? L.N. : Le 19 mars, nous avions confirmation de la commande. Le 1 er avril, on démarrait les études et le 15 avril le chantier dans nos ate-

liers de Montlebon. Nous devons charger le bateau le 15 juin à Anvers. Nous avons dû affré- ter un bateau rien que pour nous, qui trans- portera 150 contenairs . Depuis quelques semaines, nous sommes en 3 X 8. Càd : Ce genre de marchés n’est pas un peu risqué ? L.N. : C’est clair que peu de banques voulaient nous suivre pour garantir ce marché. Une seu- le a bien voulu le faire. Ce que les banques ne savent pas, c’est que les chiffres sur la Gui- née Équatoriale ont complètement changé en quelques années. Et il ne faut pas compter sur l’État français pour nous aider. Les P.M.E. ne comptent pas beaucoup pour des organismes comme Ubifrance censés aider les entreprises à l’export. Mais il faut aller de l’avant, nous n’avons pas le choix. Propos recueillis par J.-F.H.

C’est sur une île pas plus grande que le Val de Morteau que la super-structure sera construite.

E n ce moment, tout le monde est sur le pont chez Simonin. Les sala- riés ne comptent pas leurs heures, les congés de l’Ascension ont souvent été sacri- fiés et on travaille en 3 X 8 pour tenir les délais. Mais on sent que chacun ressent une certaine fier- té : à l’intérieur de l’immense han- gar, on s’affaire sur les innombrables pièces d’un puzzle géant qui sera monté sur place dès le 15 juin pour un chantier qui durera tout l’été : la construction d’une aéro- gare sur l’île d’Annobon en Gui- née Équatoriale. Ce pays, petit confetti morcelé d’à peine 1,1 million d’habitants - l’équivalent de la Franche-Com- té -, coincé entre le Cameroun et le Gabon, est passé en quelques années du statut de pays “sous-développé” à celui d’État parmi les plus riches du monde au regard du P.I.B. par habitant. Responsable de ce boom économique soudain : le pétrole. La Guinée Équatoriale recèlerait dans son sous-sol les

plus grandes réserves d’Afrique. Le gouvernement guinéen exi- ge donc désormais le meilleur pour ce pays en pleine méta- morphose : des ports et des infra- structures de transport. L’aéroport d’Annobon fait donc partie de ce plan de dévelop- pement et c’est au savoir-faire de Simonin que les Guinéens

30 000 heures de travail.” Car le défi est de taille : il s’agit de livrer l’aérogare pour le 12 octobre maximum, jour de la fête nationale en Guinée Équa- toriale où le président guinéen a décidé de recevoir tous ses invi- tés sur cette île au large du gol- fe de Guinée. Et sans aéroport, pas de fête nationale cette année. L’entreprise Simonin décroche régulièrement des marchés hors de métropole. Elle a notamment réalisé l’aéroport de Saint-Denis de la Réunion, des hôtels haut de gamme aux Canaries ou enco- re d’autres chantiers specta- culaires comme la construction d’une base scientifique en Antarctique ou ce refuge ins- tallé par hélicoptère à 3 500 m d’altitude dans les Alpes ita- liennes. Le savoir-faire Simonin rayonne plus loin et plus haut. Avec un effectif qui atteint presque les 100 salariés, l’entreprise de Montlebon pour- suit son développement. Un pro- jet d’agrandissement est dans les cartons.

ont décidé de faire appel. Une commande de près de 4 millions d’euros, soit près de 15 % du chiffre d’affaires annuel de l’entreprise (il était de 22 millions d’euros en

Sans aéroport, pas de fête nationale.

2009). Ce chantier d’envergure ne concerne pas seulement les 90 salariés de la société Simonin, il mobilise d’autres acteurs locaux de l’économie. L’électricité a été confiée à l’entreprise Balos- si-Marguet de Morteau, la cou- verture du futur aéroport à la société L.J. Toiture et “nous fai- sons appel à d’autres charpen- tiers locaux pour nous épau- ler” ajoute Laurent Lenoir, res- ponsable export chez Simonin. “Ce chantier représente environ

En repérage en Guinée, Laurent Lenoir s’est fait accompagner par Joseph Simonin qui était, avant de prendre sa retraite officielle, le spécialiste des chantiers atypiques.

J.-F.H.

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