Journal C'est à Dire 154 - Avril 2010

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V A L D E M O R T E A U

La mort en toute humanité Implantée depuis 2002 à Morteau, Jalmalv Haut-Doubs accompagne les per- sonnes en fin de vie et celles touchées par un deuil. Missions délicates. Beaucoup plus enrichissantes qu’on ne le suppose, et si importantes… Association

R econnue d’utilité publique depuis 1993, Jalmalv, acronyme de “Jusqu’à lamort accom- pagner la vie”, n’est pas la seule association engagée au service des mourants ou des familles en deuil. Elle revendique sans ambigüité sa neutralité. “C’est une associa- tion sans appartenance religieu- se, confessionnelle ou politique” , confirme Serge Humbert, le pré- sident de Jalmalv Haut-Doubs qui réunit environ 30 membres en situation d’accompagnant. Une vingtaine de ces bénévoles

donnent de leur temps à des personnes dans le par- cours de fin de vie. Ils interviennent

Jalmalv a accompagné 34 personnes en 2009.

“Notre action se résume en trois mots : présence, écoute, accompagnement”, explique Serge Humbert, le président de Jalmalv Haut-Doubs. Ici en compagnie de Camille, l’un des bénévoles maîchois. Programme

à l’hôpital de Morteau et à la maison de retraite des Franches- Montagnes à Maîche. Les autres proposent une écoute à la souf- france des “endeuillés”. La démarche se décline sous for- me de rencontres individuelles, au sein de groupes d’entraide pour adultes ou dans le cadre d’ateliers pour enfants. Elle peut aussi se poser dans un lieu public

pour un café-deuil où chacun partage autour d’un verre son ressenti après la mort d’un être cher. En 2009, Jalmalv Haut-Doubs a accompagné 34 personnes, dont 15 sont décédées depuis. Autre idée du volume d’activité : les

bénévoles ont consacré globale- ment 1 600 heures de travail à des tâches administratives : courrier, permanence, forma- tion… Comme tant d’autres associa- tions, l’antenne mortuacienne manque de “bras”. “On n’est pas assez nombreux pour répondre à toutes les demandes. On aime- rait, par exemple, mettre en pla- ce une équipe complète à Flan- gebouche.” La notion d’équipe est fondamentale dans le fonc- tionnement de Jalmalv. Ici, tout se fait au minimum en binôme. Avant d’être mis en situation d’accompagnant, chaque membre suit une formation étalée sur 12 mois. Formation qui se prolon- ge ensuite avec des remises à niveau régulières. “Pour ce fai- re, on a la chance d’appartenir à une fédération nationale” , pour- suit Serge Humbert. Le troisième volet de l’association porte sur la communication. Il s’agit là d’aller témoigner autour des valeurs de Jalmalv en se rendant dans les collèges, lycées, collectivités, associations. “On propose même des ateliers ludiques autour du cycle de la vie dans les écoles primaires.” Jalmalv assoit sa crédibilité sur les compétences de ses béné- voles. Tous ne sont pas aptes à prendre de telles responsa-

Les bénévoles témoignent “Elles nous apprennent à vivre” E n retraite depuis 2001, Camille a passé une bonne partie de son existence à sʼoccuper des autres. En étant notam- ment délégué à la tutelle. Son implication au sein de Jalmalv semble assez logique pour cet homme habitué à gérer des situations compliquées. Le sérieux de la formation, lʼesprit dʼéquipe, le partage des responsabilités ont motivé son choix. Il intervient depuis plusieurs années au sein de lʼéquipe dʼaccompagnement rattachée à lʼE.H.P.A.D. de Maîche. “On peut résumer le sens de notre action en trois mots : présence, écoute, accompagnement.” La tâche nʼest pas toujours gratifiante sur le plan purement intel- lectuel. Camille accompagne par exemple trois personnes âgées de 93 à 97 ans. Une seule a encore toute sa lucidité. “La rela- tion s’établit souvent au niveau du regard, de l’expression du visage. Quelle que soit les personnes que l’on accompagne, elles nous apprennent à vivre.” Camille apprécie aussi de pouvoir par- tager son ressenti lors des séances de supervision où les membres de lʼéquipe se retrouvent pour faire le point avec un psychologue. Regard empli de bienveillance, sourire. La joie ou l’espérance font aussi partie de l’accompagnement des personnes en fin de vie.

bilités. Certains peuvent égale- ment être concernés personnel- lement par une douloureuse épreuve. Ils leur arrivent alors de solliciter une pause. Belle expression d’humanité. F.C. Jeudi 23 septembre. Vieillir et vivre des deuils dans un monde désorienté. Par Michel Billé, sociologue. de conférences Mercredi 29 mai 20h salle des fêtes de Villers-le-Lac. La complexité des liens familiaux. Par Rosette Poletti, psychologue. Jeudi 17 juin 20h15 salle du théâtre à Morteau Nos épreuves ont-elles un sens ? Par Bertrand Vergely, philosophe Mardi 29 juin Moreau Droits des malades et fin de vie. Par Jean Léonetti

Main dans la main jusqu’au dernier souffle de vie.

*Du 4 au 15 mai 2010

Le suicide “Mettre en mots la

souffrance ou la culpabilité” T hérèse, nous la prénommerons ainsi, a vécu lʼépreuve la plus douloureuse qui soit en perdant son fils qui sʼest suicidé en 2003. “À partir de là, il n’y a plus de temps dans l’absence.” Sentiment de culpabilité, difficulté de dialogue avec le conjoint, déconnexion avec le présent, tout y passe. Si elle connaissait lʼexistence de Jalmalv de longue date, elle a préféré attendre un an avant de franchir le pas. “J’ai intégré un groupe de parents ou conjoints endeuillés par suicide.” Program- mé initialement sur 8 séances, ce groupe exclusivement féminin vit toujours, animé quʼil est par un très fort lien dʼamitié. “Cette expérience m’a permis de mieux vivre le deuil. Sans elle, je serait probablement plus mal” , note Thérèse qui se forme aujourdʼhui pour “accompagner” dʼautres groupes. Formation quʼelle juge indispensable et qui lʼaide aussi à se restructurer. “Le groupe permet de mettre en mots la souffrance, la culpabilité, le pour- quoi jusqu’à comprendre que ce pourquoi ne nous appartient pas. La démarche aide à retrouver un peu d’estime de soi. Elle éveille aussi une vigilance par rapport aux proches. On leur don- ne encore plus d’amour.”

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