Journal C'est à Dire 154 - Avril 2010

E C O N O M I E

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Et les mandats annexes

Des élus en vadrouille Envoyés spéciaux,

Les petits voyages des présidents Joseph Parrenin et Vincent Fuster ne sont pas rémunérés dans leur fonc- tion de président du C.P.P.R. pour le premier, du C.D.T. pour le second. En revanche, profitent-ils de leur statut pour voyager à l’œil ?

missions spéciales

Chaque année, le Conseil régional envoie des émissaires à travers le monde au titre principal de la coopération avec d’autres pays. Sur le papier, le motif de ces voyages est souvent bien curieux.

“S i je veux me payer des voyages, je n’ai besoin du C.P.P.R. !” Le président du comité de promotion des pro- duits régionaux (C.P.P.R.) Jose- ph Parrenin réfute l’idée selon laquelle il “profiterait” de son sta- tut pour voyager à l’œil. Il devait se rendre du 21 au 24 avril à Sin- gapour en V.R.P. de notre bon Comté et saucisse de Morteau mais en raison d’un emploi du temps chargé, il a renoncé à ce voyage. “Une fois par an, j’essaye de remplir mon rôle d’acteur en allant à l’étranger mais pas plus, car ça coûte cher. Ce ne sont pas les billets d’avion les plus coûteux mais l’hôtel.” Sa fonction de président du C.P.P.R. lui a permis de se rendre

Paris, Tokyo, Montréal, Singa- pour… Joseph Parrenin ne s’y est pas rendu et ne semble donc pas boulimique de voyages. En 2010, il n’ira pas à l’étranger. Pour le comité départemental du tourisme (C.D.T.) présidé par Vin- cent Fuster, les voyages exotiques sont inexistants puisque les atouts touristiques du Doubs sont pré- sentés à l’échelon “national”, avec des salons à Lyon (tourisme d’affaires), Dijon, Charleroi (pêche), Lille, Paris, Bruxelles, Fréjus, Col- mar ou Berne (salon général du tourisme). Le président Vincent Fuster n’a pas profité de ces voyages mais a laissé les salariés du C.D.T. vanter les mérites de notre département. E.Ch.

à Québec il y a un an et demi lors du 400 ème anniversaire de la vil- le ou à New-York pour le Sum- mer Fancy Food. “À New-York, j’y suis allé pour me rendre compte de la pertinence d’être présent sur le continent Nord-américain. Là- bas, nous avons trouvé un hôtel pas très cher. Je suis également allé à Cologne (Allemagne).” Dif- ficile de dresser un bilan sur ses résultats, même si la représen- tation n’est en soi jamais contre- productive. À sa décharge, Jose- ph Parrenin ne rechigne pas le travail et passe au minimum une demi-journée par semaine à tra- vailler sur l’exportation de nos produits comtois. Cette année, fromages et autres vins ont été présentés en Allemagne, à Dubaï,

D ans le cadre de leurs fonctions, les élus du Conseil régional sont amenés à se déplacer enFrance et à l’étranger.Ils sont investis par l’assemblée d’un mandat spécial pour desmissions qui le sont tout autant.Maroc, Russie, Canada, Chine… des émissaires sont envoyés aux quatre coins du globe pour repré- senter laFranche-Comté et défendre,dit-on,ses intérêts.Ainsi,en 2008 et 2009,Pierre Magnin- Feysot est de ceux qui ont le plus voyagé. Rien d’étonnant à cela, puisque l’adjoint au maire du Russey était alors vice-président délégué enchargedes relations internationales auConseil régional. Du sérieux donc. Mais là où l’histoire prend du plomb dans l’aile, c’est à la lecture de l’intitulé des mis- sions. On se demande ce que pouvait bien faire un élu franc-comtois au 6 ème congrès de “l’industrie laitière de la Sibérie” qui s’est déroulé du 1 er au 8 septembre 2009 en Rus- sie dans la région de l’Altaï. Coût du voya- ge : 2 245,35 euros. Même interrogation autour d’un déplacement (857,61 euros) à Ouarza- zate au Maroc où le vice-président a assis- té au colloque “Tourisme et sport”. Plus tard, du 2 au 11 avril 2009, M. Magnin-Feysot s’est envolé pour la Chine dans la province de l’Anhui. Une mission officielle à 1 400,24 euros. Sur le papier, le motif est vague. Joseph Parrenin, maire de Maîche, qui était vice-président de la précédente assemblée régionale fait partie lui aussi des plus sérieux globe-trotters (voir aussi ci-dessous). Du 17 au 19 mai 2009, il était à Séville en Espagne pour participer au séminaire hispano-fran- çais sur l’innovation soutenue par des fonds

européens. Coût du voyage : 1 043,24 euros. Du 22 au 26 janvier, on a pu le croiser à Kol- da au Sénégal dans le cadre du comité de pilotage, de rencontres des partenaires et de suivi technique de la coopération (1 861,53 euros). Rien qu’en 2009, près de 30 mandats spé- ciaux ont été délivrés à des élus. La somme totale engagée pour ces voyages avoisine les 20 000 euros. C’est peu en effet comparé aux 116 500 euros dépensés par Alain Joyan- det dans la location d’un jet privé. Néan- moins, il convient de s’intéresser à la perti- nence de ces voyages effectués par nos élus qui pourraient rapidement être soupçon- nés de faire du tourisme. Heureusement, la Région n’est pas un tour-opérateur ! “Il y a une commission annuelle durant laquel- le on fait le bilan de toutes les coopérations” tente de justifier Pierre Magnin-Feysot. Tous ces voyages auraient une raison d’être. “Dans le cadre de la coopération avec l’Altaï en Russie, Monsieur Magnin-Feysot n’était pas seul. Il faisait partie d’une délégation par- mi laquelle figuraient des entrepreneurs. Il y a beaucoup d’échanges entre l’E.N.I.L. de Mamirolle et les professionnels de l’Altaï” explique-t-on au cabinet de la présidente. C’est d’ailleurs dans le cadre de ces accords entre la Franche-Comté et l’Altaï qu’est née une polémique sur la possible fabrica- tion d’un “comté de l’Altaï”. “La réciproque de ce voyage est très simple, c’est la déléga- tion russe qui sera l’invitée d’honneur de la Foire Comtoise.” Ça, ce n’est pas du bidon… T.C.

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