Journal C'est à Dire 154 - Avril 2010

É C O N O M I E

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Saint-Hippolyte Facel en odeur de sainteté L’usine d’éponges située à l’entrée de Saint-Hippolyte fait vivre une ville mais rejette toujours ses mauvaises odeurs. La direction dit avoir remédié à ces problèmes. Visite.

“L es enfants, fermez les fenêtres, on passe devant l’usine !” Caricaturale, cet- te phrase résume à elle seule le mythe que génère l’usine Facel située à l’entrée de Saint-Hippolyte bordant la route Pontarlier-Montbé- liard. Pour beaucoup, Saint-Hippolyte se loca- lise “grâce” à son usine d’éponges reje- tant cette d’odeur “d’œuf pourri.” Selon la direction, cette image est à revoir puisque “les odeurs ont dis- paru grâce aux travaux menés.” C’est Martial Pretot, directeur de l’usine, qui l’annonce : “Au cours de ces dernières années, nous avons engagé une large démarche de progrès environnemental. Le problème des odeurs dans l’environnement a été résolu en utilisant notre labora- toire avec l’appui de cabinets extérieurs et en concertation avec les services de la D.R.E.A.L. (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement

et du logement). Nous avons réduit de 98 % nos rejets” dit-il. Un constat qui fait monter rapidement la moutarde au nez de certains habi- tants : “ a sent peut-être moins sou- vent, mais ça pue (sic) toujours” dit Pas- cal, habitant du village depuis trente- deux ans. “Par temps de bise, je n’ose pas mettre mon linge dehors” annonce cette mère de famille dont le balcon est situé à 800 mètres en amont de l’usine. D’autres sont en revanche plus mesurés : “Depuis qu’ils ont construit leur cheminée, ça sent beaucoup moins fort” témoigne de son côté un commerçant. Pour Madeleine qui habite depuis 73 ans à Saint-Hippolyte, les odeurs d’aujourd’hui “n’ont plus rien à voir avec celles d’il y a trente ans.” Ces rejets sont soi-disant “inoffensifs” pour la san- té mais certains mettent en doute ce diagnostic : “Les peintures de voiture sont attaquées… alors je ne pense pas que ces rejets soient bons pour nous”

“ a sent moins fort.”

Dangereux pour la santé ? La fabrication dʼéponges cellulo- siques est à lʼorigine de rejets impor- tants dʼhydrogène sulfuré (composé malodorant pouvant sʼavérer toxique à dose supérieure). En 2005, la société sʼest vue contrain- te de réduire ses rejets et dʼaméliorer leurs conditions de diffusion dans lʼatmosphère.Les résultats de ce dis- positif nʼont pas été à la hauteur des prévisions escomptées. Une secon- de étape a été lancée en 2007 pour un coût de 250 000 euros. Les rejets seraient moindres selon la direction, notamment depuis la mise en place notamment.

Facel produits des éponges en continu et emploie 40 personnes.

déclare un habitant qui préfère rester anonyme. Le directeur de l’usine réfu- te ce constat : “Voilà plusieurs années que ma voiture est garée ici, la pein- ture est intacte.” Bref, le village est partagé entre sou- ci économique et souci écologique. Pas question de casser des œufs sur une usine qui emploie aujourd’hui 40 per- sonnes en feu continu et dont l’activité pour 2010 est assurée. Facel - qui pro- duit pour le groupe Mapa Spontex - se montre très discrète avec la presse. Elle n’a pas apprécié que l’on vienne directement l’attaquer sur ce sujet envi- ronnemental au début des années 2000. Aujourd’hui, elle tente de jouer la trans- parence. Un coup d’éponge sur son pas- sé, sûr que Facel aimerait bien le pas- ser ! E.Ch.

Madeleine habite depuis 73 ans à Saint-Hippolyte. Selon elle, les odeurs “sont toujours là mais moins fortes qu’avant.”

Voyages Et si on faisait un pèlerinage ? L’image des pèlerinages est souvent faussée par un tas d’a priori sur le dérou- lement de ces voyages autant culturels que spirituels. Éclairages.

N on,il ne faut pas abso- lument être âgé, ultra-catholique et égrener son chape- let à longueur de journée pour s’inscrire à un pèlerinage. On peut être jeune, avoir certes besoin d’un peu de spiritualité mais surtout avoir envie d’aller à la rencontre d’autres cultures, d’autres modes de vie. La preu- ve : leVietnam, l’Égypte, la Tur- quie, l’Allemagne, la Pologne ou encore le désert algérien sont autant de destinations propo- sées par le service des pèleri- nages du diocèse de Besançon, véritable agence de voyages à thème. Bien sûr il y a Lourdes, natu- rellement on retrouve Rome, mais ces destinations, grands classiques du pèlerinage, côtoient des lieux plus exotiques ou surprenants, toujours char- gés d’histoire. C’est bien cela que souhaite faire découvrir le service des pèlerinages qui a son bureau au 18, rue Mége- vand, au cœur du centre dio- césain de Besançon. “Les pèle- rinages ont plusieurs fonctions : ils peuvent servir à évangéli- ser, mais ils ont aussi pour fonc-

suit M. Guiraud, ancien pro- fesseur de français et latin nom- mé en juillet 2006 à la tête de cette agence de voyages un peu spéciale. Le prix d’un pèlerinage, c’est sensiblement le même qu’un voyage organisé classique. Bien sûr, il ne faut pas attendre l’hôtel 5 étoiles avec spa, pis- cine et plage de rêve. On ne doit pas non plus craindre la cellule monacale ascétique et

tion de cultiver et ils peuvent décrasser, c’est-à-dire permettre de rompre avec tout ce qui encombre” commente Jean- François Guiraud, le directeur du service des pèlerinages, véri- table agence de voyage qui pro- pose près de 25 pèlerinages cet- te année. Parmi les destina- tions originales, on trouvait “les abbayes romanes de Pro- vence” en avril, et plus tard, les monastères coptes de la Mer Si certaines destinations font régulièrement le plein comme la Terre Sainte, Rome, Lourdes ou La Salette, d’autres ne sédui- sent pas encore suffisamment de voyageurs-pèlerins. Il faut encore convaincre, parfois sur des thèmes un peu plus aus- tères comme le protestantis- me luthérien (voyage qui était prévu en Allemagne en avril). “Les pèlerinages, c’est aussi l’occasion d’engager des liens avec les autres et d’aller à la rencontre de soi-même” pour- Rouge en Égypte ou “Hoggar, l’appel du désert”, sur les traces du père De Foucauld dans le Sud algérien.

minuscule. “On sait que les gens sont habitués à un certain confort, on essaie de trouver le juste milieu.”

Il ne faut pas attendre l’hôtel 5 étoiles.

Le pèlerinage, c’est avant tout la rencontre. C’est une pause salutaire dans la vie. Une pau- se qui permet souvent de mieux repartir. “Quand on marche, on avance” disait simplement un adepte des pèlerinages. Des voyages faits pour avancer, dans tous les sens du terme.

J.-F.H.

Renseignements au 03 81 25 28 22

Jean-François Guiraud est le directeur du service interdiocésain des pèlerinages.

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