Journal C'est à Dire 153 - Mars 2010

L E P O R T R A I T

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L’Algérie de Gabriel Hatot L’ancien commerçant mortuacien Gabriel Hatot raconte sa guerre d’Algérie. Un livre rempli d’anecdotes où nombre de ses camarades se retrouveront. Un Mortuacien raconte sa jeunesse

G abriel Hatot s’est livré. Pas à l’ennemi, mais sous la plume de son ami Mar- cel Ballot à qui il a racon- té sa vie de soldat lors de la guer- re d’Algérie. Beaucoup de ses “cama- rades” se retrouveront dans les 200 pages illustrées de photos person- nelles prises au détour d’un oued ou sur le capot d’une jeep. La photo de couverture rend notamment hom- mage à un de ses amis qui s’est sui- cidé quelques mois après ce conflit méconnu du peuple français et trop souvent caricaturé. “Je ne supporte pas par exemple l’idée de savoir que les militaires de la guerre d’Algérie sont des violeurs. Je ne dis pas qu’il n’y en a pas eu mais je n’en ai pas vu. Avec ce livre, je veux rendre hom- Son livre à compte d’auteur est un récit original sur un sujet délicat qui fait office de devoir de mémoire. Un récit tantôt poignant car nour- ri d’anecdotes et quelques fois atten- drissant quand l’auteur évoque ses retrouvailles avec sa famille voire amusant lorsque Gabriel relate une mission top secrète… Quarante ans plus tard, Gabriel Hatot en sourit encore lorsque nous lui demandons de nous narrer cette mission top secrète confiée par le capitaine de la 2 ème compagnie en juin 1961 : “Je devais me rendre à Constantine pour mage à des gens qui ont fait une guerre non choisie” dit Gabriel Hatot qui réside avec son épouse une partie de l’année à Morteau, l’autre partie dans le sud de la Fran- ce.

prendre en charge une douzaine de filles pensionnaires du B.M.C. (bor- del militaire contrôlé) tenu par Mada- me Angélique pour les ramener ensui- te aux légionnaires. Le capitaine m’avait demandé de prendre bien soin d’elles alors j’ai recouvert les sièges d’épaisses couvertures afin que les fesses de ces dames n’aient pas à souffrir du chaos du voyage. Nos légionnaires méritaient bien la per- fection…” , se souvient-il. Cet extra- it tiré de la page 140 ne doit pas cacher tous les points centraux que Gabriel met en avant : la lettre d’incorporation reçue le 10 août 1959, le terrible passage devant le conseil de révision à l’Hôtel de ville de Mor- teau, la traversée de la Méditerra- née, la première opération (et la seu- son grand-père avait créée en 1907 a été reprise et fonctionne toujours à Morteau depuis sa retraite (1999). S’il s’est retiré de ses nombreux man- dats en 1995 (il fut président de l’Union commerciale de Morteau, membre de la Chambre de commer- ce et d’industrie du Doubs, admi- nistrateur de l’hôpital rural de Mor- teau, membre du conseil d’administration de la sécurité socia- le…), Gabriel Hatot garde toujours un regard avisé sur ce qui se passe : “Je dis qu’il faut laisser la place aux jeunes car on perd le fil avec le temps. le) face aux Fellagas, la rou- tine du soldat, la permis- sion… Aujourd’hui, l’homme dit avoir bouclé la boucle : la grande surface spécialisée dans l’ameublement que

Aujourd’hui, je suis satisfait de voir ce qui se passe en matière de com- merce à Morteau.” Sa fille Cathy a pris son relais en se lançant dans la vie politique (N.D.L.R. : elle est conseillère à la ville de Morteau). Un satisfecit pour un homme à l’apparence posée, et travailleur. Gabriel Hatot en a-t-il profité pour lui délivrer des conseils en politique et vie publique ? “Je lui ai dit qu’il ne fallait pas augmenter les impôts ! La collectivité doit faire avec les moyens dont elle dispose !” Si sa fille a suivi son côté “public” , son fils Sté- phane a pris le filon militaire en deve- nant capitaine, chef de service des achats de l’hôpital d’instruction des armées de Bordeaux. Gabriel est aujourd’hui un homme comblé… qui attend de devenir papy. E.Ch.

“Ne pas augmenter les impôts.”

Le Mortuacien Gabriel Hatot s’est livré sous la plume de son ami Marcel Ballot pour narrer “sa” guerre d’Algérie.

Renseignements : Le livre est disponible dans les bureaux de tabac de Morteau, des Fins, Le Russey, Charquemont (…), Pontarlier. Prix de vente : 14 euros. Tél. : 03 81 67 04 72 ou 06 89 55 02 04. hatotcathy@orange.fr

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