Journal C'est à Dire 153 - Mars 2010

P L A T E A U D E M A Î C H E

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Environnement Le sauvetage du Dessoubre enfin en marche La pollution du Dessoubre équivaut aux rejets orga- niques d’une ville comme Marseille ! D’importants travaux sur la rivière seront engagés grâce à la nais- sance d’un syndicat. Le temps est compté.

Subventions Natura 2000 n’est pas un piège : c’est un porte-monnaie vert La zone Natura 2000 va s’étendre. Beaucoup imaginent une extension manu militari alors que la structure offre de l’argent. Avis aux amateurs… L es étiquettes, lorsquʼelles sont collées, ont parfois bien du mal à sʼenlever. Natura 2000 ne prétendra pas le contrai- re puisquʼelle doit faire face à de nombreuses idées reçues. La première : elle “piquerait” aux agriculteurs des terres culti- vables en les classant comme des réserves naturelles, inter- disant lʼusage dʼengrais ou lʼaccès à certaines zones. La secon- de : son cahier des charges en matière dʼenvironnement serait tellement restrictif quʼil empêcherait les chasseurs de chasser, les vététistes de rouler et les randonneurs de marcher. Tout ceci est faux puisque la structure ne peut rien imposer. “On propose un coup de pouce financier mais encore beau- coup d’agriculteurs pensent que Natura 2000 va leur piquer leurs terres, déclare le président Daniel Leroux. Heureusement, les mentalités changent” dit-il. Si les réunions autour de la mise en zone protégée des tourbières du Mémont ou du Bélieu furent houleuses, elles ont permis aux agriculteurs de donner leur position et aux écologistes dʼexpliquer la leur. À lʼinverse dʼautres structures, Natura 2000 a encore des sub- ventions à allouer. Pour ceux que ça intéresse, voici comment dégoter “facilement” de lʼargent : - De 150 à 200 euros à lʼhectare pour les prairies fleuries. Les prairies du Plateau nʼen sont plus. Alors quʼil y avait encore 60 espèces végétales différentes présentes dans un champ, on nʼen retrouverait seulement une quinzaine aujourdʼhui. La faute aux engrais et aux foins coupés trop tôt. 60 % des prai- ries sont dégradées. Natura 2000 lance donc “les prairies fleuries”. Chaque agriculteur qui le désire recevra une pri- me allant de 150 à 200 euros à lʼhectare. Bien évidem- ment, un cahier des charges est à suivre : ne pas couper lʼherbe trop tôt (souvent après le 15 juin) et fertiliser moins. Un concours des prairies fleuries devrait être organisé. - Pour les exploitants forestiers. Un kit de franchissement de rivière va être acheté par Natura 2000 qui le mettra gra- tuitement à disposition des exploitants forestiers devant fran- chir le lit du Dessoubre. - Subvention pour la fumière couverte. Beaucoup dʼécologistes sʼaperçoivent des limites des cuves à lisiers. Pour éviter que lʼeau de pluie ne ruisselle sur les tas de fumier, des subventions (un maximum de 80 %) sont allouées aux agri- culteurs couvrant leur fumier sous un toit. Ainsi protégé des pluies, cʼest du liquide en moins rejeté directement dans les ruisseaux. - Bientôt aux Fins. Jugée unique pour les espèces végé- tales quʼelle recèle, la pelouse des Fins (située en dessous du Calvaire) devrait être déclarée “zone Natura”. - À Indevillers. Le village a demandé dʼêtre inclus dans le péri- mètre. Saint-Julien-lès-Russey travaille également sur ce projet. - En chiffres. Natura 2000 est un réseau européen de sites naturels ou semi-naturels ayant une grande valeur patrimo- niale, par la faune et la flore exceptionnelles quʼils contien- nent. Il se développe sur une superficie de 16 271 hectares de la vallée du Dessoubre en passant par la Rêverotte.

Natura 2000 pourrait s’étendre jusqu’aux Fins et à Indevillers.

C’ est une énième étude comme il y en a eudes dizaines sur le Des- soubre depuis une vingtaine d’années. Problème : toutes sont mortes-nées laissant cette rivière coulant de Conso- selon nos informations, l’étude commandée fin juillet par le Conseil général duDoubs, les ser- vices de pêche, l’Agence de l’eau… et subventionnée par cinq com- munautés de communes auprès d’un cabinet, va aboutir - cette fois - à du concret. En effet, un syndicat va naître. Il aura la maîtrise d’œuvre des travaux. L’étude a déjà listé vingt fiches-actions (lire le zoom) per- mettant à ce joyau classé site Natura 2000 de recouvrer un peu de vigueur, sachant que les derniers échantillons sanitaires sont toujours aussi mauvais : outre une pollution aux métaux lourds, P.C.B., matières orga- niques et autres azotes ou pes- ticides, les résultats font état de la disparition d’espèces endé- lation à Saint-Hippo- lyte dans un triste état sanitaire.Tout pourrait changer rapidement car

accepté l’idée. C’est déjà une pre- mière avancée. Sera-t-il une de ses “usines à gaz” comme les col- lectivités savent si bien le fai- re ? Pas vraiment, puisque via des subventions, il a la compé- tence d’engager les travaux. “Le Dessoubre est dans un état extrê- mement fragile. Tout peut être sauvé… et tout peut être perdu” synthétise Daniel Leroux, le pré- sident de Natura 2000, conscient que la sauvegarde passe par la création de ce support. Mais Daniel Leroux pense qu’il est temps de réfléchir en terme de bassin-versant et faire prendre conscience aux villages sur- plombant le Dessoubre de leur rôle à jouer quant au respect des normes (station d’épuration, épandages…). Toutes les communautés de com- munes ont leur part - financiè- re - à apporter. Reste désormais à se retrousser les manches :

miques de nymphes et poissons (Blageon, Lamproie de Planer). Les écrevisses à pattes blanches sont encore présentes dans le bief de Vauclusotte mais pour combien de temps encore ? Si le travail n’a pas encore été

“On sait ce qu’il y a à faire mais cette étude est en cours de fini- tion” explique Cyril Thévenet à la Direction départementale des territoires (D.D.T.). Aurélien Hagimont, chargé de mission à Natura 2000, travaillera en collaboration avec les services de l’État pour établir le docu- ment d’objectifs. Qui paiera ? C’est le flou total, même si on peut affirmer que le Conseil général prendra une part impor- tante dans cette réalisation. Malade, le Dessoubre pourrait être soigné dès 2010. Espérons que le nombre pléthorique de “médecins” voulant sa survie ne soit contre-productif et qu’il ne le plonge encore plus dans le coma. Certains voudraient aller plus loin en inscrivant l’espace en Parc Naturel Régional (P.N.R.) d’ici 5 ans. Mais ça, c’est une autre histoire. E.Ch.

divulgué, les collecti- vités ont pris conscien- ce de l’urgence. Elles se réunissent le

“Incertitude : qui va payer ?”

1 er avril chez le sous-préfet à Montbéliard. Ne restera plus qu’aux communautés de com- munes du Russey, Saint-Hip- polyte, Dessoubre et Barbèche, Plateau Maîchois, Pierrefontai- ne-Vercel, syndicat mixte du Pays Horloger, mais aussi aux conseillers généraux de trois cantons (André Péquignot, Jean- Marie Pobelle, Daniel Leroux) ainsi qu’aux maires de s’entendre sur les compétences puis sur le financement du syndicat qui engagera ces travaux. L’intérêt général primera-t-il ? “Je suis pour un syndicat mais qui va le porter ?” , s’interroge le prési- dent de la com’com’ de Maîche Joseph Parrenin. Au départ réticent à l’idée de créer un nouveau syndicat, le sous-préfet de Montbéliard a

Zoom L’étude dans ses grandes lignes - Disparition du barrage en amont de Saint-Hippolyte - Création de passes à poissons - Reconnexion des ruisseaux sous les routes (proximité de Rosureux) - Aménagement des bordures de route - Consolidation des parois rocheuses en aval du Pont Neuf - Aménagement voire suppression de certains barrages - Aménagement des microcentrales hydroélectriques

Un seul village est installé le long du Dessoubre : il s’agit de Rosureux. Ceci explique en partie que beaucoup de communes se désintéressent de l’état de la rivière. C’est en passe de changer.

Les travaux sur le Dessoubre se feront aussi bien en aval qu’en amont du Pont Neuf.

Daniel Leroux, président de Natura 2000, en compagnie du technicien Aurélien Hagimont.

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