Journal C'est à Dire 153 - Mars 2010

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D O S S I E R

Nicolas Sarkozy, la visite de trop ? Bilan Avec le recul, des militants U.M.P. estiment que la visite de Nicolas Sarkozy n’a pas aidé la droite lors des élections régionales. Tout ça pour ça…

20 minutes au pas de charge pour visiter la section horlogerie du lycée de Morteau. À gauche, visite de l’entreprise Schrader à Pontarlier, au même rythme.

Q ue la visite de Nico- las Sarkozy à Mor- teau et Pontarlier soit un moment histo- rique et honorifique pour le Haut-Doubs, personne ne le conteste. Ce qui est plus dis- cutable, c’est le motif pour lequel le président de la Répu- blique a fait ce déplacement

déplacés plus pour aller voter (à droite comme à gauche) au regard des chiffres vertigineux de l’abstention. Dans le Haut- Doubs, on a le sentiment que cette affaire a été vécue com- me un nouveau coup de com- munication auquel Nicolas Sar- kozy nous a habitués. Cette omniprésence et sa parole qu’il

express le mardi 9 mars. Officielle- ment, le thème du voyage était le sou- tien à l’emploi et à la formation profes- sionnelle avec au pro-

n’économise pas, intervenant sur tous les sujets, finissent par émousser sa cré- dibilité. Le 9 mars, des mili- tants ravis de voir le

“L’orgueil ne fait pas bon ménage avec l’électorat.”

gramme une visite des sections de formation en horlogerie du lycée de Morteau, puis un tour des ateliers de l’entreprise Schrader à Pontarlier. Ce voyage surprise du chef de l’État dont on a appris la venue quatre jours plus tôt, semblait un peu précipité. Suffisamment en tout cas pour se deman- der si la véritable raison de son déplacement n’était pas plutôt d’apporter son soutien à Alain Joyandet, candidat aux élec- tions régionales rejoint sur sa liste par Annie Genevard, mai- re de Morteau, et Patrick Gen- re, maire de Pontarlier. Il était donc inévitable que des habi- tants s’offusquent que les moyens de la République puis- sent être mobilisés de maniè- re aussi importante (on parle de 1 000 policiers) dans le seul but de doper la campagne élec- torale de l’U.M.P. en Franche- Comté. S’il s’agissait en effet d’une campagne de notoriété desti- née à faire le plein des voix sur un territoire supposé acquis à la droite mais néanmoins stra- tégique, alors la manœuvre a échoué. Elle n’a généré non plus un sursaut de civisme chez les électeurs qui ne sont pas

président redoutaient tout de même un effet boomerang à cette visite. “Nous devrons sans doute pendant les derniers jours de campagne expliquer la rai- son pour laquelle Nicolas Sar- kozy est venu dans le Haut- Doubs” confiait l’un d’eux. Avec le recul, maintenant que la gauche est réinstallée à la tête du Conseil régional, les langues se délient du côté de l’U.M.P. Certains disent que “la visite du président de la République était de trop. Ce n’est plus de la politique mais de l’orgueil. Or l’orgueil ne fait pas bon ménage avec l’électorat.” La stratégie d’Alain Joyandet de se faire appuyer par le président n’aurait donc pas été la bonne. “Mais cela ne remet pas en cause la qualité d’Alain Joyandet” tempère un militant. L’échec de l’U.M.P. dans des villes comme Morteau et Pon- tarlier n’est évidemment pas seulement imputable à la visi- te du chef de l’État. Mais pas- sée l’euphorie du moment, cet- te journée a contribué à entre- tenir le malaise à droite. Une situation qui a profité à la gauche. T.C.

Christelle Faivre (à droite) et le personnel du lycée de Morteau ont immortalisé l’arrivée du président.

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