Journal C'est à Dire 153 - Mars 2010

D O S S I E R

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Réaction

Annie Genevard relativise largement la poussée supposée de la gauche dans le Haut-Doubs. et attribue la défaite essentiellement au retour du Front National. Sans vraie remise en question ni crainte pour l’avenir politique du Haut-Doubs. “Je ne vois pas ce résultat comme un échec personnel”

C’ est à dire : Com- ment analysez- vous la poussée de la gauche dans certaines communes du Haut-Doubs, et notamment Morteau ? Annie Genevard : Il faut remettre les choses à leur pla- ce. La gauche gagne de 30 voix seulement à Morteau et ce n’est pas une première. Dès lors que le F.N. se maintient au second tour, les voix se partagent for- cément. Le rapport droite-gauche n’a pas changé à Morteau, c’est toujours 45 % pour la gauche et 55 % pour la droite et l’extrême- droite. Que la gauche arrive en tête à Morteau n’est pas une première. Souvenons-nous par

exemple que Denis Roy était arrivé en tête face à Roland Vuillaume à des élections légis- latives. Càd : À quoi attribuez-vous la défaite de la droi- te ?

d’inquiétudes. Il faut dire aus- si que les gens attendent énor- mément de la sphère politique. Les responsables politiques font de leur mieux dans un contex- te pas toujours facile.

Càd : Ce résultat son- ne-t-il comme un désaveu pour vous ? A.G. : Pas du tout, encore une fois, il faut relativiser. Je ne peux pas le voir comme un constat d’échec per-

“J’ai reçu avec honneur le président de la République”

A.G. : Les enjeux régio- naux ont été mal perçus des électeurs qui ne savent toujours pas à quoi sert le Conseil régional. La réforme des collectivités locales se

Annie Genevard aborde ce nouveau mandat de conseillère régionale “avec punch” dit-elle.

Càd : Ne pensez-vous pas néanmoins que la visite de Nicolas Sarkozy a été mal perçue par les électeurs, y compris de droite ? A.G. : J’ai reçu avec honneur le président de la République et j’en ai eu de bons échos. Si sa

scores. Et le Haut-Doubs a tiré largement vers le haut le sco- re de la droite à cette élection. Tous les cantons du Haut-Doubs sont majoritairement en moyen- ne à 7 points de plus que la moyenne régionale.

venue avait été vraiment néfas- te, cela se serait traduit par un score moindre. Je le rappel- le, nous faisons à peu près les mêmes résultats qu’en 2004. Seulement, les gens n’ont pas de mémoire… Propos recueillis par J.-F.H.

justifie d’autant plus car je crois fortement à l’équation “un élu- un territoire”. Ensuite, il y a bien sûr la réémergence du F.N. et on sait que le vote F.N. est un vote de protestation et

sonnel. Il y a six ans, alors que les résultats étaient sensible- ment semblables, personne ne me posait cette question ! Nous faisons partie des villes franc- comtoises qui font les meilleurs

Maîche Tout en avouant qu’il veut laisser la place aux jeunes, à 69 ans, Joseph Parrenin retrouve un siège au Conseil régional de Franche-Comté. Il veut travailler pour l’emploi et les industries. Dans la continuité… Joseph Parrenin : “Je me moque des qu’en dira-t-on”

Le député Binétruy

Le député de la V ème circonscription du Doubs et en même temps patron de l’U.M.P. départementale ajoute son analyse à la défaite récente de la droi- te. Selon le parlementaire mortuacien, la poursuite des réformes est nécessaire. “Le contexte de crise ne nous a pas favorisés”

C’ est à dire : Vous rela- tivisez aussi la défai- te de la droite ? Jean-Marie Binétruy : Glo- balement en effet, la situation est quasiment identique à cel- le de 2004, avec même un léger retrait du F.N. et une légère pro- gression de l’U.M.P. et du P.S. en pourcentage. Pour autant, il ne faut pas nier l’évidence. Et le mode de scrutin mis en pla- ce pour les précédentes régio- nales de 2004 qui prévoit le maintien au second tour des listes qui ont obtenu 10 % des inscrits, et non 10 % des suf- frages exprimés, est catastro- phique. Sans cela, le F.N. ne pas- sait pas car chaque fois qu’il y a une triangulaire, on perd, c’est automatique. C’est pourquoi la réforme des collectivités est d’autant plus indispensable. Il

et que Pontarlier a eu des maires socialistes. Le résultat de ces Régionales n’est pas aberrant. D’autres questions sont plus préoccupantes. Càd : Lesquelles ? J.-M.B. : Celle de l’abstention d’abord, que l’on ne peut plus nier. J’ai reçu plein de mails et de courriers de gens qui m’ont dit qu’ils n’iraient pas voter. On est obligé de se pencher sur cet- te question. Le deuxième élé- ment est le quasi-maintien du F.N. La crise a joué beaucoup sur cette élection, cela explique la renaissance du F.N. Le contex- te de crise ne nous a pas favo- risés. Càd : Il y a sans doute aussi une part de rejet de la poli- tique du gouvernement. En tant que parlementaire, pen- sez-vous qu’il faille pour- suivre ou stopper les réformes ? J.-M.B. : On ne peut pas ne pas faire par exemple la réforme des collectivités. Le déroulement de ces Régionales justifie à lui seul cette réforme. Ensuite, il y a d’autres réformes qu’il serait lâche de ne pas faire, comme celle des retraites. La priorité à mes yeux est de faire cette réfor- me des retraites en veillant à maintenir un niveau de retrai- te acceptable pour tous. Pour ceux notamment qui perçoivent 900 ou 1 000 euros par mois et qui paient un loyer de 400 euros. Ce sont ces catégories-là qu’il faut aider, quitte à baisser le niveau des grosses retraites. Il y a en ce moment un gou- vernement réformateur, c’est parfois difficile d’être compris. Propos recueillis par J.-F.H.

est impératif de faire une loi électorale qui oblige à des regrou- pements à droite et à gauche et qu’on ne laisse en place au second tour que deux candidats. On reviendrait ainsi au véri- table esprit de la V ème Répu- blique. Càd : Il n’y a pas eu de désa- veu selon vous des maires de Pontarlier et de Morteau, candidats sur la liste d’Alain Joyandet ? J.-M.B. : En 2004, Annie Gene- vard était déjà sur la liste des Régionales et déjà maire de Mor- teau et les résultats sont à peu près équivalents. À Pontarlier, la droite fait mieux qu’en 2004. Le résultat en pourcentage est dans la logique de ces villes. Rappelons que Mitterrand est déjà arrivé en tête à Morteau

C’ est à dire : Pourquoi être reparti dans un nouveau mandat régional alors que vous disiez “vouloir prendre du recul” ? Joseph Parrenin : Au début, c’est vrai je ne savais pas très bien si j’allais me représenter ou non. Je me suis posé des ques- tions mais la présidente a sou- haité que je continue. Càd : Ne craignez-vous pas que l’on stigmatise Joseph Parrenin comme le “cumu- lard” du Haut-Doubs avec vos fonctions de président de la communauté de com- munes, maire de Maîche ? J.P. : Non, et je me moque du qu’en dira-t-on mais je veux tout de même prendre du recul car j’ai encore la commune et la com- munauté de communes. Pour assumer toutes ces responsa- bilités, il faut savoir passer la main, d’autant que j’ai appris

Joseph Parrenin à nouveau conseiller régional. Il veut travailler contre le chômage, pour l’industrie.

entreprises et éviter de nou- velles fermetures ? J.P. : On a perdu beaucoup d’entreprises, il faut désormais être vigilant avec celles restantes et écouter par exemple l’association Luxe and Tech qui s’est créée sous l’impulsion de chefs d’entreprises. Ce que nous devons faire, c’est améliorer la valeur ajoutée et la productivité. Càd : Que proposez-vous face à la concurrence suisse ? J.P. : Notre seule chance est de former plus de jeunes et per- mettre ainsi à nos entreprises d’avoir des gens compétents. C.à.d. : Comme souvent, la collectivité va payer des for- mations qui serviront aux entreprises suisses ! J.P. : Et bien au lieu d’en for- mer 10, nous en formerons 15 !

pas tout faire, l’objectif est de faire ce qu’on a dit. Càd : La gauche est majo- ritaire au sein de l’assemblée

régionale. Sera-t-il plus simple de mener à bien les futures actions ? J.P. : La donne ne change pas vraiment. Les Verts n’avaient pas souhaité faire alliance

que je présiderai la séan- ce d’installation au Conseil régional car je suis le doyen d’âge (rires). Je prendrai donc du recul dans ma fonc- tion régionale.

“Il faut savoir passer la main.”

Càd : Avez-vous néanmoins revendiqué la vice-présidence de la Région ou des domaines de compétences sur lesquelles vous aimeriez intervenir ? J.P. : Je peux aller dans tous les domaines car j’ai beaucoup d’expérience. Càd : Les urnes ont parlé. Quelle analyse ? J.P. : On a gagné. Nous avons une vraie responsabilité car la crise est là. Si la Région ne peut

au premier tour mais nous étions quand même d’accord sur l’essentiel des sujets. Il y a des impulsions à donner mais pas de remise en cause fondamen- tale je le répète. Il y a les com- pétences, des moyens financiers mais il y aura aussi des choix à faire. C.à.d. : Justement, allez-vous militer pour notre Pays Hor- loger ? Qu’apporterez-vous de concret pour sauver nos

Jean-Marie Binétruy plaide pour la poursuite des réformes importantes, notamment celle des retraites.

Propos recueillis par E.Ch.

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