Journal C'est à Dire 153 - Mars 2010

D O S S I E R

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LE HAUT-DOUBS BASCULE-T-IL À GAUCHE ?

Considéré depuis toujours comme le principal bastion de la droite dans notre département, le Haut-Doubs a montré lors des récentes élections régionales quelques penchants à gauche. Si la totalité des cantons restent favorables à la droite, les principales communes du Haut-Doubs ont néanmoins porté la liste P.S.-Verts en tête. Notamment Morteau et Pontarlier, les deux villes dont les maires étaient candidats en bonne position sur la liste conduite par Alain Joyandet. Quelques autres petites communes ont aussi basculé à gauche à l’occasion de cette consultation régionale qui arrivait quelques jours seulement après la visite ultra-médiati- sée du président de la République dans le Haut-Doubs. Faut-il y voir un lien de cause à effet ? Tandis que les leaders de la droite locale relativisent le phénomène, il est néanmoins intéressant de décortiquer ce qui restera, élections régionales et visite présidentielle, comme un événement marquant de la politique locale. La couleur politique du Haut-Doubs peut-elle ainsi passer du bleu au rose ? Éléments de réponse.

Analyse La gauche a gagné dans les plus grandes communes

L aRégionFranche-Comté a été remportée haut lamain par la présidente sortante. La liste deMarie-GuiteDufay devan- ce celle conduite par l’U.M.P. Alain Joyandet avec 47,41%des suffrages exprimés,contre 38,37%pour son adver- saire de droite. Le F.N., troisième liste présente au second tour, atteint 14,22 % des suffrages. Pour le Doubs, et ce n’est pas une surprise, la liste P.S.-Verts réa- lise sesmeilleurs scores dans les grandes agglomérations que sont Montbéliard et Besançon.Dans lacapitale comtoise,Marie- GuiteDufay culminemême à 58,30%des suffrages, quatre points de plus que Ray- mond Forni en 2004. Sur le plan local, et c’est là peut-être l’enseignement de ce scrutin régional, la gauche fait également une vraie per- cée, notamment dans les principales communes du Haut-Doubs. Les plus emblématiques, Morteau et Pontarlier, ont toutes deux basculé à gauche. À Morteau, les P.S.-Verrts totalisent 1 112 voix contre 1 079 pour la liste Joyan- det. À Pontarlier, la gauche arrive éga- lement devant, avec 2 761 voix contre Traditionnellement ancré à droite, le Haut-Doubs glis- se-t-il doucement à gauche à l’occasion de ces régio- nales ? Les communes les plus importantes du secteur ont voté majoritairement pour la liste conduite par Marie-Guite Dufay. Un camouflet pour les leaders locaux de la droite ?

À Morteau, c’est bien la liste conduite par la socialiste Marie-Guite Dufay qui est arrivée en tête, avec une trentaine de petites voix d’avance.

scrutin régional. Si la droite rassemble néanmoins la majorité des suffrages dans tous les cantons du Haut-Doubs, la gauche fait une percée dans les autres bourgs-

contre 116). Et même dans ces cantons ruraux, de plus petites communes se sont étonnamment distinguées par leur vote à gauche : Les Gras (145 contre 127), Montécheroux (122 contre 52), Charmoille (76 contre 65) ou encore Les Écorces (175 contre 91). Dans le Haut-Doubs, les cantons de Montbenoît et de Pierrefontaine-les- Varans restent les purs bastions de la droite traditionnelle, avec néanmoins quelques communes qui ont porté là aussi la gauche en tête : La Sommet- te (42 contre 35), Consolation-Maison- nettes (7 contre 6) ou Hauterive-la-Fres- se (51 contre 50). Autant de communes habituellement plus ancrées à droite, montrant ainsi que la gauche grigno-

te ces bastions classiques de la droi- te, même dans les secteurs très ruraux. Alors ce scrutin est-il un camouflet pour les élus de droite du Haut-Doubs ? Peut-être. Car en cristallisant leur rejet de la politique gouvernementale essen- tiellement dans les communes dirigées par des barons de la droite, c’est aus- si à ces derniers que les électeurs ont voulu adresser leur mécontentement. Car ces élus locaux sont les repré- sentants et les soutiens à l’échelle loca- le des politiques mises en place par le gouvernement Fillon et impulsée par le président Sarkozy. La visite de ce dernier à Morteau et à Pontarlier quelques jours avant le scrutin a certainement apporté le coup

de grâce aux espoirs de la droite loca- le. Car au lieu de servir les intérêts du candidat U.M.P., cette visite prési- dentielle a certainement joué l’effet inverse (voir en pages suivantes). L’an prochain, d’autres échéances élec- torales concerneront le Haut-Doubs avec les cantonales. Les conseillers généraux des cantons de Montbenoît, Morteau, Le Russey, Pierrefontaine- les-Varans et Saint-Hippolyte seront renouvelés. C’est sans doute à cette occasion que l’on pourra vérifier si la progression de la gauche est un fait avéré ou si ces dernières régionales ont sonné uniquement comme un rejet mas- sif de la politique nationale. J.-F.H.

centres du Haut-Doubs où elle arrive en tête : Maîche (760 voix pour la liste Dufay contre 647 pour la liste Joyandet), Le Russey (468 contre 399), deux communes traditionnellement à gauche, mais aussi Charquemont

2 476. Et ce sont justement des communes où leur mai- re respectif était fortement engagé auprès du candidat Joyandet, Patrick Genre en 5 ème place et Annie Gene- vard en 6 ème position. Ils sont tous deux élus conseillers

L’an prochain, d’autres échéances électorales.

régionaux, mais paradoxalement se trouvent en minorité dans leur propre ville sur ce scrutin régional. Ceci dit, en 2004, la gauche était déjà arrivée en tête à Morteau lors du précédent

(dont le maire est pourtant Christine Bouquin, élue de droite et présidente des maires du Doubs) avec 433 voix contre 426 ou encore Saint-Hippolyte où la gauche l’emporte largement (254

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