Journal C'est à Dire 152 - Février 2010

L E P O R T R A I T

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Gérard Michel a les pieds sur terre Après avoir bouclé un tour du monde, le Villérier Gérard Michel prépare à 71 ans son 10 ème marathon de New-York. Un homme attachant, atypique. Villers-le-Lac

S ous ses cheveux blancs, un tempérament de gagnant et sous ses pieds, des milliers de kilomètres de bitume avalés. À 71 ans, Gérard Michel est un boulimique de course à pied. Tous les jours, il chausse ses baskets, enfile son manteau jaune et part sillonner les routes de Morteau, Villers- le-Lac, du Barboux, mais aussi celles de Pontarlier, du Russey ou celles de La Chaux-de-Fonds. Vous l’avez sans doute déjà croi- sé avec son pas cadencé, sa tignasse au vent et son blouson flashy . ne pas acheter de voiture pour courir toujours plus, un des rares également à braver le froid ou la pluie quand d’autres préfè- rent rester au chaud derrière la cheminée. Que peut bien faire courir cet homme aujourd’hui à la retraite ? “Le besoin de bou- ger” dit celui qui a fait un tour du monde durant trois mois, allant du continent américain jusqu’en Nouvelle-Zélande en passant par Hawaï. “Si je ne peux plus courir, je crève” lâche le sportif qui a déjà bouclé 9 marathons de New-York, le marathon de Vienne (Autriche), celui de Stockholm (Suède). Le Gérard est un person- nage atypique. Un des rares à avoir décidé de

dernier marathon, il l’a termi- né 68 ème de sa catégorie. Excu- sez du peu ! Son prochain but : participer à son 10 ème marathon de New-York et pourquoi pas 12, voire 13. La seule crainte de Gérard : “Que le médecin m’an- nonce que je ne peux plus cou- rir à cause d’un problème de san- té… J’ai toujours peur d’aller à cette visite médicale en avril pour avoir mon certificat médi- cal” dit-il. Voilà sa seule crain- te. Pour le reste, il n’a pas froid aux sey, La Tanche, Morteau… Ç a fait 33 km au total. Je prends mon sac à dos et j’en profite pour faire mes courses au Russey” lâche-t-il avec le sourire. L’hom- me est humble. Pour lui, ces périples n’ont rien d’un exploit mais résultent d’un état d’esprit. “J’ai découvert la course à pied il y a quinze ans.À l’époque, j’étais sous anti-dépresseurs et cela m’a permis de me relever.” Tous les jours, il va boire un café (à pied) à Morteau où il retrou- ve ses amis. Une balade pour lui ! Lorsqu’il prépare de grandes échéances, il lui arrive de prendre la direction de La Chaux-de- yeux. Un parcours allant de Villers-le-Lac à Pon- tarlier ne lui fait pas peur. “Je fais souvent Vil- lers, Le Barboux, Le Rus-

“Si j’arrête, je crève.”

Gérard Michel, 71 ans, et un moral de gagnant pour ce Villérier qui fêtera en octobre son 10 marathon de New-York. Il revient d’un tour du monde de trois mois.

Fonds, redescendre Biaufond, monter à Fournet-Blancheroche, passer au Russey puis revenir à Villers ! Un parcours digne des montagnes russes. Surtout, n’essayez pas de le joindre sur son téléphone. Gérard n’en a pas pour une bonne rai- son : “Imaginez par exemple que

conseille-t-il, je ne prends jamais une paire neuve pour courir un marathon mais une paire d’en- traînement.” La diététique, les efforts, tout ceci est calculé. Trois fois par semaine, il va retrouver ses amis à la salle de muscula- tion Val’Vital à Villers-le-Lac où il lâche quelques litres de sueur

en ramant. “J’ai eu la chance de commencer tard la course à pied, alors je ne suis pas cramé” confie- t-il. Bref, si vous croisez un cou- reur vêtu de jaune en bord de route, ne cherchez pas, c’est Gérard, notre “Forrest Gump” du Val de Morteau… E.Ch.

mon frère veuille venir me voir un samedi… et bien ça fout en l’air mon entraînement” s’amu- se le coureur de fond. Bien sûr, des automobilistes l’ont déjà pris pour un illuminé. Il n’en a que faire. Gérard est un pas- sionné usant trois paires de bas- kets à l’année. “Attention,

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