Journal C'est à Dire 152 - Février 2010

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Tourisme d’hiver : le canton de Neuchâtel patine-t-il ? Polémique touristique Le responsable d’une station de ski à La Chaux-de-Fonds dénonce la faible mobilisation des collectivités suisses pour développer le tourisme hivernal. Pire, l’Office de tourisme chasserait sur ses terres.

“I ci en Suisse, l’Office de Tourisme de La Chaux-de-Fonds n’a rien trouvé de mieux que d’ouvrir une location de raquettes à neige juste devant notre boutique ! Au lieu de nous aider, on nous concurrence.” Ce constat amer, c’est celui de Daniel Besson, propriétaire de la - petite - station de ski de la Vue-des-Alpes et des Hauts- Geneveys à La Chaux-de-Fonds. Depuis 1969 et l’installation de trois remontées par ses parents agriculteurs sur les hauteurs de la ville, l’homme continue d’investir (sur ses deniers) en relançant dernièrement la pis- te des Hauts-Geneveys de 1 500 mètres abandonnée depuis quatre ans. Le Chaux-de-Fonnier croit au potentiel des montagnes neu- châteloises en terme de touris- me hivernal mais se montre de

Côté suisse “Pas moins bien tracé qu’en France” E n Suisse, les pistes de ski de fond sont généralement gérées par des bénévoles, ce qui nʼest pas le cas en France. Exemple pour le domaine nordique de La Brévine où cʼest un bûcheron qui troque sa tronçonneuse pour conduire le dameur lʼhiver. “Ce bénévolat, on y tient, même si les personnes sont symboliquement rémunérées” dit Jean-Claude Chautems, secrétaire et trésorier de lʼassociation “Ski neuchâtelois” qui possède 9 engins de dama- ge achetés grâce à la vente de billets et partenariats privés. “S’il n’y a pas de neige en hiver, nous ne sommes ainsi pas obligés de payer les personnes” dit-il. Ce mode de fonctionnement basé sur le bénévolat permet de proposer des tarifs assez bas et fonc- tionne assez bien. “En France, le traçage s’est amélioré” note le responsable. Rappelons quʼen Suisse, la redevance sur les pistes de fond nʼest pas obligatoire. “Disons que payer son forfait est fortement conseillé. La majeure partie des skieurs joue le jeu” note Alexandre Houlmann, chef du service des sports à la ville de La Chaux-de-Fonds où seulement deux sites sont gérés par les ser- vices de la ville. “Notre but n’est pas de professionnaliser la géran- ce du ski. Nous aidons nos petites stations pour l’entretien (10 000 francs suisses l’an dernier) et proposons des prêts sans intérêts.” Bref, le ski “sʼautogère” si bien que les Helvètes font confian- ce à leurs bénévoles. Jusquʼà quand ? “On se pose cette ques- tion… mais si tout le monde joue le jeu, ça tournera” conclut le pas- sionné. Pour lʼheure, nos voisins ont prouvé que lʼon pouvait être à la fois bénévole et professionnel. Pourvu que ça dure.

Le gérant des pistes de la Vue-des-Alpes (au sommet de Neuchâtel) est amer.

tourisme estival : “C’est plus dif- ficile de promouvoir l’hiver en raison du manque de neige. Nous avons plutôt tendance à mettre l’été en valeur. L’hiver draine assez peu de nuitées. La clien- tèle est locale. Nous avons d’ailleurs arrêté notre publicité dans les journaux suisses alle- mands en raison de la crise” explique Jérôme Longaretti, res- ponsable marketing du touris- me neuchâtelois. Quant à la polémique de la loca- tion de raquettes par l’office en concurrence directe avec les

prestataires de la Vue-des-Alpes, le responsable du tourisme s’en explique volontiers : “On a effec- tivement une location de raquettes et de ski de fond. Nous étions les premiers à nous ins- taller, dit-il. Nous nous sommes aperçus que les prestataires n’étaient pas toujours ouverts tous les jours alors que la deman- de était là.” Les montagnes neu- châteloises ont des atouts. Mais face à l’ogre alpin, difficile de se faire une place.

Fribourg donne 25 millions de Francs suisses pour ses stations, et Vaud plus de 40 millions !” Il s’est allié avec le responsable de la station des Bugnenets- Savagnières “pour tenter de relancer le ski.”

plus en plus désabusé : “C’est malheureux mais on ne peut compter sur personne. On a bien une

L’amertume de Daniel Besson ne veut pour autant pas signifier que rien n’est fait en

“Arrêt de la publicité.”

matière de tourisme hivernal mais l’Office de tourisme de Neuchâtel, interrogé sur le sujet, ne cache pas qu’elle a plutôt ten- dance à mettre le paquet sur le

aide financière du service des sports pour la dameuse mais comparé aux autres cantons ou à chez vous en France, ce n’est rien. Pour exemple, le canton de

E.Ch.

A vec lamondialisation,les entre- prises industrielles françaises sont de plus en plus confrontées àuneconcurrencevenued’ailleurs, due notamment au coût particulièrement La Suisse, nouveau pays low-cost ? Coût du travail Les pays low-cost sont les pays à bas coût de production. On parle souvent de la Tunisie, de la Chine ou de l’Inde. On soupçonnerait moins nos voisins suisses. Et pourtant… Calcul.

bas de la main-d’œuvre installée dans des pays lointains. On parle souvent des pays du Maghreb, Tunisie en tête, des pays de l’EstcommelaPologneetbiensûrdes nou- veaux géants asiatiques que sont l’Inde ouplus encore laChine.Là-bas,les salaires y sont largement inférieurs. En France, le coût horaire du travail s’élève à 22 euros par salarié. Alors que le même travail fait par un ouvrier polo- nais coûtera à l’entreprise 6 euros, au Maroc 4,50 euros et en Chine 2 euros à peine. Dix fois moins qu’en France… Impossible de lutter. Pour les industriels francs-comtois, et notamment les entreprises de la filiè- re horlogère, ces pays à bas coût de main-d’œuvre ne sont pas les seuls concurrents. Un autre pays compétitif, beaucoup plus proche, est devenu un vrai concurrent sur le plan du coût horaire de travail et ce, malgré des salaires plus élevés qu’en France : la Suisse. de la concurrence chinoise qui en hor- logerie comme dans d’autres domaines a récupéré l’ensemble du marché des composants horlogers et des montres de moins de 1 000 euros, nous avons per- du près de 30 % de notre compétitivi- té par rapport à nos voisins et collègues suisses” indique cette étude, que des industriels ont remises à Xavier Ber- trand lors de son passage dans notre région le 4 février dernier. La faute à qui selon ce groupement d’industriels présidé par le Bisontin Olivier Bour- geois ? Aux charges. Ils ont sorti leurs calculettes. Le Groupement Français des Industries Transformatrices des métaux en Feuilles (G.I.M.E.F.) a réalisé une étu- de sur la question. “En plus

Le différentiel Suisse-France concer- nant les charges patronales et de 17 à 18 % du salaire brut (assurance, pré- voyance, retraite de base, chômage, invalidité…). Sur les charges salariales, le différentiel est de 15 %. Pour appuyer son raisonnement, le G.I.M.E.F. prend deux exemples concrets : celui d’un salai- re brut suisse à 65 000 euros annuels et le même salaire en France. Côté suis- se, le coût global de ce salaire pour l’entreprise sera de 76 500 euros et le salaire net perçu par le travailleur de 55 000 euros. Pour le même salaire brut en France, le coût global pour l’entreprise sera de 90 000 euros et le salaire net perçu par le travailleur de 51 350 euros… “Une heure de travail en Suisse est moins chère qu’une heure de travail en France de près de 15 %” résume le groupement. À l’appui de leur constat, les industriels énumèrent quelques mesures prises en impôts en 2008 avec possibilité de repousser le règlement à l’année sui- vante, règlement du chômage partiel à 100 % effectué le 15 du mois suivant à l’entreprise, ou encore règlement du chômage plein à 80 % fait directement au personnel via la caisse de chômage. Le G.I.M.E.F. déplore que de telles mesures n’aient pas été adoptées en France pour soutenir les entreprises en ces temps particulièrement difficiles, période que la mondialisation des échanges rend encore plus compliquée pour l’industrie française. J.-F.H. Suisse pendant la période de crise pour aider les entre- prises helvètes : période de chômage prolongée de 12 mois en plus des 12 mois pré- cédents, pas de paiement des

“Nous avons perdu près de 30 % de notre compétitivité.”

Une heure de travail en Suisse coûte à l’entreprise 15 % de moins qu’en France !

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