Journal C'est à Dire 152 - Février 2010

D O S S I E R

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Parti Socialiste

Marie-Guite Dufay : “Alain Joyandet n’a rien apporté à la Franche-Comté” La présidente sortante de Région défend bec et ongles son bilan et les projets de sa liste. Elle en profite pour faire quelques mises au point avec son princi- pal adversaire, et avec les Verts. Interview-programme.

C’ est à dire : Vous avez dévoilé votre liste la pre- mière. Franchement, on s’attendait à plus de jeunes, plus de diversité et moins de fonctionnaires ! Marie-Guite Dufay : La constitution des listes est désormais derrière moi et nous sommes tous sur le pont pour défendre nos idées. En ce qui concer-

pour protéger 12 000 salariés au chô- mage technique, sans baisse de salai- re ni perte d’emploi, c’est quelque cho- se d’unique en France. Sur la base de cela, nous devrons continuer à déve- lopper ces chantiers de “sécurité pro- fessionnelle”. Nous avons montré ce que nous savons faire. Pour les jeunes, nous allons mettre en place un contrat régional d’accès au premier emploi

ne la liste, je souhaitais une nécessaire articulation entre les anciens élus et les nou- veaux candidats. J’ai abso- lument besoin par exemple d’hommes comme Joseph

qu’on va négocier avec les branches professionnelles en les aidant financièrement à former les jeunes. L’objectif n’est pas de 3 000 emplois pour les jeunes mais bien le

“Nous proposons de créer un grand anneau cycliste.”

La candidate P.S., comme un symbole, a consacré sa première réunion publique à l’écologie.

La Région doit aussi avoir un rôle moteur en matière de formation. On a déjà créé le “pôle énergie” à Héricourt. Sur la base de ce pôle, il faut sensibi- liser le grand public. Notre idée est également de créer des circuits courts dans l’agriculture en construisant une vraie filière. Càd : Alors qu’est-ce qui vous dif- férencie des Verts ? M.-G.D. : Ma priorité, c’est l’emploi et l’économie. Peut-être eux sont-ils moins enclins à insister sur la justice socia- monde le mène. En la matière, nous avons déjà agi et nous continuerons à le faire. Càd : Un mot sur vos intentions en matière culturelle. M.-G.D. : Notre objectif sera de conqué- rir de nouveaux publics. Ce qui se pas- se par exemple à l’Espace Planoise est une leçon à suivre. Je voudrais déve- lopper cet axe d’ouverture, de sensibi- lisation du jeune public à la culture. Càd : Que faire pour le rayonne- ment de la capitale régionale ? M.-G.D. : Avant l’arrivée de Raymond Forni, Besançon n’était pas accompa- le. Les Verts ont eu le méri- te d’être prophètes il y a une vingtaine d’années. Mais le combat des Verts aujourd’hui pour une société qui prenne en compte la dimension éco- logique des choses, tout le

gnée. Aujourd’hui, une grande partie des aides va à Besançon. En économie, la Région s’implique à Témis, dans l’incubateur, on a pris la maîtrise d’ouvrage de Témis Sciences, nous inves- tissons dans les bâtiments universi- taires. Sans oublier ce que sera le futur phare culturel de Besançon, la Cité des arts. Nous faisons tout et nous ferons tout pour renforcer l’attractivité de Besançon. Càd : D’autres grands projets d’infrastructure, alors que pendant que cela se fasse ici, quitte à ce que la Région déroge à son principe de ne pas être impliquée dans un syndi- cat mixte, comme elle l’a fait récem- ment sur le site nordique de Chaux- Neuve. Càd : La droite vous accuse d’avoir augmenté les impôts de 40 %, pour ne rien en faire. Que lui répondez- vous ? M.-G.D. : Dire que les impôts ont aug- menté de 40 % est faux. La première année du mandat, en 2004, ils ont aug- menté de 25 %mais ces 25 % sont appli- qués à ce que représente la part régio- nale des impôts, c’est-à-dire à peine 8 % sur une feuille d’impôt. C’est donc une augmentation de 25 % de 8 %, soit quelques euros par foyer. Il y a bien besoin de la solidarité régionale pour financer des services d’utilité publique. Càd : Augmenterez-vous à nouveau les impôts ? M.-G.D. : Comment voulez-vous aug- menter les impôts alors que la taxe professionnelle sera supprimée tout comme la part régionale sur le foncier bâti. C’est donc de la démagogie de dire qu’on n’augmentera pas les impôts alors même qu’on ne pourra plus être en mesure d’agir sur les impôts. On n’est pas respectueux des gens quand on affirme des choses pareilles. La seu- le part qu’il nous reste, c’est la T.I.P.P. et nous ne l’augmenterons pas. Càd : Votre combat pour le T.G.V. ? M.-G.D. : Je commencerai par me battre sur un point : que les principes de finan- cement des L.G.V. soient revus. Il est impensable que les Régions continuent à financer des infrastructures d’intérêt national voire international alors qu’elles n’ont bientôt plus de recettes fiscales. ce temps-là l’Aire urbai- ne avance seule et à grands pas ? M.-G.D. : Nous proposons de créer un grand anneau cycliste dans la périphé- rie de Besançon. Je souhaite

Càd : Que répondez-vous sur l’augmentation forte des effectifs dans les services généraux de la Région ? M.-G.D. : Que sur les 80 personnes en plus, 1/3 est dû à des titularisations. Pour le reste, on ne peut pas absor- ber 2 000 personnels “T.O.S.” d’un coup sans recruter d’agents pour les enca- drer. Une fois encore, ces accusations sont vraiment infondées. Càd : Alain Joyandet argue du fait que son statut de membre du gou- vernement est forcément un atout pour la Franche-Comté. N’a-t-il pas en partie raison ? M.-G.D. : Il faut qu’on me dise ce qu’il a amené à la Franche-Comté ! On est passé à côté du plan de relance, le soi- disant fonds “Joyandet” n’a rien de Joyandet. Je regrette que sur ce point il n’ait pas voulu que l’on travaille plus main dans la main. Je reconnais qu’il est allé chercher des investisseurs en tant que ministre, mais c’est unique- ment de l’opportunisme. Je crois en la décentralisation. Je ne suis pas sur un système centralisé où tout se fait depuis le haut. Je le répète : Alain Joyandet n’a rien apporté à la Franche-Comté. Sauf peut-être pour le désenclavement de la Haute-Saône. Mais là où il fal- lait donner un coup de pouce, c’est sur les Mercureaux. Il ne l’a pas fait. Alain Joyandet est aussi le représentant d’un gouvernement qui a creusé l’injustice depuis deux ans et demi. Je ne veux pas que cet exemple soit reproduit en Franche-Comté. Propos recueillis par J.-F.H. Élue conseillère régionale de Franche- Comté en 2004, elle devient aussitôt la première vice-présidente au dévelop- pement économique et à lʼemploi. Après le décès de Raymond Forni en jan- vier 2008, Marie-Guite Dufay lui suc- cède à la tête de lʼexécutif régional. Marie-Guite Dufay est née le 21 mai 1949. Marie-Guite Dufay en bref... Adjointe au maire de Besançon Jean- Louis Fousseret de 1995 à 2008, dʼabord en charge de la politique de la ville puis des affaires sociales, elle est vice-pré- sidente du C.C.A.S. de Besançon. Candidate aux élections législatives de 2007 dans la 2ème circonscription du Doubs, elle est battue par Jacques Gros- perrin (U.M.P.).

Parrenin avec son expérience, ses réseaux, son bon sens paysan, sa sages- se. Et il y a aussi des jeunes, c’est une liste équilibrée. Je reconnais qu’il est beaucoup plus facile de trouver des fonctionnaires que des personnes du privé. Ceci dit, il y a aussi un syndi- caliste, un chef d’entreprise, une agri- cultrice, un artisan, tous ces gens sont engagés dans la vie active. Càd : Quelle sera la grande prio- rité si votre liste gagne au soir du 21 mars ? M.-G.D. : La priorité des priorités, c’est indéniablement le développement éco- nomique et l’emploi. Nous entrons actuellement dans la période où les conséquences sociales de la crise de 2009 se font le plus sentir. L’emploi des jeunes reste en panne, ce sera le grand chantier. Càd : Pouvez-vous avancer un chiffre comme l’a fait votre prin- cipal concurrent en parlant de 3 000 emplois pour les jeunes ? M.-G.D. : Mon discours n’est pas le même que lui. Ce n’est pas le rôle de la collectivité de payer les salaires et les cotisations sociales. Il s’agit néan- moins de favoriser l’activité des entre- prises. Nous avons prouvé pendant cet- te crise que nous avons été capables d’utiliser le rempart de la formation

double.

Càd : Comment avancer sereine- ment en continuant à tirer à bou- lets rouges sur l’État et ses “désen- gagements” ? M.-G.D. : Ce n’est pas parce que je fus- tige les désengagements de l’État qu’il ne doit pas y avoir de partenariat État- Région en Franche-Comté. Ce sont deux choses différentes que de fustiger la perte d’autonomie financière des Régions et de dire que le partenariat est nécessaire. Je ne veux pas m’en tenir à des formules comme certains, je ferai une campagne en regardant la Franche-Comté dans les yeux. Je cherche à être vraie. Càd : Vous semblez vouloir faire de l’environnement votre deuxième grande priorité. Une manière de chasser sur le terrain d’Europe Éco- logie ! M.-G.D. : Il n’y a pas de possibilité d’aller vers un développement écono- mique durable sans prendre en comp- te les questions écologiques et éner- gétiques. Et nous le faisons déjà depuis six ans, à tous les niveaux. La priori- té, avant même de parler d’énergie renouvelable, ce sont les économies d’énergie. Nous allons par exemple don- ner les moyens aux bailleurs sociaux d’entrer dans le dispositif “Effilogis”.

“Ces accusations sont vraiment infondées.”

“C’est donc de la démagogie de dire qu’on n’augmentera pas les impôts” affirme la candidate.

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