Journal C'est à Dire 152 - Février 2010

D O S S I E R

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ÉLECTIONS RÉGIONALES : LES CANDIDATS SE DÉVOILENT

Les 14 et 21 mars, les Francs-Comtois éliront leurs futurs représen- tants au Conseil régional de Franche-Comté pour une durée de quatre ans. Dans un contexte particulièrement incertain, la présidente de Région sortante Marie-Guite Dufay tentera de conserver la Franche- Comté à gauche tandis que l’U.M.P. envoie au combat un membre du gouvernement, Alain Joyandet. Ils ne seront pas les seuls à en découdre. Au jour de la clôture du dépôt des listes, elles étaient 8 listes à s’aligner sur la grille de départ. Quels sont les programmes des listes en présence ? Chacune d’elle répond à La Presse Bisonti- ne dans ce dossier spécial “régionales 2010 en Franche-Comté”.

* Pour respecter un juste équilibre démocratique, l’interview du candidat Alain Joyandet à qui nous avions consacré plu- sieurs pages dans notre précédent numéro, ne sera pas repro- duite ici. Néanmoins, un article consacré à la liste U.M.P. et alliés en guise de “rappel” se justifie ici dans le sens d’une équité entre toutes les listes.

14 et 21 mars

La plus incertaine des élections Jamais peut-être en Franche-Comté les pronostics n’ont été aussi difficiles à établir. L’hypothèse d’une large victoire de la gauche est aussi crédible que le basculement à droite d’une région sur laquelle l’U.M.P. nationale mise beaucoup. Tentative de décryptage.

Élections, mode d’emploi Les prochains conseillers régionaux ne seront élus que pour quatre ans au lieu de six. En point de mire, la réforme des collectivités qui doit entrer en vigueur en 2014. Rappel des règles du jeu. - Mode de scrutin Le mode de scrutin pour les élections régionales a été défini par une loi du 11 avril 2003 et a concerné la précédente élection en 2004. Cʼest un scru- tin proportionnel à deux tours avec prime majoritaire. Contrairement aux élec- tions précédant celle de 2004, cʼest désormais la région et non plus le dépar- tement qui conduit une liste. Toutefois, afin de permettre aux électeurs dʼidentifier facilement les candidats de leur département, les listes comportent des sections départementales. - Lʼélection Les citoyens élisent les conseillers régionaux selon un système mixte combi- nant les règles des scrutins majoritaire et proportionnel, en un ou deux tours, sans panachage ou vote préférentiel, tout bulletin modifié en quoi que ce soit par un électeur étant déclaré nul. Lors du premier tour de scrutin, si une liste obtient la majorité absolue des suffrages exprimés, elle obtient une prime égale au quart des sièges à pour- voir en supplément de la moitié des sièges. Les autres sièges sont répartis à la représentation proportionnelle entre toutes les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages. Sinon, il est procédé à un second tour la semaine suivante. - Les conditions dʼaccès au second tour Seules les listes ayant obtenu plus de 10 % des suffrages exprimés au premier tour peuvent se maintenir au second tour de scrutin et éventuelle- ment fusionner avec les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages. - Attribution des sièges au second tour Au second tour, la liste qui arrive en tête obtient la moitié des sièges à pou- voir plus une prime égale au quart des sièges. Les autres sièges sont répartis à la représentation proportionnelle entre les listes ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés au second tour. - Réforme La réforme des collectivités prévoit la suppression des conseillers régio- naux et des conseillers généraux et leur remplacement par des conseillers territoriaux qui siégeraient dans les deux assemblées. Ils seraient élus au niveau des cantons par un scrutin uninominal à un tour, avec 20 % des sièges répartis à la proportionnelle. Si cette réforme est votée, elle sʼappliquera pour les élections de 2014.

S eule éclaircie au tableau de ce pro- chain scrutin, c’est la défection de dernièreminute du candidat “libre et indépendant” Jean-François Humbert qui avait pourtant soutenu mordicus qu’il irait au bout de sa démarche. Il a jeté l’éponge à quelques jours de la clôture des dépôts de listes et quitte par la petite porte un combat poli- tique et une majorité régio- nale dans laquelle il s’était len- tement marginalisé depuis sa défaite en 2004. Ce retrait du sénateur laisse donc le champ libre à Alain Joyandet qui, contrairement à la gauche, suit plus que jamais sa stratégie de premier tour.

À l’image d’un Nicolas Sarkozy à la pré- sidentielle de 2007, il a joué l’ouverture avant même le premier tour. Objec- tif : faire le plus gros score possible au soir du 14 mars pour engager dans le sillage du premier tour une vraie dynamique de victoire.

liste Lutte Ouvrière, une liste N.P.A. et une liste Front de gauche, rien de moins… Difficile de trouver son camp au premier tour quand on prône le “Tout sauf Joyandet”. À l’extrême-droite, le Front National semble retrouver des couleurs et espè- re faire au moins aussi bien qu’en 2004 où le parti lepéniste avait décroché 5 sièges. Enfin le MoDem qui a trouvé avec le Mouvement Écologiste Indé- pendant un allié de circonstance. Mais les querelles intestines du MoDem avant la campagne risquent de semer le trouble parmi les adeptes du parti de François Bayrou. La Franche-Comté fait partie de ces régions françaises annoncées comme celles qui auraient le plus de chances d’être ravies à la gauche. Mais la ges- tion du P.S. et des Verts pendant les six dernières années n’a apparemment pas fait autant de mécontents que cela, si bien qu’il paraît impossible de miser sur un vrai vote-sanction contre la pré- sidente sortante. Le vote-sanction, il faut certainement plus l’attendre contre l’U.M.P. qui pâti- ra certainement de la mauvaise passe traversée depuis plusieurs mois par le président de la République et le gou- vernement de droite. Cette réaction épi- dermique anti-sarkozyste pourrait coû- ter de nombreuses voix à l’équipe emme- née par Alain Joyandet pourtant don- née bien placée dans la tentative de reconquête des régions françaises par la droite. Ce qui paraît le moins incertain aux yeux des observateurs, à moins d’un mois du premier tour, c’est le taux éle- vé d’abstentions dans cette élection qui jusque-là est loin de passionner les Francs-Comtois. J.-F.H.

Le pari est diamétralement opposé à gauche où contraire- ment à 2004, la majorité sor- tante ne part pas unie dans la bataille. P.S. et alliés d’un côté,

Le taux élevé d’abstentions.

Europe Écologie de l’autre, les deux concurrents du premier tour se retrou- veront à la même table entre les deux tours. À son extrémité, la gauche part plus que jamais en ordre dispersé avec une

On annonce la présidente sortante favorite… Mais rien n’est joué en Franche-Comté (photo D. Cesbron - C.R.).

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