Journal C'est à Dire 151 - Janvier 2010

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L A P A G E D U F R O N T A L I E R

Le chômage progressera encore Économie

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TÉL. 03 81 67 44 41 3 ROUTE PRÉS DES COMBES - 25500 LES FINS (face à Intermarché) vous présentent leurs meilleurs vœux pour l’année 2010 AUDITION NADLER Tél. 03 81 67 62 50 Le journaliste irakien lanceur de chaussure se confie Il a pris son pied avec Bush Réfugié en Suisse, le journaliste irakien Munthazer Al Zaidi devenu célèbre pour avoir lancé sa chaussure au visage de George Bush nous relate sa vie avant et après son geste. Témoignage poignant.

Les entreprises suisses n’ont pas encore retrouvé leur niveau de 2008.

L e chômage va continuer à progresser chez nos voi- sins suisses au premier tri- mestre 2010 malgré une repri- se de l’activité économique, pro- nostique l’Institut de macroé- conomie appliquée de l’Université de Lausanne. Le regain d’activité au premier trimestre 2010, avec un indi- ce conjoncturel Créa qui gagne 1,5 point à 96,5, ne freinera pas la hausse du chômage encore “pendant quelques trimestres.”

Des divergences importantes se font jour entre les cantons romands. Le baromètre conjoncturel n’augmente que faiblement pour Neuchâtel (0,4 point). Il pro- gresse de manière plus mar- quée pour Vaud (1,4), Genève (1,7) et Fribourg (2,3), alors que l’augmentation est forte pour le Valais (4 points). Faute de données, le canton du Jura n’est pas mentionné.

Q uandlesAméricainslâchent desbombesau-dessusdestêtes irakiennes,luiachoisidelan- cersachaussureauvisagedu présidentaméricainGeorgeBush . C’était le 14 décembre 2008. Depuis ce jour,MunthazerAl Zaidi est deve- nu célèbre. Mais ce n’est pas ce qu’il recherchait. Non, le jour- naliste irakien - ancien corres-

Al-Qaïda ou… les États-Unis ? M.A.Z. : Ce sont les Américains qui tirent toutes les ficelles si bien que la corruption est énorme. J’ai vu de mes propres yeux des sni- pers américains viser et tuer des jeunes enfants juste pour s’amuser. Mais en Occident, vous ne voyez rien car l’Amérique contrôle toutes les images, com- me vous ne verrez jamais toutes les maisons détruites par les avions F-16. Càd : Un Irak libre et indé- pendant, est-ce possible ? M.A.Z. : Il faut que tout le peuple se soulève. Tout est plus accep- table que l’occupation. Il faut un gouvernement multiconfession- nel. C’est possible. Càd : À Paris, un Américain a balancé sa chaussure contre vous. Vous sentez-vous en dan- ger et pourquoi avoir choisi la Suisse comme pays d’accueil, alors que les habi- tants viennent de voter contre les minarets ? M.A.Z. : J e m’attendais à rece- voir une chaussure un jour mais je n’ai pas peur pour autant. Je me balade seul en Suisse, tout va bien. Je ne connais pas bien la politique suisse mais je suis assez confiant dans ce peuple qui a tou- jours combattu les personnes qui ont voulu les priver de liberté et n’ai pas peur par rapport à ce vote. Càd : En prison, on vous a pro- mis des millions de dollars pour ce geste. Êtes-vous riche ? M.A.Z. : J’ai reçu des milliers de lettres mais pas des millions d’euros. C’est la dure réalité et c’est pourquoi j’ai créé ma fon- dation “MunthazerAl Zaidi” pour venir en aide aux victimes de cet- te guerre d’occupation : les veuves, les orphelins et les handicapés. Càd : Quand quitterez-vous la Suisse pour retourner chez vous ? M.A.Z. : C’est trop risqué pour le moment. Propos recueillis par E.Ch.

pondant de la chaîne Al-Bagh- dadia - voulait simplement “por- ter à la face du monde entier les mensonges américains” dit-il. Mis- sion réussie. Des émirs arabes lui ont pro- mis des millions de dollars, la marque de chaussure qu’il por- tait est en rupture de stock. En attendant, ce coup de colère lui a valu neuf mois de prison et d’isolement, de la torture, des bri- mades et un exil forcé. Après son incarcération, le jour- naliste s’est réfugié à Beyrouth et a obtenu un visa touristique pour passer trois mois en Suis- se. C’est là que nous l’avons ren- contré, invité par le Club 44 de La Chaux-de-Fonds. Accompa- gné d’un traducteur tunisien, il commente la portée de son ges- te et évoque la création de la fon- dation “Al Zaidi” qui récolte de l’argent pour construire un nou- vel Irak, “sans l’occupant.” C’est à dire : Qu’a-t-il bien pu se passer dans votre tête lorsque vous avez balancé votre chaussure en direction du président américain ? Munthazer Al Zaidi : Lorsque j’ai vu le visage “criminel” de Bush, j’ai utilisé ma manière quand lui utilise les balles pour tuer. Moi, je ne pourrais jamais tuer une personne alors je lui ai montré ce que ses propres soldats font subir à nos enfants, vieillards, femmes et hommes. Avec leurs chaussures, ils marchent sur le sang des Irakiens… Càd : Regrettez-vous votre ges- te ? M.A.Z. : Non, je m’étais préparé à cet acte et si c’était à refaire, je le referais. En revanche, je n’étais pas préparé à ce que j’ai subi. Càd : Racontez-nous ? M.A.Z. : Une fois la chaussure lancée, j’ai été ceinturé. La sécu- rité m’a conduit dans une pièce voisine alors que Bush continuait son discours. Ils m’ont frappé, j’ai crié. On entend d’ailleurs mes cris et les services de sécurité ont demandé à ce que les caméras soit coupées. Mais un journalis- te irakien diffusait en direct. On

a tout entendu.

Càd : Puis vint le séjour en prison condamné à 3 ans, il purgera 9 mois… M.A.Z. : J’ai prié Dieu pour mou- rir et offrir ma vie pour la paix. Ils m’ont frappé avec des barres de fer, câbles électriques, m’ont cassé une table sur le dos. J’ai eu les côtes, le nez et les dents cas- sés puis j’ai été plongé dans l’eau froide en plein mois de décembre les pieds et poings liés avec les yeux bandés. Je ne regrette rien car je peux témoigner comment les Américains se comportent avec les êtres humains ! Pendant troismois, j’ai étémis à l’isolement et n’ai eu le droit de parler à per- sonne. Càd : Ce sont les Américains qui vous ont torturé ? M.A.Z. : Non, des Irakiens…mais ce n’était pas des Irakiens nor- maux. Càd : L’élection d’Obama a nourri des espoirs. Les Ira- kiens se sont-ils trompés ? M.A.Z. : On croyait qu’Obama allait être Superman. Il y avait 150 000 hommes en Irak sous Bush.Aujourd’hui, il y a toujours 150 000 soldats ! À Obama, on devrait lui délivrer le Guinness des records de la personne qui a le plus parlé de paix mais qui n’a rien fait. Càd : Les États-Unis motivent leur occupation pour “déli- vrer le peuple” et lui donner sa liberté. Votre réaction ? M.A.Z. : Vous pensez les États- Unis assez courageux pour sacri- fier 4 000 soldats juste pour rendre la liberté aux Irakiens (il coupe). Il n’y a que dans les films d’Hollywood que l’on voit ça.Tout est stratégie et mensonge : les Américains veulent contrôler tous les pays du Golfe pour se pro- curer le pétrole. Ils ont déjà leur base enAfghanistan et ont men- ti par rapport aux armes de des- truction massive. Càd : Qui commandite les attaques terroristes en Irak ?

Munthazer Al Zaidi dit avoir été torturé après son geste. Selon lui, les soldats américains multiplient les exactions contre les Irakiens.

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