Journal C'est à Dire 151 - Janvier 2010

1, route du Mont Vouillot 25500 LES FINS À l’occasion de leur 10 ème anniversaire, l’ensemble du personnel des Ambulances Mortuaciennes et Ambulances Pontissaliennes vous présentent leurs MEILLEURS VŒUX et vous remercient sincèrement pour la confiance que vous leur avez accordée. Groupement de moyens techniques ambulanciers A MBULANCES MORTUACIENNES 03 81 67 02 91 A MBULANCES PONTISSALIENNES 03 81 46 65 95 Alain Joyandet en dates Il est né le 15 janvier 1954 à Dijon. Fils dʼun père hôtelier-res- taurateur devenu marchand de bestiaux et dʼune mère com- merçante. Il suit des études secondaires au lycée Montchapet à Dijon, puis au Lycée Cournot à Gray et entame des études de médecine à Dijon avant de bifurquer vers le journalisme. Il tra- vaille alors pour la Presse de Gray. Il fonde ensuite la Presse de Vesoul et Radio Val-de-Saône (R.V.S.). Il se lance ensuite dans lʼédition en créant le Groupe des éditions comtoises en 1986 ainsi quʼun atelier de photogravure. Il est président du club de football U.S.F.C. Vesoul entre 1986 et 1995. Alain Joyandet est marié et père de trois enfants.

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D O S S I E R

Ses priorités

“Une politique aux antipodes de ce qui se fait actuellement”

À deux mois de l’échéance, Alain Joyandet livre ses premières idées pour la Franche-Comté, en même temps que ses premières salves contre la majorité actuelle. Entretien, en toute franchise.

C’ est à dire : Vous avez été maire de Vesoul, puis séna- teur, député et enfin secrétaire d’État dans l’actuel gouvernement… Pourquoi viser la Région ? Alain Joyandet : La vie poli- tique est faite de circonstances. À partir du moment où on a aidé pas mal de personnes jusqu’ici, ces personnes se tournent vers vous et vous disent : “C’est le moment pour toi d’y aller.” Bien sûr, quand j’ai été nommé membre du gouvernement, j’ai tout de suite pensé que ce serait lancé une pétition pour me demander de porter les couleurs de la droite aux prochaines régio- nales, il y a eu un véritable élan. Être membre du gouvernement est une chance, mais cela don- ne aussi des responsabilités sup- plémentaires. Les régionales arrivent au bon moment pour moi, j’ai été largement sollicité pour m’engager, je m’y engage pleinement. Càd : Au risque de perdre… A.J. : Si je perds, je m’engage néanmoins à long terme pour la Franche-Comté. Dans cette hypo- thèse, je siégerai en tant que peut-être à moi qu’il reviendrait de tenter de reconquérir cette région. Et quand 11 parlementaires de la majorité ont signé et

conseiller régional et animateur de l’opposition régionale. J’ai toujours été fidèle à mes enga- gements. Càd : Quelle est votre prio- rité pour la Franche-Comté ? A.J. : Clairement l’économie et l’emploi. Dans cette région, on a tout ce qu’il faut pour avoir des résultats spectaculaires en associant les forces vives. Le pro- blème ici, c’est que les gestion- naires de cette Région se sont toujours positionnés en oppo- sants de l’État. Il y a un véri- table travail à mettre en place Càd : Pour la création de 3 000 emplois pour les jeunes notamment ? Quelle sera votre méthode ? A.J. : Il faut déjà penser à réorienter intelligemment les 80 millions d’euros que la Région consacre par an à la formation professionnelle. Pour quels résul- tats ? Je vais utiliser ma vision d’entrepreneur pour qu’à ces jeunes, on leur propose de vrais emplois dans le secteur mar- chand et à long terme. La Région prendrait pour elle les charges sociales et 10 % du salaire en année 1, à condition que ce soit en lien avec le for- midable tissu écono- mique de cette région et toutes les poli- tiques publiques à notre disposition.

“On a tout ce qu’il faut pour avoir des résultats.”

“Si on gagne ces régionales, des choses vont changer radicalement” dit-il.

un C.D.I. Voir autant de jeunes au chômage alors que sur cer- tains chantiers publics des tra- vailleurs étrangers parfois en situation irrégulière travaillent illégalement est intolérable. Dans cette région, il y a une vraie dis- torsion entre le système de for- mation et l’offre d’emploi. Il faut que la Région marche sur ses deux pieds, de la formation et de l’emploi. Par ailleurs, cela ne signifie pas que j’arrêterais les emplois-tremplins. Càd : Tout ne passe pas par l’économie. Votre position sur la culture par exemple ? A.J. : Mon idée générale est tou- jours la même : il y a en Franche- Comté des talents, c’est à la Région de jouer un rôle de cata- lyseur et de promouvoir tous ses talents. C’est la culture qui apporte l’image à une région. Ce n’est pas en invitant Jane Birkin dans un spectacle gra- tuit à Luxeuil, dans le cadre de Bancs Publics, qu’on va aider à promouvoir nos talents. Que fait-on des scènes régionales qui font des programmations toute l’année ? Ces artistes locaux se demandent si la Région sait qu’ils existent ! Il faut donc réin- venter la politique culturelle vers la promotion des talents régionaux. Un seul exemple : les difficultés rencontrées par l’ensemble Jus- tiniana dirigé par Charlotte Nes- si. À la Région, ils ont fait des réunions à n’en plus finir et au final, qui a récupéré Charlotte Nessi au théâtre Edwige Feuillè- re où elle fait un formidable tra- vail, c’est le père Joyandet ! Avec mon équipe, on aura une poli- tique culturelle aux antipodes de ce qui se fait actuellement. Càd : Et la position de la capitale régionale dans tout ça, alors que l’on constate que le Nord Franche-Comté fait son bonhomme de che- min presque tout seul ? A.J. : On a la chance d’avoir une

région présentant une certaine homogénéité territoriale, une région compacte qui a du carac- tère (ce qui fait d’ailleurs que je m’oppose à toute fusion avec une autre région). Pourtant, la capi- tale régionale se cherche enco- re. Mais Besançon ne manque de rien, seulement de fierté, de promotion et de reconnais- sance. Le C.L.A. à Besançon, qui le connaît ? Dans mes voyages sur les cinq continents, il n’y a pas un mois sans que l’on me dise “Je suis passé par le C.L.A. de Besançon.” Faisons-le évoluer avec un vrai rayonnement natio- nal. Càd : Avec l’idée de créer une antenne “langues” de Sciences-Po Paris au C.L.A. de Besan- çon ? Càd : Un mot sur le maga- zine de la Région, n’est-il pas un bon outil de communica- tion ? A.J. : Quel est l’intérêt d’avoir un magazine de la Région avec en couverture, la photo en plei- ne page de la présidente ? Un magazine sert à faire savoir les talents régionaux, il ne doit pas servir à la promotion des élus. Qui sait que la Franche-Com- té est la première région fran- çaise en logistique industriel- le ? Un magazine payé par l’argent public doit plutôt ser- vir à cela. Càd : Vous reprochez fina- lement à la gauche de mal utiliser l’argent public ? A.J. : Les Francs-Comtois ont subi en six ans 40 % d’impôts supplémentaires, mais ils sont allés où ces impôts, pour faire quoi ? Rien que dans les services généraux de la Région, on est passé de 213 emplois il y a six ans à 380 aujourd’hui ! Si on A.J. : C’est une piste à creuser en effet qui peut faire partie de nos propositions…

gagne ces régionales, des choses vont changer radicalement. Càd : Il y aura des coupes sombres dans certains bud- gets… A.J. : Dans les politiques publiques, non. Mais nous appor- terons une vraie rationalisation des dépenses de fonctionnement. Càd : Les services publics sont malmenés, quelle est votre position sur le sujet ? A.J. : Mon attachement aux ser- vices publics est viscéral, je suis un enfant de Champlitte. Les collectivités locales sont là pour créer un environnement favo- rable aux individus et aux entre- prises pour créer de la valeur ajoutée. Ce qui permet aussi de conforter nos services publics. Il y a une dif- férence entre réfor- mer la machinerie, l’interne de certains services publics, et le service rendu au public. Càd : Votre position sur le cumul des mandats, vous qui vous verriez bien assumer en parallèle la présidence de la Région et votre secrétariat d’État ? A.J. : Je suis surtout favorable à ce qu’à la tête de l’État, d’une Région, d’un Département ou d’une grosse ville, on ne puis- se pas faire plus de deux ou trois mandats de suite. Quant à la question du cumul des mandats, c’est à la mode, elle n’est pas bien vue a priori . Mais la plu- part de nos concitoyens préfè- rent avoir à la tête d’un exécu- tif une personne d’envergure qui sait plaider la cause de leur région à un haut niveau, j’en suis certain. Et je reste opposé à ce qu’un élu s’accroche à ses mandats exé- cutifs. J’avais démissionné du Conseil général pour que mon successeur puisse se former, j’ai fait la même chose à la com-

munauté de communes de Vesoul, alors que rien ne m’y obligeait et j’ai pris le même engagement de laisser ma pla- ce à la mairie de Vesoul avant la fin de ce mandat pour qu’Alain Chrétien puisse me succéder dans de bonnes conditions. Je sais toujours à quel moment je dois passer le relais. Ma vision de la politique est très claire, elle consiste également à former les générations montantes. Càd : Vos adversaires vous reprochent parfois de tou- jours être impliqués dans les affaires, votre société de pres- se…Que leur répondez-vous ? A.J. : D’abord que je ne suis pas un homme d’affaires mais un entrepreneur, et que j’en suis fier. J’ai une entreprise fami- liale dont j’ai transmis les rênes à une de mes filles l’an dernier. Évidemment, il est toujours faci- le de critiquer quand on ne sait pas ce qu’est l’entreprise et qu’on n’a jamais risqué un seul euro dans le développement d’une activité… Càd : Et le casse-tête Jean- François Humbert, vous avez renoncé à tenter de le résoudre ? A.J. : Avec lui, je crois que je ne peux pas faire plus. J’ai fait 5 heures de route pour aller le voir, il n’est pas venu au rendez- vous, sans prévenir. À un moment donné, il faut que j’avance. Nous avons préparé une vraie liste de rassemble- ment, nous sommes dans une stratégie de premier tour. Ensui- te, nous serons ouverts à fusion- ner le cas échéant avec le MoDem, une partie des écolo- gistes pourquoi pas, mais c’est tout. Le sens d’une fusion entre les deux tours, c’est la complé- mentarité. Maintenant, si on perd de deux points au second tour, on pourra toujours trouver un responsable…

“Ils sont allés où ces impôts, pour faire quoi ?”

Pour Alain Joyandet, l’affaire “Jean-François Humbert” est classée.

Propos recueillis par J.-F.H.

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